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Les bourses d’études supérieures majorées pour la première fois en 20 ans

Les réactions sont particulièrement positives à la suite de l’octroi de sommes importantes pour la recherche et l’innovation dans le Budget 2024.

par HANNAH LIDDLE | 22 AVRIL 24

Le plus récent budget fédéral était porteur de bonnes nouvelles pour les universités et les chercheurs et chercheuses du Canada, plus précisément 3,5 milliards de dollars seront investis dans la recherche et l’innovation. Les bourses d’études supérieures augmenteront pour la première fois en plus de 20 ans et les organismes subventionnaires fédéraux recevront un premier investissement d’importance depuis 2019.

À compter de 2024-2025, la valeur annuelle des bourses de maîtrise et de doctorat passera à 27 000 dollars et 40 000 dollars, respectivement, et celle des bourses postdoctorales à 70 000 dollars. Par ailleurs, le nombre de bourses d’études supérieures augmentera de 1 720. Le gouvernement libéral accordera aux trois organismes un financement de 1,8 milliard de dollars sur cinq ans, puis de près de 750 millions de dollars par année par la suite. Le budget consacre également 2 milliards de dollars à la recherche et à l’innovation en intelligence artificielle, en plus de proposer des investissements majeurs dans l’infrastructure de recherche.

« C’est un budget très complet, approfondi et qui ratisse large; je crois qu’il sera transformateur », se réjouit Chad Gaffield, chef de la direction du regroupement des universités de recherche U15. Il ajoute que grâce aux investissements du gouvernement, les universités canadiennes pourront garder leurs chercheurs et chercheuses de talent. « Notre capacité à attirer et à retenir des étudiants supplantera la crainte d’un exode des cerveaux. »

Marc Johnson, président du conseil d’administration de Soutenez notre science, une organisation communautaire de défense des intérêts, qualifie ce soutien accru de grande victoire. « Aujourd’hui, nous célébrons avec des milliers d’étudiants aux cycles supérieurs, postdoctorants et scientifiques du pays », souligne M. Johnson.

Vice-président et président élu de l’Association canadienne pour les études supérieures, Fahim Quadir estime que ces investissements favoriseront non seulement la rétention des talents, mais sont aussi susceptibles de faire du Canada un pôle international d’excellence en recherche qui accéléra « les avancées porteuses de changements socioéconomiques positifs ».


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Le gouvernement a en outre annoncé qu’il créera une nouvelle organisation-cadre de financement de la recherche dont l’objectif sera de faire progresser la recherche concertée, multidisciplinaire et axée sur la réalisation d’une mission à l’échelle internationale. Les trois principaux organismes subventionnaires – le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) – continueront d’exister et d’appuyer des projets à l’initiative des chercheur.euse.s, mais seront désormais chapeautés par cette nouvelle organisation dont le nom n’a pas encore été déterminé. Ce nouveau mécanisme de gouvernance, similaire à ceux d’autres pays comme le Royaume-Uni et les Pays-Bas, sera structuré de manière à coordonner la distribution du financement fédéral en recherche et à en maximiser l’incidence.

Le gouvernement prévoit également d’harmoniser les bourses pour les étudiant.e.s aux cycles supérieurs et au postdoctorat, offrant aux trois organismes le financement nécessaire pour la création d’un portail unique pour demander et recevoir des fonds. L’offre sera simplifiée : dorénavant, il n’y aura qu’une seule bourse annuelle par cycle, d’une valeur de 27 000 dollars (maîtrise), 40 000 dollars (doctorat) et 70 000 dollars (postdoctorat). Par exemple, les bourses de doctorat du CRSH (d’une valeur de 20 000 dollars) et la bourse d’études doctorales à l’étranger des IRSC (d’une valeur de 35 000 dollars) seront remplacées par une bourse de 40 000 dollars distribuée par un seul organisme au moyen du même portail. Les bourses d’études supérieures du Canada Vanier, d’une valeur de 50 000 dollars, seront quant à elles éliminées.

L’augmentation de la participation autochtone en recherche est une priorité de ce budget. Le gouvernement octroiera donc un financement de 30 millions de dollars sur trois ans, réparti également entre les partenaires des Premières Nations, métis.ses et inuit.e.s. Peter Stoicheff, recteur de l’Université de la Saskatchewan, souligne que même si certains détails demeurent inconnus, il s’agit là d’une étape importante vers l’équité en recherche.

Pour ce qui est des investissements en infrastructure de recherche, on accordera 30 millions de dollars à l’Université de la Saskatchewan pour l’achèvement de son centre de recherche sur les pandémies, 45,5 millions de dollars à l’Institut de recherche en physique des astroparticules Arthur B. McDonald, situé à l’Université Queen’s, et près de 400 millions de dollars à TRIUMF, le laboratoire de physique de l’Université de la Colombie-Britannique. À compter de l’an prochain, le gouvernement accordera également 176 millions de dollars à l’organisme sans but lucratif CANARIE pour gérer le réseau à vitesse ultra rapide servant à connecter les chercheurs et chercheuses d’un bout à l’autre du pays.

Pour M. Stoicheff, les sommes promises pour les infrastructures constituent une excellente nouvelle. « Ce gouvernement n’a pas vraiment subi de pressions politiques pour déployer de telles mesures. Il le fait car il comprend le rôle que nous jouons dans la compétitivité du Canada et l’importance des universités pour faire progresser la prospérité, la croissance et l’innovation au pays. »

Le gouvernement justifie ses décisions budgétaires par la consultation préalable du milieu universitaire, notamment le Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, qui a publié ses recommandations en mars 2023.


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Pour orienter les priorités à long terme en matière de recherche et d’innovation : le gouvernement a annoncé la création d’un conseil consultatif sur les sciences et l’innovation, qui sera composé de responsables du milieu universitaire, de l’industrie et du secteur sans but lucratif, et aura le mandat d’élaborer une stratégie nationale pour ces domaines. Frédéric Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal et président du comité, affirme que la création de ce conseil sera essentielle pour assurer la pérennité d’un système robuste de soutien à la recherche : « Le gouvernement aura ainsi un avis extérieur sur les meilleures stratégies à adopter. »

M. Bouchard voit d’un bon œil l’adoption par le gouvernement libéral de plusieurs recommandations de son rapport, même si les sommes totales accordées dans le budget aux étudiant.e.s aux cycles supérieurs sont moindres qu’espérées. « C’est un problème qui ne sera jamais complètement résolu, mais il faut reconnaître que de grands pas ont été franchis. Ce budget est somme toute fort satisfaisant. »

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