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Les formations complémentaires en recherche augmentent en popularité

Les professeurs seraient de moins en moins réticents, selon un sondage.

par OLIVIER ROBICHAUD | 10 SEP 12

L’intérêt grandissant des étudiants aux cycles supérieurs pour les formations complémentaires en recherche, comme les ateliers de rédaction d’articles scientifiques ou de communication avec les médias, est déjà bien connu. Maintenant, un sondage dans une université pionnière en matière de formation à la recherche montre que les professeurs sont aussi très satisfaits de ces programmes et des compétences que leurs étudiants y acquièrent.

Selon un sondage mené auprès de 50 professeurs de l’Université de Sherbrooke dont les étudiants se sont inscrits à une telle formation, 90 pour cent des participants ont noté une amélioration du rendement de ces étudiants dans les tâches liées aux cours suivis. Les résultats, qui demeurent préliminaires, montrent aussi une tendance claire : les trois-quarts des professeurs sondés recommanderaient à d’autres étudiants de suivre la formation, contre un seul qui ne le ferait pas (les autres étaient incertains).

« C’est une nette amélioration par rapport à ce qu’on voyait au début du programme », dit Pedro D’Orléans-Juste, directeur du Centre universitaire d’enrichissement de la formation à la recherche (CUEFR), à l’Université de Sherbrooke. C’est le centre même, un des seuls du genre au Canada, qui a mené le sondage pour savoir si les ateliers de formation qu’il offre répondaient aux besoins des chercheurs.

« La préoccupation principale du corps professoral était que les étudiants passeraient moins de temps au laboratoire à cause de ces formations », explique M. D’Orléans-Juste, qui était lui-même réticent lorsqu’une de ses étudiantes a voulu suivre une formation en rédaction d’articles scientifiques.

« Moi j’étais absolument contre parce que, comme tous les professeurs, j’avais deux ans de subventions et je préférais [qu’elle] soit dans le laboratoire. Mais elle a réussi à développer un modus operandi pour la rédaction d’articles qui m’a beaucoup simplifié la vie. » Il est rapidement devenu partisan de ces ateliers de formation et a été nommé directeur du CUEFR à sa création en 2009.

L’Université de Sherbrooke avait déjà fait de la formation à la recherche une priorité, notamment en créant la première chaire de recherche canadienne en la matière. Le professeur Jean Nicolas, qui a reçu de nombreuses distinctions dont le Prix 3M d’excellence en enseignement, était titulaire de la chaire à la Faculté de génie de 2007 jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par le CUEFR. C’est M. Nicolas qui à initié les démarches pour la création du centre.

Le CUEFR offre diverses formations qui touchent des compétences aussi diverses que l’éthique, le financement d’une recherche ou la communication avec les médias. Les étudiants peuvent y suivre le microprogramme de 15 crédits, ou encore choisir les ateliers qui les intéressent parmi les sept offerts. Ceux-ci sont toutefois réservés aux étudiants au doctorat des facultés de sciences, de génie et de sciences de la santé.

Olivier Robin, candidat au doctorat en génie mécanique, croit également que les cours qu’il a suivis au centre facilitent le travail de son directeur de recherche. « Nos professeurs nous donnent les compétences scientifiques, mais le CUEFR nous apprend tout ce qui entoure un doctorat, affirme-t-il. Sa grande force, c’est de nous apprendre à publier efficacement, parce qu’en recherche, c’est publier ou périr, comme on dit. »

Le sondage note aussi que plus de la moitié des professeurs sondés avaient remarqué que leurs étudiants posaient plus de questions sur leur cheminement professionnel après leur passage au CUEFR. Ce qui est tout à fait normal selon M. D’Orléans-Juste, puisque la mission du centre est de former les chercheurs qui seront de plus en plus embauchés par des entreprises plutôt que par des universités.

Dans les universités canadiennes, ces programmes sont plus souvent offerts aux étudiants qui font de la recherche en sciences, en génie ou en médecine, comme au CUEFR. C’est notamment parce que les besoins se sont d’abord faits sentir dans ces domaines. Mais de plus en plus, les étudiants provenant de domaines comme les sciences humaines, l’administration ou l’édu-cation s’intéressent également aux formations complémentaires.

Christelle Lison, qui a obtenu son doctorat en enseignement en 2010, aurait bien aimé suivre quelques ateliers du CUEFR pendant ses études à l’U de S. « On n’a pas senti de fermeture de leur part, dit-elle, mais ils nous ont dit que, pour l’instant, c’était réservé aux facultés de génie, de sciences et de médecine. »

À l’Université McGill, le programme SkillSets, qui offre une formation semblable à celle du CUEFR, est ouvert aux étudiants aux cycles supérieurs de toutes les facultés. Certains ateliers comme « Apprendre la musique aux enfants » ou « Les évaluations en sciences » sont d’ailleurs spé-cifiques aux domaines de recherche des étudiants.

Selon M. D’Orléans-Juste, le centre de l’U de S pourrait rapidement adapter ses ateliers à d’autres champs de recherche, mais il aurait besoin de l’expertise de personnes provenant de ces disciplines.

M. Nicolas, professeur maintenant à la retraite, a d’ailleurs longtemps souligné la nécessité d’adapter les formations aux champs de recherche visés. « Ça prend un an, un an et demi pour monter un nouveau cours, dit-il. Il faut parler aux spécialistes et pouvoir marier ça avec la recherche qui se fait dans plusieurs disciplines. »

M. Nicolas estime qu’accepter des étudiants qui proviennent de domaines de recherche comme les sciences humaines nécessiterait une certaine adaptation, mais que la formation offerte au centre ne pourrait que s’en enrichir.

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