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Il était une fois… un soleil nommé Université de Sherbrooke

L’attraction gravitationnelle du leadership en recherche de l’établissement sort de l’ombre lorsqu’on s’arrête au rôle qu’il joue dans l’expansion de la science de l’ARN au Canada. Histoire d’une expertise convergente et unique en son genre.

par VALÉRIE MILLETTE | 25 SEP 23

ARN : trois lettres désignant une molécule qu’on soupçonne être à l’origine de la vie sur Terre. Un sigle tout simple, mais qui incarne la promesse de traitements médicamenteux révolutionnaires dans des domaines comme l’oncologie (cancer du sein et de l’ovaire, par exemple) et la virologie (VIH et autres virus émergents).

Au cours des 30 dernières années, l’Université de Sherbrooke s’est taillé une excellente réputation en recherche sur l’ARN. Sa solide expertise est multidisciplinaire et sa communauté, influente. D’ailleurs, dès la création de son premier laboratoire sur l’ARN, toutes les personnes étudiant cette molécule au Canada se sont mises à orbiter autour de l’établissement.

Dans ce domaine, on peut comparer l’Université de Sherbrooke à l’un des soleils d’une galaxie, autour duquel gravitent des planètes attirées par son magnétisme irrésistible. Mais la naissance d’une étoile ne relève pas du hasard; elle est le résultat d’une séquence d’événements bien précise.

RNA molecule, Epigenetics concept

Naissance modeste, ambitions supergéantes

À l’Université de Sherbrooke, le professeur Jean-Pierre Perreault est l’un des premiers chercheurs à avoir étudié l’ARN dans les années 1990.

« Vers 1998, des collègues et moi avons obtenu une reconnaissance en tant que groupe de recherche, relate M. Perreault. En parallèle, nous avions organisé une retraite scientifique provinciale qui a connu un immense succès. L’année suivante, c’est devenu le fameux RiboClub. Rapidement, nous avons commencé à attirer à peu près tout le monde qui travaillait sur l’ARN au pays. »

Au fil des années, le RiboClub a acquis une notoriété nationale grâce au jumelage de son événement annuel à celui de la Société canadienne de biochimie et de biologie moléculaire et cellulaire, également piloté par le professeur Perreault. Puis, un volet international s’est ajouté grâce à l’invitation d’expertes et d’experts provenant chaque année de différents coins du monde : Suisse, Boston, Japon, etc.

Qu’est-ce qu’un ARN?

Un ARN ou « acide ribonucléique » est une molécule essentielle à la vie. On en retrouve des millions dans chacune de nos cellules. Il en existe plusieurs sortes; le plus connu est l’ARN messager, dont le rôle est de participer à la fabrication des protéines essentielles aux cellules.

 

L’ARN messager, c’est ce qu’on peut modifier en laboratoire quand l’information génétique contient des failles à corriger. L’ARN synthétisé fournit de nouvelles instructions aux protéines qui fabriquent les cellules. Avec cette science, on peut par exemple livrer de l’ARN directement dans un hépatocyte pour combattre un cancer du foie, et ce, sans jamais modifier l’information génétique, ce qui en fait des thérapies sûres.

 

Les thérapies à base d’ARN sont utiles contre les cancers, les maladies génétiques, les maladies liées au vieillissement, les bactéries et les virus (dont le VIH/sida). Elles sont rapides et moins coûteuses à développer que les molécules classiques, et elles peuvent être livrées dans un endroit précis du corps.

 

La recherche sur l’ARN est très dynamique depuis la découverte du code génétique dans les années 1960.

Aujourd’hui, le RiboClub jouit d’une notoriété internationale. Son rassemblement annuel est devenu un événement scientifique incontournable. Quelques lauréats d’un prix Nobel y ont même pris part.

À ces événements annuels s’ajoutent des rencontres mensuelles où les quelque 70 membres du RiboClub – dont 13 provenant de l’Université de Sherbrooke – décortiquent ensemble une impasse de recherche avec une lunette multidisciplinaire : microbiologie, biochimie, rhumatologie, virologie, génétique et informatique.

C’est sans compter les journées annuelles et mensuelles organisées par les étudiantes et étudiants à la recherche sur l’ARN, des initiatives qui ouvrent un univers de possibilités en formation et en développement professionnel.

Un environnement de recherche exceptionnel, il va sans dire. Avec un tel dynamisme, il n’est pas étonnant d’apprendre que l’Université de Sherbrooke est un acteur majeur dans le développement de cette discipline au Canada.

Structurer l’ARN au Canada

Plusieurs applications issues de l’ARN révolutionneront la médecine à long terme. Aider le pays à développer ce secteur est l’un des objectifs de l’Université de Sherbrooke.

Au Canada, près de 50 % du financement réservé à la recherche sur l’ARN est octroyé au Québec. La province a de solides atouts.

Des projets sont d’ailleurs en préparation avec des instances gouvernementales. « Nous travaillons au développement d’un agenda ARN au Canada. Il faut donner à cette science toute la place qui devrait lui revenir », confie M. Perreault.

Au Canada, près de 50 % du financement réservé à la recherche sur l’ARN est octroyé au Québec. La province a de solides atouts.

Par ailleurs, à l’Université de Sherbrooke, une deuxième génération de scientifiques s’apprête à prendre le relais dans l’exploration et l’expansion de ce domaine de recherche, avec comme copilotes un essaim d’étudiantes et d’étudiants à la maîtrise, au doctorat et en stage postdoctoral.

Quand on sait que 19 essais cliniques sur 20 échouent lorsqu’on crée un nouveau médicament, les avancées à base d’ARN tracent une trajectoire des plus prometteuses en santé et pour les instances qui les financent. Pour peu que la mise en orbite soit réussie. Mais cela est déjà entre les mains de chercheuses et chercheurs au talent infini.

Aperçu des spécialistes de l’ARN de l’Université de Sherbrooke

Les regroupements qui contribuent à l’avancement de ce domaine : l’Institut de recherche sur le cancer de l’Université de Sherbrooke (IRCUS), le Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV), le Centre interdisciplinaire de recherche en informatique de la santé de l’Université de Sherbrooke (CIRIUS) et l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke (IPS).

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