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Nous pouvons faire mieux

Le régime d’assurance-maladie complémentaire de l’Université Ryerson, où j’enseigne, couvre les traitements d’acupuncture, de massothérapie, de naturopathie et de chiropratique, mais pas les soins de santé mentale.

par LYNN CUNNINGHAM | 08 NOV 10

Je dois donc payer 150 $ par séance à mon thérapeute, qui possède une maîtrise en travail social et compte 25 ans d’expérience.

Le contrat des professeurs de Ryerson prévoit pourtant un maximum annuel de 3 500 $ en traitements psychologiques, ce qui est bien supérieur aux montants alloués par la plupart des autres universités, mais les professeurs ont la tâche de trouver un psychologue; on n’en compte qu’environ 3 200 en Ontario, soit un pour 4 000 personnes.

Il y a cinq ans, je me suis inscrite au programme intégré d’humeur et d’anxiété du Homewood Health Centre à Guelph, Ontario. Je me suis jointe à une cinquantaine d’adultes dont le « niveau de fonctionnement est gravement compromis par des symptômes de dépression ou d’anxiété », parmi lesquels on trouvait un psychiatre, une infirmière, un ouvrier, un enseignant au primaire, deux avocats et un autre professeur. Une telle disparité n’est pas surprenante puisque 20 pour cent des Canadiens souffriront de maladie mentale au cours de leur vie.

La plupart d’entre nous, comme la majorité des travailleurs canadiens, étions mal couverts par nos programmes d’avantages sociaux. Comme mon assurance complémentaire ne couvrait que les « vrais » séjours hospitaliers, j’ai donc dû assumer les frais d’hébergement du programme, soit plus de 200 $ par jour pendant huit semaines. Finalement, après avoir fait pression, j’ai réussi à obtenir un remboursement de Ryerson. La majorité des régimes d’assurance-maladie des universités canadiennes, comme l’indiquent leurs politiques de ressources humaines, n’en font pas davantage pour la santé mentale de leurs employés.

En 2008, la Chambre des représentants américaine a adopté un projet de loi qui exige des employeurs qu’ils couvrent de manière identique autant les maladies mentales que physiques. La possibilité qu’il en soit bientôt de même au Canada est mince.

Dans les entreprises, ce sont les maladies mentales qui causent annuellement le plus d’absentéisme. En effet, selon le Canadian HR Reporter, au moins le quart de tous les congés d’invalidité résultent de troubles de santé mentale. La plus récente estimation du fardeau financier des troubles de santé mentale, y compris la toxicomanie, s’élève à 51 milliards de dollars par année, soit environ quatre pour cent du PNB.

Les articles scientifiques sur les troubles mentaux étonnent non seulement par leur nombre, mais également par les diverses perspectives présentées : médicales, psychiatriques, économiques, sociologiques, etc. Presque tous ces articles soulignent « l’impact ravageur sur les coûts liés au rendement, à la productivité, à l’absentéisme et à l’invalidité » du manque d’attention portée à la santé mentale. La Dre Natacha Joubert, qui travaille actuellement au programme de Promotion de la santé mentale de Santé Canada, a participé en 2001 à la rédaction du tout premier rapport sur le fardeau économique que posent les problèmes de santé mentale au Canada. Malgré les nombreux documents de recherche et de politiques produits au cours des deux dernières décennies, elle remarque que bien peu de mesures ont été prises.

La Dre Joubert croit que si les universités – et les employeurs en général – gèrent si mal les troubles mentaux de leurs employés, c’est entre autres parce qu’ils sont déroutés par l’ampleur apparente du problème. La réaction habituelle est de déléguer cette responsabilité aux fournisseurs d’aide aux employés, mais la plupart des contrats restreignent le recours aux programmes d’aide à quelques séances par année, ce qui est insuffisant pour les personnes suicidaires.

Le Dr Robert Wilson, psychologue en Colombie-Britannique, a ouvert la voie à l’intégration de clauses relatives à la santé mentale dans les régimes d’avantages sociaux. Bien qu’il ait récemment pris sa retraite, il défend toujours ardemment la réforme des régimes. Ce qui « déçoit les gens du milieu », c’est de savoir que ces troubles peuvent être traités, mais les gens qui en ont besoin n’ont pas les moyens de les payer. À l’instar de nombreux psychologues, il préconise le traitement de la dépression par la thérapie cognitivocomportementale, dont l’efficacité a été prouvée. Le nombre optimal de séances se situe entre 10 et 20, ce qui dépasse l’allocation de la plupart des universités. Le Dr Wilson a écrit dans le Canadian HR Reporter que « les employeurs ne peuvent ignorer les coûts exorbitants de la dépression ».

Il n’y a pas que les administrateurs qui doivent comprendre le message. L’ajout d’avantages sociaux dans les contrats est souvent l’œuvre d’associations ou de syndicats de professeurs qui consultent leurs membres pour savoir ce qu’ils doivent amener à la table de négociations. André Foucault, directeur général des relations de travail à l’association des professeurs de la Ryerson University, admet toutefois que l’amélioration des avantages sociaux en matière de santé mentale « ne fait pas partie des priorités des membres ».

Rédigé par
Lynn Cunningham
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