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La thésarde

Récit de fiction.

par NADINE BISMUTH | 13 JUIN 11

Peu importe le jugement sévère que cela lui valait de la part de sa famille, pour Antoine Rosten, gérer le patrimoine littéraire de son père était une tâche assez exigeante pour l’occuper à plein temps. Après de vagues études en droit, jamais il ne lui avait effleuré l’esprit de se trouver un « emploi normal », ce terme étant celui utilisé par sa mère lorsqu’elle parlait fièrement du boulot de journaliste de son frère Gabriel et de celui d’attachée politique de sa sœur Laetia. À défaut d’être le plus ambitieux descendant de Luc Rosten, Antoine s’était toujours secrètement réjoui d’être le plus lucide, et tandis que son frère et sa sœur étaient assez naïfs pour croire qu’il fût possible de faire leur marque personnelle et d’ainsi échapper à l’ombre omnipotente de leur père, Antoine avait quant à lui délibérément décidé d’élire domicile sous cette ombre et de tirer profit du moindre avantage que cela lui procurait. Or, des avantages à être le fils de Luc Rosten, il y en avait – et pas seulement celui de voyager tous frais payés partout au Canada afin d’aller donner des conférences dans des universités aux auditoriums pleins à craquer.

Voudrais-tu être écrivain toi aussi? ne manquait jamais de lui demander chaque thésarde qu’il ramenait dans sa chambre d’hôtel.

Cette question faisait habituellement surface durant les minutes qui suivaient les ébats amoureux, lorsque les frontières intimes semblaient toutes avoir été abattues. La chronologie des événements connaissait peu de variantes : après sa conférence – la même depuis des années, mais dont il avait rafraîchi récemment le titre, troquant « Luc Rosten : l’héritage d’un père » pour « Luc Rosten, l’homme derrière l’écrivain » –,  Antoine Rosten n’avait qu’à se présenter au salon où se tenait la réception organisée en son honneur pour être assuré d’en ressortir au bras d’une étudiante consacrant ses jours et ses nuits à l’étude de l’œuvre de son père. Ces dernières années, Antoine avait noté quelques sujets à la mode : « Entre lyrisme et ironie : la poétique romanesque rostenienne » ou encore : « Humour et désenchantement : l’esthétique romanesque de Luc Rosten ». Aussi lui arrivait-il souvent de se demander ce que son père, si critique à l’égard de la culture universitaire, aurait pensé de tout ce babillage savant autour de ses écrits. Pour sa part, il n’en pensait pas grand-chose, mais du moment que cela lui permettait d’en tirer un profit sexuel, il n’avait rien contre; il était même, il faut bien le dire, plutôt d’accord.

Antoine Rosten avait 38 ans. Il était amateur de bons vins, fin gourmet, adepte de planche à neige et joueur d’échecs à ses heures. Lorsqu’il n’était pas parti dans l’une de ces tournées universitaires aux quatre coins du pays, il occupait la majeure partie de son temps à sortir dans les restaurants et les bars de Montréal, ville où ses parents, même s’ils étaient Canadiens anglais, avaient décidé de déménager en 1982, tournant ainsi le dos à Toronto et à son élite intellectuelle dont quelques membres les plus influents avaient cru bon cette année-là d’accorder le prix littéraire du Gouverneur général non pas à Luc Rosten pour sa « fantastique! monumentale! » (telle que l’avait qualifiée un critique du New York Times) Dynastie de Kiki, mais plutôt à Ian Homlim, un poète manitobain qui avait produit une plaquette en prose intitulée Toundra dans laquelle il racontait le viol de sa mère, une Inuit de la Terre de Baffin. Luc Rosten, qui quelques mois plus tard allait être couvert d’honneurs internationaux en recevant le Man Booker Prize pour cette même Dynastie de Kiki, n’avait jamais digéré que son talent soit ainsi snobé par ses pairs canadiens.

Bien entendu, il avait expliqué son exode à Montréal de façon narquoise, prétextant tantôt que les restaurants y étaient meilleurs et les femmes plus belles qu’à Toronto, tantôt que c’était le charme frenchie de la ville qui l’y avait attiré. Mais personne n’avait été dupe de ce persiflage, et même si ses contemporains, conscients de leur erreur, avaient tout fait pour se rattraper, lui accordant dans la seule décennie suivante à la fois le titre de compagnon de l’Ordre du Canada et le prix Fabian pour l’ensemble de son œuvre, Luc Rosten n’était retourné à Toronto que pour des séjours brefs et anonymes, le plus souvent pour la Rosh Hachana ou Yom Kippour, dans la famille de sa femme Laura. Aussi, parmi les motifs justifiant sa pré-séance dans la gestion du patrimoine littéraire de son père, Antoine Rosten invoquait souvent le fait que, contrairement à son frère Gabriel reparti à Toronto pour travailler à la CBC et à sa sœur Laetia qui escaladait la colline du Parlement à Ottawa – sans parler de sa mère qui, après s’être remariée à John C. Landmann, le piètre scénariste de la non moins piètre adaptation cinématographique de La Dynastie de Kiki, passait son temps entre Londres, New York et Los Angeles –, son port d’attache à lui était toujours demeuré Montréal.

Ah! Montréal! Ici encore, son statut de fils de Luc Rosten faisait de lui une sorte d’icône municipale – un rôle que l’inauguration d’une rue portant le nom de son père avait revalorisé tout récemment. Ce matin-là, Nathalie, la chargée de projet du comité de toponymie de la ville, venait d’ailleurs à peine de quitter son loft de la rue Saint-Paul lorsqu’Antoine, encore nu sous les draps, entendit la sonnerie de son téléphone. L’heure étant précoce, il sut que c’était Laetia qui le rappelait pour débattre de leur dernière mésentente : la vente à la Bibliothèque nationale de la correspondance personnelle de leur père.

Où est passé ton respect pour notre famille!?! avait-elle hurlé la veille au téléphone. Pourquoi est-ce que le monde entier aurait besoin de savoir que papa a trompé maman pendant la tournée américaine de Pente ascendante en 1994? Trouves-tu ça drôle?

Laetia avait toujours été prude et chicanière, mais ces qualités s’étaient décuplées depuis l’échec encore frais de son mariage pour des raisons qui, cela sautait maintenant aux yeux d’Antoine, s’apparentaient sans doute au genre d’infamie que leur mère avait su traverser la tête haute.

C’était en 1995, avait repris Antoine qui, dans l’adversité, avait préféré s’en tenir aux faits.

Comme sa sœur, Antoine se doutait que cet épisode de la vie de ses parents serait repris dans quelques journaux, pimentant le portrait déjà assez controversé de son père. Mais le jeu n’en valait-il pas la chandelle? Si, comme se plaisaient à le répéter les professionnels du livre, il n’existait pas de recette pour écrire un best-seller, il régnait toutefois une équation immuable dans le monde de l’édition voulant que plus les auteurs devenaient des personnalités, plus ils faisaient parler d’eux et, par conséquent, plus ils vendaient de copies. Or, si tromper sa femme n’avait aujourd’hui rien d’extraordinaire, le faire avec la petite-nièce de F. Scott Fitzgerald redonnait certainement du panache à la chose et était digne de faire quel-qu’un de vous, du moins aux yeux des gens cultivés. Tout cela, c’était sans compter le montant de cinquante mille dollars offert par la Bibliothèque nationale pour se porter acquéreur de la correspondance. Ces derniers temps, Antoine commençait aussi à s’inquiéter des projecteurs universitaires qui se braquaient de façon de plus en plus insistante sur Laurence Doow, contemporaine de son père décédée un an après lui et qui avait commis quelques recueils de nouvelles qualifiés par certains de purs chefs-d’œuvre. Pour ce qui est du reste, cette transaction constituait-elle vraiment une trahison à l’égard de son père? Antoine avait du mal à s’en convaincre, car Luc Rosten avait lui-même vendu à la Bibliothèque nationale tous les manuscrits de ses romans afin de payer l’hypothèque du chalet familial au mont Tremblant – étrange combien certains agents immobiliers s’entêtaient à appeler « chalet » une propriété de trois mille pieds carrés, cinq chambres à coucher, quatre salles de bains, deux garages, une piscine et un sauna! Certes, il y aurait des spécialistes des genres littéraires formés exprès pour vous dire que des manuscrits de romans ne sont pas à ranger dans la même catégorie que des lettres personnelles, mais rendu là, franchement, quelqu’un faisait-il la différence?

Charognard! avait craché Laetia avant de lui raccrocher la ligne au nez.

Prêt à affronter sa sœur de nouveau même s’il avait les yeux encore à moitié fermés, Antoine chercha son téléphone cellulaire à tâtons sur sa table de chevet.

Allô?

Antoine Rosten?

La faible voix au bout de fil n’était pas celle de Laetia. Aussi Antoine mit-il quelques secondes à se souvenir de Joana Flint. La jeune fille se confondit dans le cortège de thésardes rencontrées au cours de la dernière année jusqu’à ce qu’elle ne mentionne le sujet de sa thèse : « L’érotisme dans les romans de Luc Rosten ». Impossible, en effet, d’oublier un tel titre. Bien entendu, les personnages des romans de son père n’étaient pas dépourvus de sexualité; ils faisaient l’amour, mais ils n’en faisaient pas tout un plat et passaient ensuite à autre chose. Du reste, jamais sous la plume de Luc Rosten un mamelon ne s’était appelé une cerise ou un fluide corporel du miel! Antoine se rappelait avoir ravalé ses commentaires railleurs quand, dans la cafétéria principale de l’université de l’Île-du-Prince-Édouard, Joana Flint lui avait confié le sujet de sa thèse; comme il en était rendu à son quatrième verre de vin, il avait plutôt décidé de voir ce sujet d’étude comme prometteur, pour lui, de quelques belles heures à venir. Sa déception, il s’en rappelait à présent, tandis qu’il s’extirpait de ses draps jonchés de papiers mouchoirs, avait été aussi grande que ses attentes. À vrai dire, Joana était une de ces filles qui, comme Antoine s’amusait à les appeler avec ses copains des bars de la rue Crescent, « faisait l’étoile ». Quand Joana lui apprit qu’elle était en visite chez une cousine à Montréal et qu’elle voulait le voir, Antoine hésita un instant, prétextant devoir jeter un œil sur son agenda bien chargé. Mais le spectre de Laurence Doow apparut de nouveau, aiguillon dans ses rêves d’un avenir faste et tranquille, et Antoine s’imagina un monde où toutes les thèses de doctorat lui auraient été consacrées, et où il ne resterait plus une seule université canadienne prête à le payer cinq mille dollars pour une conférence de 30 minutes.

Antoine songea (mais pouvait-il réellement songer à quoi que ce soit avant d’avoir avalé son café?) qu’il était peut-être aussi dangereux de tenir pour acquis l’amour d’un lecteur que celui d’une femme. Il vit le feuillage flasque du palmier d’intérieur qui trônait dans son gros pot de grès près de la bay window, cadeau de l’éditeur français de son père, et il se dit que, pareils à des êtres végétaux plus capricieux que d’autres, certains admirateurs de l’œuvre de Luc Rosten avaient peut-être besoin d’une plus grande exposition au soleil afin de ne pas se faner. Or qui d’autre que lui, digne descendant de l’objet de leur passion, pouvait leur fournir ces quelques rayons tonifiants? Puis le cœur d’Antoine se serra au souvenir du reproche que lui avait fait Heidi quand elle avait claqué la porte de son loft pour la dernière fois quatre ans plus tôt : « Je ne suis pas une plante dans le décor de ta vie! » En effet, avait pu le constater Antoine durant les semaines qui avaient suivi cette rupture; car même s’il ne s’était jamais intéressé à la botanique, il savait bien que les plantes ne vous quittaient pas pour leur patron.

Une heure plus tard, Antoine retrouvait Joana Flint chez Olive et Gourmando, un café de la rue Saint-Paul situé assez près de chez lui pour lui permettre d’apercevoir de sa fenêtre la clientèle qui refoulait parfois jusque sur le trottoir depuis que le chanteur Bono était venu y manger un sandwich à la truite fumée avant un concert au Stade olympique. Les conversations bourdonnaient autour d’eux et Antoine parlait fort afin que Joana – ou plutôt, cette paire d’yeux qui se cachait derrière sa tasse de thé – entende le récit de ses relations hésitantes avec le Musée de Beaux-Arts de Montréal. Le Musée souhaitait, de toute évidence, acquérir le portrait de son père peint par l’artiste Edgar Loumik trois ans avant sa mort; mais, pour le moment, on en était encore au stade de la valse où, à travers différentes courbettes allant de l’invitation au bal annuel au dîner privé chez la conservatrice, on tentait de séduire la famille Rosten afin qu’elle le leur en fasse don. Tandis qu’il parlait, Antoine nota, non sans un certain agacement, que Joana l’écoutait avec la même passivité que celle avec laquelle elle s’était offerte à lui quelques mois plus tôt, se contentant d’écarquiller les yeux ici et là pour accompagner la chute de ses phrases, ou laissant tomber de sa bouche des petits « oui » ou des petits « oh ». Au bout d’un moment, Antoine abandonna le sujet et il lui demanda comment progressait sa thèse.

Ma thèse? répéta la jeune fille en déposant enfin sa tasse de thé. Elle hésita encore un moment avant d’ajouter : « Je l’ai abandonnée. »

Antoine eut du mal à dissimuler son indignation – indignation nourrie par la voix intérieure qui lui criait : « Mais qu’est-ce que je fiche ici, alors? » Il détourna son regard d’elle. Cette Joana, qui ne l’avait jamais vraiment intéressé, exception faite de ce moment où il s’était imaginé une Anne-la-maison-aux-pignons-verts version non censurée, l’intéressait encore moins à présent. En outre, il avait l’impression d’être un entrepreneur à qui un investisseur vient d’annoncer sans plus de cérémonie le retrait total de son financement. Pourquoi s’attarder ici une minute de plus? pensa-t-il. La serveuse passait tout près et Antoine allait lui faire signe d’annuler la commande de son deuxième espresso lorsque Joana lui annonça qu’elle attendait un enfant. Antoine figea une seconde, le corps toujours tourné vers la serveuse; puis ses fesses accusèrent une légère rotation sur sa chaise et il fit face à Joana. Il n’osait pas encore penser en quoi cette nouvelle pouvait le concerner. Cependant, le regard de la jeune fille était résolu : il soutenait le sien avec des reflets à la fois penauds mais déterminés. Elle se leva, se plaça de profil, tira sur le long chandail noir qu’elle portait par-dessus un jean et caressa son ventre. La bosse était petite; mais c’était, il n’en faisait aucun doute, une bosse.
J’entame mon cinquième mois. Une première grossesse, ça prend du temps à paraître.

Antoine sentait le sang circuler dans ses veines. « Elle est folle, pensait-il. C’est une folle! » Il savait pourtant que ce mot n’était pas assez puissant pour décrire l’être qu’il avait devant lui. Ou bien était-ce l’usage qu’il en faisait habituellement qui était impropre? Jusqu’à ce jour, une folle, pour Antoine Rosten, était une fille qui le rappelait plus de deux fois après un rendez-vous auquel il avait préféré ne pas donner suite.
Veux-tu toucher? lui offrit Joana. Il bouge, des fois.

Non!

Son téléphone cellulaire vibra au même moment et il s’y accrocha comme un noyé à un tronc d’arbre. Il avait reçu un message texte. « Allô! lui écrivait Nathalie. Est-ce que j’ai oublié mon foulard chez toi? » Antoine se gratta le tympan avec son petit doigt. Il fixait l’écran de son téléphone intelligent et essayait de se souvenir des notions légales qu’il avait apprises dans son cours de « Droit de la famille » une douzaine d’années plus tôt. Mais c’était le vide; le vide total. Il songea à Robert Fish, l’avocat de la famille, mais était-il prêt à le consulter pour cette affaire? Antoine avait l’impression que ce moustachu bedonnant ne le prenait jamais au sérieux, et il avait peur que cette histoire ne lui donnât raison. Joana passa son manteau sur ses épaules et déposa quatre pièces de un dollars sur la table. Il la regarda de nouveau, et comme si elle pouvait lire dans ses pensées, elle dit : Je ne veux pas d’argent. Je vais me débrouiller. Je voulais juste que tu sois au courant. À moins que l’échographie soit erronée, je porte le petit-fils de ton père. Ça vaut un million de thèses de doctorat.

Joana se dirigea vers la sortie et Antoine, la mâchoire inférieure encore pendante de stupéfaction, vit sa silhouette s’éloigner sur le trottoir, petite ombre grise devant les vitrines dorées des galeries d’art. Il ignorait ce qui le bouleversait le plus. Ne pas savoir si cette fille reviendrait lui demander son dû dans quelques années malgré ce qu’elle venait de lui dire, ou le fait qu’il était incapable de s’élancer à sa suite pour lui pro-mettre qu’il prendrait ses responsabilités. Cela aurait-il seulement fait une différence? Antoine se dit qu’après tout, il n’avait peut-être été que le vecteur de transmission d’un ADN fabuleux dans toute cette histoire. Certes, savoir ce qu’il pouvait y avoir de si merveilleux chez un individu qui, sous prétexte qu’il devait noircir des pages, négligeait d’assister aux tournois d’échecs de son fils cadet ou oubliait de descendre de son bureau afin de venir manger une part de gâteau le jour de son onzième anniversaire, cela demeurait une question de point de vue. Antoine comprit que, depuis la mort de son père, il était l’auteur principal de cette comédie qui maintenait les gens, lui le premier, dans cette illusion de grandeur. La serveuse lui apportait son deuxième café lorsque son téléphone sonna.

Laetia m’a appelé, grogna son frère Gabriel. C’est quoi cette histoire de vendre la correspondance de papa? Tu vas faire quoi quand il restera plus rien dans ses cartons? Hein? Tu vas aller déterrer ses ossements au cimetière?

Cette image provoqua chez lui un petit rire nerveux. Il jeta un billet de 20 dollars sur la table, prit les Huards laissés par Joana, puis il sortit poursuivre la conversation à l’extérieur. Plus que jamais, il savait toutefois que ce n’était pas cette discussion-là qu’il aurait dû avoir.

Nadine Bismuth est l’auteure de trois livres. Son plus récent recueil de nouvelles, Êtes-vous mariée à un psychopathe?, a été finaliste au prix du Gouverneur général en 2009. À l’automne 2007, elle a été « écrivain en résidence » au département de français de l’Université d’Ottawa. Elle vit à Montréal.

Rédigé par
Nadine Bismuth
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