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La méthode Canadiennes s’implante à l’étranger

L’expertise des professeurs canadiens est prisée dans de nombreux pays en développement.

par ROSANNA TAMBURRI | 11 OCT 11

Les premiers doctorants en soins infirmiers de l’Institut supérieur de sciences médicales de Cuba s’apprêtent à soutenir leur thèse et à obtenir leur diplôme, marquant une étape charnière de l’évolution de la formation médicale dans ce pays. Judith Scanlan, professeure agrégée en soins infirmiers à l’Université du Manitoba, participera aux célébrations, même si elle se trouve à 3 000 km de là. Les sept futurs diplômés influenceront sans doute grandement l’avenir de la formation en soins infirmiers à Cuba. Formés par Mme Scanlan et ses collègues de l’Université du Manitoba, ils participeront à leur tour à la formation de la prochaine génération de candidats au doctorat dans leur discipline.

Le projet a pris naissance lors d’un congrès international il y a près de 20 ans, lorsque des infirmiers de l’Institut situé à La Havane ont sollicité l’aide de l’équipe de l’Université du Manitoba pour réorganiser leur programme d’études aux cycles supérieurs. Mme Scanlan a par la suite réussi à obtenir une subvention de un million de dollars du programme de Partenariats universitaires en coopération et développement (PUCD), un programme financé par l’Agence canadienne de développement international et administré conjointement par celle-ci et l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC). En cours de route, l’Institut a créé une faculté consacrée aux soins infirmiers. Des ateliers d’éducation permanente ont été organisés et plusieurs équipes de recherche ont été mises sur pied. Peu à peu, l’image des soins infirmiers s’est modifiée sur l’île. « La profession d’infirmier est aujourd’hui prisée à Cuba », se réjouit Mme Scanlan.

Mme Scanlan compte parmi les nombreux professeurs canadiens qui participent à l’élaboration de programmes d’études et à la formation de professeurs dans les pays en développement. Leur expertise est grandement recherchée. Ils participent à la transformation de l’éducation postsecondaire en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique latine et dans les Caraïbes, créant des programmes d’études dans de nombreux domaines, dont le droit, la santé, les sciences et l’environnement.

Selon Yvon Dandurand, vice-recteur adjoint à la recherche et aux études supérieures à l’Universitaire de la vallée du Fraser, il y a un vif intérêt pour la méthode canadienne de formation universitaire. M. Dandurand a corédigé pour le compte de l’AUCC un rapport sur la question à partir des résultats d’un sondage mené auprès des gestionnaires de projets du programme de PUCD en 2009. Le sondage révèle la création ou le renforcement de plus de 2 600 programmes d’études, dont 220 à la maîtrise et 38 au doctorat. Souvent, les changements pédagogiques entraînent une transformation durable sur les plans social et éducatif.

Les projets canadiens se distinguent par une méthode d’enseignement novatrice axée sur l’étudiant, qui devient le principal responsable de son apprentissage. Le rôle du professeur consiste alors à faciliter l’appren-tissage plutôt qu’à inculquer des connaissances. D’autres méthodes ont été introduites par les Canadiens : l’apprentissage fondé sur la résolution de problèmes et la recherche, les occasions de recherche, les séminaires, l’apprentissage par la pratique et le recours aux nouvelles technologies.

Les liens du Canada avec le Commonwealth lui ouvrent la porte de nombreux pays, ce qui ne signifie pas que le changement est toujours bien accueilli. Dans les pays où l’activisme politique fait sourciller, il est parfois mal vu d’encourager la pensée critique chez les étudiants. Il arrive également que les professeurs locaux se montrent peu disposés à abandonner leurs rôles traditionnels. Comme l’explique M. Dandurand, qui a participé à l’élaboration de programmes d’études en droit pénal et criminel en Inde et au Vietnam, le désir de changement provient souvent de jeunes professeurs qui ont été exposés à des méthodes d’enseignement différentes lors d’un séjour d’études à l’étranger.

Les professeurs invités doivent connaître la culture et les méthodes d’enseignement du pays d’accueil, ajoute David Kaufman, professeur au département d’éducation de l’Université Simon Fraser, qui a aidé l’Université catholique pontificale du Paraná, au Brésil, à transformer son programme de médecine principalement composé de cours magistraux en un programme fondé sur la résolution de problèmes. Si les cours magistraux sont une priorité dans un pays, il est préférable d’en inclure quelques-uns. « Toutefois, je crois que nous avons le devoir de faire découvrir d’autres méthodes d’enseignement. »

Rédigé par
Rosanna Tamburri
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