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Le budget fédéral 2024 bien accueilli par le milieu universitaire

L’accent est mis notamment sur le financement de la recherche et du développement, le logement étudiant et la restructuration de la dette étudiante.

par MOHAMED BERRADA | 17 AVRIL 24

Beaucoup trop de jeunes, en particulier les millénariaux et la génération Z, estiment que travailler fort ne suffit pas, regrette le gouvernement, qui admet également que ces jeunes ne réussissent pas aussi bien que leurs parents et leurs grands-parents. « Rien de tout cela n’est de leur faute », peut-on lire dans le texte du budget fédéral déposé par Chrystia Freeland, ministre des Finances et vice-première ministre du Canada, le 16 avril. « Si [les millénariaux et la génération Z] restent à l’école et font preuve de sérieux dans leurs études, ils devraient pouvoir s’inscrire à un collège, à une université ou à un programme d’apprentissage abordable, obtenir un diplôme, décrocher un bon emploi, avoir un toit au-dessus de leur tête et mener une vie confortable dans la classe moyenne. » Si les critiques insinuent que ces paroles ont des visées électoralistes, Mme Freeland balaye le tout d’un revers de main.

Le budget met en avant l’abordabilité de la vie étudiante et du logement ainsi que le financement de la recherche et de l’innovation, sans pour autant allouer la totalité des 6 milliards de dollars réclamés par le rapport du comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, présidé par Frédéric Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal. Si ce dernier estime que le budget reflète un grand nombre de recommandations du rapport et qu’il qualifie les investissements de gestes très significatifs, il reconnaît aussi que les sommes ne correspondent pas à l’enveloppe demandée. « C’est certain qu’on est encouragé par le renouvellement de l’ambition du Canada en sciences. Et cela se traduit de différentes manières, à la fois pour les étudiants, pour les conseils subventionnaires et pour d’autres aspects du dossier scientifique », souligne M. Bouchard avant de rappeler que le dossier n’est jamais fermé.


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L’autre annonce phare en recherche concerne la création d’un conseil consultatif sur les sciences et l’innovation, qui aura pour but d’élaborer une stratégie nationale en matière de sciences et d’innovation pour orienter l’établissement des priorités et accroître les retombées des investissements fédéraux dans le secteur. Une initiative saluée par M. Bouchard : « Cela peut sembler moins frappant que les dollars, mais pour moi, c’est une autre mesure importante dans l’ensemble. »

Soulignons qu’aucune somme n’a été prévue pour compenser le manque à gagner qu’entraînera la réduction du nombre de permis d’études accordés aux étudiant.e.s provenant de l’étranger.

Plus de logements pour les étudiant.e.s

La crise du logement reste sans doute le terrain sur lequel le gouvernement de Justin Trudeau était le plus attendu en ce mois d’avril. Si plusieurs annonces prébudgétaires ont donné le ton d’un texte très porté vers l’incitation à la construction de logements abordables partout au pays, le budget 2024 consacre une partie spécifique à l’abordabilité de la vie étudiante. On annonce notamment que les conditions d’admissibilité à l’élimination de la taxe sur les produits et services (TPS) sur les nouvelles résidences étudiantes seront assouplies pour les universités, les collèges publics et les administrations scolaires à but non lucratif. « Cette mesure incitera les établissements d’enseignement du Canada à construire davantage de logements pour étudiants en leur permettant de bénéficier de l’élimination de la TPS pour les nouvelles résidences étudiantes », précise le texte. On évalue que cette mesure coûtera 19 millions de dollars sur cinq ans à partir de 2024-2025 et 5 millions de dollars par année par la suite. Les conditions d’admissibilité assouplies s’appliqueront aux nouvelles résidences étudiantes dont la construction s’est amorcée entre le 14 septembre 2023 et le 31 décembre 2030, et s’achèvera avant le 31 décembre 2035, précise le gouvernement. Il est également à noter que les établissements d’enseignement privés ne seront pas admissibles à cette aide.

Les investissements dans le logement abordable et coopératif ainsi que dans les logements autochtones, sont également accueillis favorablement, offrant des solutions aux problèmes de logement auxquels sont confronté.e.s les étudiant.e.s, en particulier celles et ceux des communautés autochtones.

« Cette mention des étudiants dans ces annonces est perçue comme positive, suggérant que leurs préoccupations ont été prises en compte », commente Wasiimah Joomun, directrice générale de l’Alliance canadienne des associations étudiantes (ACAE), qui ajoute que « ces mesures ouvrent la voie à une offre accrue de logements pour les étudiants sur et hors campus ». De plus, poursuit-elle, la création d’un fonds de transport en commun pour encourager les logements à proximité des établissements d’enseignement postsecondaire et du Fonds de protection des locataires constitue une avancée importante pour garantir des droits et une protection aux étudiant.e.s. Ce dernier élimine notamment la vérification du crédit pour les premières demandes de bourses et de prêts d’études.

Une meilleure flexibilité sur les prêts

Des mesures telles que l’élimination des intérêts sur les prêts étudiants et les prêts d’apprentissage, ainsi que l’augmentation des bourses pour les ménages à faible revenu visent à soulager le fardeau financier des étudiant.e.s et à favoriser l’accès à l’enseignement postsecondaire, poursuit le gouvernement. « La prospérité économique future du Canada repose sur les personnes, les idées et les collectivités, et les universités sont fières d’agir comme des chefs de file sur ces trois plans », se réjouit Gabriel Miller, président-directeur général d’Universités Canada (éditrice d’Affaires universitaires), qui ajoute que « le budget d’aujourd’hui constitue un progrès pour la population étudiante et la recherche universitaire partout au pays ».

Par ailleurs, le gouvernement prévoit une augmentation substantielle des bourses et des prêts d’études ainsi que des initiatives visant à faciliter l’accès à l’éducation et à soutenir la population étudiante. S’il a investi par le passé 38,4 milliards de dollars annuellement pour soutenir en moyenne 638 000 étudiant.e.s par le biais de bourses et de prêts sans intérêt, le gouvernement a décidé cette année d’augmenter de manière permanente le montant des bourses d’études canadiennes à 4 200 dollars par an et les prêts d’études sans intérêt à 300 dollars par semaine. Ces augmentations seront maintenues pour une année supplémentaire. « Cette décision est applaudie par les étudiants qui ont bénéficié de ces fonds pour faire face au coût de la vie, en particulier pendant la pandémie », commente Mme Joomun. « Les investissements dans les bourses d’études et de recherche sont considérés comme un pas dans la bonne direction pour soutenir les étudiants aux cycles supérieurs et postdoctorants ainsi que pour renforcer l’écosystème de la recherche au Canada. »

Le gouvernement exhorte également les provinces à rendre l’éducation plus abordable en investissant dans l’aide financière aux études et les établissements postsecondaires. De plus, des mesures sont également prévues pour accroître les occasions d’apprentissage en milieu de travail et pour offrir davantage de stages et de soutien à l’emploi aux jeunes.

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