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L’éloge de l’homme

Le sociologue Anthony Synnott fait l’éloge de l’homme et dénonce la misandrie et les « féministes victimisées ».

par KIMBERLY BOURGEOIS | 04 AVRIL 11

Anthony Synnott, professeur de sociologie à l’Université Concordia, s’en prend à certaines idées reçues par rapport aux questions hommes-femmes. « On enseigne très tôt aux garçons qu’ils sont vilains, écrit-il, et c’est très dommage. » Les façons de définir les hommes n’ont fait que se détériorer au cours des 50 dernières années, surtout dans la culture populaire et dans « certains domaines féministes », ajoute-t-il.

Pour rétablir les faits, M. Synnott signe Re-thinking Men: Heroes, Villains and Victims. Dans cet ouvrage, il tente de « contrer le point de vue déséquilibré, négatif et misandre à l’égard des hommes qui a aujourd’hui cours » et de « faire l’éloge des hommes en illustrant leurs contributions multiples et héroïques à la vie sociale et à la civilisation ».

M. Synnott donne le ton dès les premières pages en renversant la notion de sexisme traditionnellement reçue : « Le vieux sexisme au masculin, c’est-à-dire la misogynie, a été remplacé en partie par des attitudes égalitaires, mais aussi par une nouvelle forme de sexisme, la misandrie [la haine des hommes] », écrit-il.

Dans une entrevue, il précise que la misogynie et la misandrie coexistent. « Mon objectif est de rééquilibrer les choses. Si vous percevez les femmes en victimes, vous devez faire de même pour les hommes. Si vous percevez les femmes comme des héroïnes, pensez aussi aux hommes en termes héroïques. »

Son ouvrage résume comment les valeurs sociétales ont évolué sous l’influence d’auteures féministes comme Simone de Beauvoir et Betty Friedman. Des événements comme la formation de la National Organization for Women en 1965 ont été appuyés par deux processus distincts, la « démonisation des hommes et l’angélisation des femmes », écrit le sociologue.

Père de deux enfants, M. Synnott est un homme courtois qui précise d’emblée que son livre « n’a pas pour objectif de critiquer le féminisme, seulement le féminisme misandre ». Par contre, « la tendance veut qu’en donnant plus de pouvoir aux femmes, on en enlève aux hommes », fait-il valoir.

Dans son ouvrage, toutes les féministes dont il est question (à l’exception de Camille Paglia, souvent qualifiée d’antiféministe par ses pairs) sont qualifiées de féministes misandres et victimisées : « Dans les études universitaires traitant de questions sexospécifiques, bon nombre de féministes, tant des hommes que des femmes, démonisent les hommes en les dépeignant comme des misogynes qui détestent les femmes ».

Vu la teneur de ces attaques envers divers auteurs, M. Synnott avoue qu’il est parfois surpris par l’attention positive qu’il reçoit. Le Canadian Journal of Sociology a salué son livre, le qualifiant de « point de vue rafraîchissant, équilibré et humaniste ». L’ouvrage de M. Synnott a également reçu la mention Outstanding Academic Title du magazine Choice, publié par l’American Library Association.

M. Synnott explique que son ouvrage et sa prémisse ouvrent la voie à une toute nouvelle façon de penser pour ses étudiants. Certains passages font tout de même dresser les cheveux sur la tête, semble-t-il, notamment ceux qui critiquent l’incapacité des féministes à admettre que le patriarcat, « en particulier dans les démocraties, a fortement contribué à l’autonomisation et à la libération des femmes ». Au sujet de cette affirmation, M. Synnott explique qu’il tente simplement de rétablir les faits historiques. « Ce sont les hommes qui détenaient le pouvoir, et ce sont eux qui prenaient les décisions. Ce n’était pas Gloria Steinem, vous savez. »

Dans un des chapitres intitulés « Victimes : la guerre contre les hommes », M. Synnott affirme que « les hommes paient chèrement le fait d’être des hommes ». Toute forme d’oppression systématique, qu’elle soit dirigée contre les hommes ou contre les femmes, doit être dénoncée. Sa démarche semble toutefois nuire à la cause des femmes. Au sujet du harcèlement sexuel en milieu de travail, M. Synnott est catégorique : « Les femmes sont harcelées, les hommes meurent ». Dans un chapitre antérieur, il remet en question l’idée de l’objectivation des femmes dans les médias : « Les concours de beauté n’ont jamais tué de femmes, mais les guerres, elles, tuent des hommes ».

Certains seront d’avis que de telles comparaisons ont pour effet de banaliser et de simplifier à outrance les questions qui concernent les femmes. M. Synnott insiste sur le fait qu’il ne prétend pas que les femmes ne doivent pas dénoncer le harcèlement. « Ce qui m’irrite vraiment, c’est de voir que les gens se concentrent sur une question au détriment des autres. » Afin de rééquilibrer les choses, il décrit divers cas d’hostilité féminine pour illustrer que la violence n’est pas uniquement l’affaire des hommes. Il rappelle également aux lecteurs que la violence touche tout le monde, pas seulement les femmes, et que les hommes sont plus fréquemment victimes d’une mort violente (généralement causée par d’autres hommes).

Rédigé par
Kimberly Bourgeois
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  1. John / 8 septembre 2013 à 18:44

    Cet écrivain a entièrement raison et il soulève des éléments sociologiques dont aucun média, si ce n’est quelques médias alternatifs, ne parle. Il a eu d’ailleurs le bon réflexe en exposant sa position contre, par exemple, le harcèlement, car aujourd’hui il suffit de dévier de la « bien-pensance » féministe pour subir le procès d’intention de « négation de la violence des hommes ». Souvent, si on parle à peine des hommes, on est machiste ou misogyne, mais si on parle sans arrêt et uniquement des femmes, pas de quoi crier au gynocentrisme, puisque l’on ne se pose plus de questions, c’est normal et forcément justifié. Les médias et politiques ont d’ailleurs parfaitement compris que le terme « femme » à lui seul suffit aujourd’hui à endormir les masses sur les mensonges et autres manipulations, développés et ressassés. Ils savent jouer sur cette situation malsaine. Le principe de base inculqué dans les esprits est que, dès qu’il s’agit de femmes, il n’y a plus lieu de demander de preuves, d’analyses impartiales ou d’objectivité, non, car l’émotion et la croyance (en l’occurrence, la supériorité du sexe féminin) prennent le dessus. On passe à quelque chose d’idéologique et de totalitaire, et tout repose là-dessus. Quand on connaît la nature de nos sociétés occidentales et qu’on observe à quel point les journalistes ont perdu leur impartialité (exemple : statistiques centrées sur le genre féminin et truquées pour appuyer la propagande), il nous semble plutôt légitime de nous défendre.

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