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Des salles de classe métamorphosées pour accommoder les nouvelles formes d’enseignement

L’apprentissage actif et centré sur les étudiants gagne en popularité et métamorphose les locaux d’enseignement.

par DIANE PETERS | 29 SEP 16

Cet article est un sommaire de l’article « Classrooms are getting a makeover to accommodate new forms of teaching ».

Au pavillon Dr. Alvin Woods de l’Université Wilfrid Laurier se trouve un local que tout le monde surnomme la « salle verte ». On y retrouve des murs vert vif, des chaises à roulettes et des tables rondes mobiles, chacune équipée d’un ordinateur portable dont les images peuvent être projetées sur un ou plusieurs des écrans de la pièce. Des tableaux blancs sont disposés entre les écrans sur chacun des quatre murs. La tribune est en quelque sorte à l’avant de la salle, bien que son emplacement semble peu important, puisque quelques étudiants seulement y font face.

La « salle verte » a Wilfrid Laurier.
La « salle verte » à Wilfrid Laurier. Photo de Wilfrid Laurier.

« Cette salle nous permet d’enseigner différemment », affirme Gavin Brockett, professeur agrégé en histoire, religion et culture à l’Université Wilfrid Laurier. Il utilise la salle verte, qui peut accueillir 40 personnes, depuis son ouverture en 2012. Il traversait alors une sorte de crise en enseignement : le taux de présence à ses cours pouvait chuter jusqu’à 40 pour cent avant le milieu du trimestre. Il était donc prêt à essayer de nouvelles techniques pour motiver davantage ses étudiants.

Dans la salle verte, M. Brockett a demandé à ses étudiants de faire des exposés sur les pirates de la Méditerranée au XVIe siècle et a organisé des projets de groupe par vidéoconférence avec des étudiants en Turquie. Même s’il lui faut plus de temps et de créativité pour préparer ses cours, ce qu’il avoue trouver difficile (« J’enseigne l’histoire. Ce n’est pas dans mes cordes. »), il maintient le cap. « J’ai bien plus de plaisir lorsque les étudiants sont au rendez-vous. » Et ils y sont : selon lui, le taux de présence à la mi-trimestre atteint maintenant plus de 90 pour cent.

Cet espace a permis à M. Brockett d’adopter une méthode d’enseignement plus active et centrée sur les étudiants, qui consiste à réserver du temps en classe aux discussions de groupe et aux activités autres que les cours magistraux traditionnels. Les locaux habituels peuvent présenter certaines limites à cet égard. Il peut être frustrant de devoir déplacer de lourds bureaux avant les travaux de groupe ou d’essayer de lancer une discussion dans une vaste salle de conférences offrant une mauvaise acoustique.

L’Université McGill a commencé à rénover des salles de classe dans cette optique en 2006 et a complètement intégré l’apprentissage actif à une de ses salles de classe en 2009, conformément au protocole SCALE-UP (milieu d’apprentissage actif centré sur les étudiants et la pédagogie inverse) de l’Université d’État de Caroline du Nord. En 2012, l’Université Queen’s a commencé à transformer ses locaux et compte maintenant quatre salles d’apprentissage actif. L’Université Laval en possède aussi un certain nombre, en plus d’avoir récemment lancé dans sa faculté d’administration un nouvel espace d’enseignement hautement technologique incluant un écran VuWall de six mètres.

L'écran VuWall a L'Université Laval. Photo de VuWall.
L’écran VuWall à L’Université Laval. Photo de VuWall.

Les exemples de ce genre abondent d’un bout à l’autre du pays. Le nec plus ultra : le Centre Bergeron d’excellence en ingénierie de l’Université York, ouvert depuis avril dernier, où on ne retrouve que des laboratoires d’apprentissage actif et aucune salle de conférences.

« Il suffit d’un peu d’imagination »

Au printemps dernier, Michael Ullyot, professeur agrégé d’anglais à l’Université de Calgary, donnait un cours sur Shakespeare à 55 étudiants dans un des locaux d’apprentissage souple du nouvel Institut Taylor d’enseignement et d’apprentissage. Il pouvait, par exemple, commencer la leçon avec une présentation SharePoint dont la première diapositive présentait une question du jour à laquelle tout le monde devait répondre à la fin du cours. Toute la période était ensuite ponctuée de scènes du film Roméo + Juliette réalisé par Baz Luhrmann en 1996. Les étudiants passaient ensuite 20 minutes à étudier les divers aspects de chaque scène ou passage, à en parler avec leur groupe et à publier leurs réflexions sur Twitter, dans un document Google commun ou sur le blogue du cours. Tout le monde se rassemblait ensuite à nouveau, et M. Ullyot poursuivait son exposé en circulant entre les tables, animait un débat en classe ou écoutait les exposés des étudiants.

Il a enseigné de façon similaire dans des salles de classe traditionnelles. « Il suffit d’un peu d’imagination », affirme-t-il en prenant toutefois soin d’ajouter que « cela ne serait pas possible dans une grande salle de conférences. »

Il va sans dire que ce type d’enseignement interactif et centré sur les étudiants présente certains défis lorsqu’il s’effectue dans des salles plus vastes. Dans un local hybride de 350 places du Centre de technologies en ingénierie de l’Université de Windsor, les étudiants sont répartis sur trois niveaux, le long de tables rectangulaires disposées perpendiculairement à l’avant de la salle. Jacqueline Stagner, coordonnatrice des programmes de premier cycle de la faculté de génie, y enseigne plusieurs cours de première année où elle alterne les exposés et les discussions et travaux en petits groupes ou avec l’ensemble de la classe (toutes les tables sont dotées de microphones). Lorsqu’un groupe a une question importante, elle allume son propre microphone et communique la réponse à tout le monde.

Selon elle, cet environnement flexible élimine la perte d’information qui survient parfois entre les cours magistraux et les classes dirigées. « J’ai récemment enseigné dans un amphithéâtre plus classique et j’ai eu beaucoup de mal, affirme Mme Stagner. Je me suis habituée à la disposition des nouvelles salles de classe. »

Voir une vidéo du premier utilisateur de la salle d’apprentissage actif à l’Université Laval, M. François Brochu:




Rédigé par
Diane Peters
Diane Peters est une rédactrice-réviseure basée à Toronto.
COMMENTAIRES
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  1. Pierre Gagnon / 7 octobre 2016 à 09:31

    À quant l’enseignement supérieur à distance, en «classe», permettant d’offrir un programme complet aux jeunes des régions éloignés, sans qu’ils aient à s’expatrier, avec comme effet de dévitaliser et de diminuer la capacité créative de l’économie des régions ?

    Par exemple, avec les technologies disponibles, rien sauf… empêcherait de regrouper des étudiants dans des salles des universités du réseau de l’UQ et leur donner accès au baccalauréat en économie, en pouvant assister à distance, en classe et en temps réel au cours qui se donne dans l’une ou l’autre des ces universités.

    Imaginez les multiples impacts si un programme délivré par des professeurs à partir de l’Université de Montréal, était offert non pas à 150 étudiants à l’Université de Montréal, mais aussi à 150 autres étudiants du réseau de l’UQ. J’ai déjà fait moi-même l’analyse et j’estime que ce serait à mon sens, la plus grande innovation sociale que le Québec aurait fait depuis, ouf…

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