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Les campus sont-ils des lieux sûrs pour la communauté 2SLGBTQIA+?

Près d’un an après l’agression au couteau survenue à l’Université de Waterloo, les choses ont-elles changé?
par CHRISTINA FRANGOU
27 MAR 24

Les campus sont-ils des lieux sûrs pour la communauté 2SLGBTQIA+?

Près d’un an après l’agression au couteau survenue à l’Université de Waterloo, les choses ont-elles changé?

par CHRISTINA FRANGOU | 27 MAR 24

Pour de nombreuses personnes, le premier indice laissant transparaître qu’il y avait un problème est arrivé sous forme de message texte.

« Tu vas bien? » est apparu sur le téléphone de Carla Fehr, titulaire de la Chaire Wolfe en littéracie scientifique et technologique au Département de philosophie de l’Université de Waterloo, qui travaillait de chez elle l’après-midi du 28 juin 2023.

À plus de 3 300 kilomètres de là, à Calgary, Corinne L. Mason, qui enseigne les études féministes et de genre à l’Université Mount Royal, promenait son chien quand son téléphone s’est mis à vibrer : « Oh mon Dieu, tu as entendu? »

À Kingston, Sailaja Krishnamurti, qui dirige le Département d’études de genre de l’Université Queen’s, se trouvait à une réception, entourée d’autres directrices de département lorsqu’elle a reçu un message. Son hoquet de surprise a attiré l’attention de ses collègues, à qui elle a alors dû apprendre la nouvelle.

Pendant des heures cet après-midi-là, et jusqu’en soirée, une rafale de messages a secoué la communauté des études féministes et de genre du pays dans une inquiétude commune. À Waterloo, Mme Fehr a rencontré des collègues dans un café pour discuter des événements.

La réalité aura finalement rattrapé ce que ces universitaires craignaient depuis longtemps. Alors qu’elle donnait son cours d’études de genre Philosophie 202, une professeure agrégée de 38 ans enseignant la philosophie à l’Université de Waterloo a été poignardée par un homme en pleine classe. Deux autres personnes ont aussi subi des blessures.

Selon la police, les actes qu’auraient perpétrés l’accusé – Geovanny Villalba-Aleman, récemment diplômé de l’établissement  –, étaient « prémédités, ciblés et motivés par la haine de l’expression de genre et de l’identité de genre ». M. Villalba-Aleman fait face à 11 chefs d’accusation, y compris tentative de meurtre, voie de fait grave, agression armée et terrorisme national.

« Militer pour le féminisme et les enjeux queers dans le milieu universitaire fait souvent de nous une cible. Nous avons constamment l’impression de devoir surveiller nos arrières. »

Cette attaque a révélé d’importantes lacunes en matière de sécurité à l’Université de Waterloo, surtout dans un contexte où l’intimidation envers les communautés trans, queer et féministe – et les universitaires qui étudient leurs réalités et les défendent – est en hausse. Pour la population étudiante et le personnel, cette violente agression n’était que le plus récent exemple d’un fléau qui sévit depuis longtemps : les campus ne sont pas des lieux sûrs pour les membres de la communauté 2SLGBTQIA+.

« Ça fait longtemps que je ne me sens plus en sécurité », confie Mme Fehr.

Dans la foulée de cette agression, les universitaires en études féministes et de genre du pays ont décidé que c’en était trop. Les réponses traditionnelles aux menaces de sécurité, comme l’augmentation des services de police et de sécurité, ne sont pas suffisantes. Au contraire, c’est exactement le genre de mesure décriée depuis un certain temps dans les milieux universitaires féministes et antiracistes.

À leur avis, il faut plutôt des changements qui protégeront véritablement les universités et les communautés vulnérables.

Même avant l’attaque, l’année 2023 se profilait comme une année difficile pour les études de genre, un domaine interdisciplinaire où les enjeux d’égalité et de justice sociale sont étudiés sous la loupe du genre.

Partout en Amérique du Nord, la transphobie et la queerphobie retentissent de plus en plus fort. En effet, Statistique Canada rapporte une hausse de 64 % des crimes haineux visant des gens pour leur orientation sexuelle. Les injures pleuvent sur les drag queens qui font la lecture aux enfants. En Floride, le gouverneur Ron DeSantis a fait adopter des lois interdisant l’enseignement des enjeux de race, d’identité de genre et d’orientation sexuelle dans les écoles publiques.

Sur les campus, les chercheuses et chercheurs en études de genre font face à une augmentation des menaces par courriel et par téléphone. Plusieurs personnes qui se sont entretenues avec Affaires universitaires ont demandé à ce que la nature de ces appels ne soit pas décrite dans cet article. Les actes misogynes, racistes et homophobes sont fréquents, mais rarement signalés. On peut par exemple penser à cet incident à la bibliothèque de l’Université Concordia à Montréal, où un étudiant faisait jouer des vidéos d’Andrew Tate, un influenceur de droite en attente d’un procès à Bucarest pour traite de personnes, en boucle et à volume élevé. Les vidéos ont par la suite été publiées sur YouTube.

Voilà le climat dans lequel s’est tenu, le printemps dernier, le congrès annuel de l’association Women’s and Gender Studies et Recherches féministes. Les responsables des programmes d’études de genre et de justice sociale du pays se sont réunis pour discuter de la hausse des actes haineux ciblant les personnes queer et trans, proposant des idées d’ateliers et d’efforts de sensibilisation. Même si le Canada ne connaît pas le même degré de violence armée qu’aux États-Unis, la menace reste palpable. Des féminicides ont été commis avec des camionnettes et des armes blanches au Canada. Des crimes haineux ont aussi été perpétrés au moyen d’armes à feu, et ce, même sur les campus. En 1989, un homme armé est entré à Polytechnique Montréal et a assassiné 14 femmes, en plus de blesser 10 autres femmes et quatre hommes. On a rapporté que pendant l’attaque, l’auteur des actes avait traité ses victimes de féministes.

Le matin du 28 juin, Kimberley Manning, directrice de l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia, s’installait pour rédiger un article d’opinion. Elle voulait unir sa voix à d’autres pour dénoncer les propos tenus par le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre au sujet des droits parentaux. Elle déplorait notamment que ce genre de discours a pour effet d’attiser la transphobie et de mettre les jeunes à risque. « Nous voulions sonner l’alarme », explique-t-elle.

Quelques heures plus tard à Waterloo, Geovanny Villalba-Aleman se serait introduit dans le pavillon Hagey, armé de deux longs couteaux dissimulés dans son sac à dos cherchant le local où la professeure donnait son cours. Le lieu et la description du cours Philosophie 202, qui se penche sur la construction du genre dans l’histoire de la philosophie, étaient accessibles en ligne.

Selon la police, l’homme aurait d’abord vérifié qu’il s’agissait du bon cours avant de s’en prendre à la professeure. Plusieurs personnes ont essayé de l’arrêter, en lançant des chaises par exemple.

« Les administrations ont privilégié les solutions les plus rapides et économiques. C’est comme si elles n’avaient rien appris des conversations avec leurs collègues. »

Le système d’alerte de l’école, WatSAFE, avait été testé une heure et demie plus tôt. L’annonce s’était propagée sur Twitter et sur les téléphones :

« Ceci est un TEST du système d’alerte de l’Université de Waterloo. En cas d’urgence ou de menace réelle, nous vous enverrons des instructions. Aucune mesure n’est actuellement requise. »

Mais au moment de l’attaque, personne n’a reçu d’alerte ni d’instructions.

Directeur du Département d’études germaniques et slaves, James Skidmore s’est plus tard confié dans Imprint, le journal de l’Université, qu’il avait compris qu’il se passait quelque chose lorsqu’il a aperçu des membres de l’équipe tactique courir en criant : « Où est le pavillon Hagey? ». Il a alors jeté un coup d’œil à WatSAFE : rien. Il a été informé de l’attaque à 16 h 07, lorsque la police a publié sur Twitter qu’une agression au couteau avait eu lieu dans l’établissement. On n’y trouvait aucune information supplémentaire.

Adam Davies, qui enseigne dans le programme sexualités, genres et changement social à l’Université de Guelph, se trouvait à Waterloo, à quelques rues du campus, au moment de recevoir la notification de CBC News. Les sirènes de police n’ont pas tardé à se faire entendre.

Adam Davies, qui est une personne non binaire, a tout de suite redouté un crime haineux.

« Militer pour le féminisme et les enjeux queers dans le milieu universitaire fait souvent de nous des cibles. » Les universitaires trans et non binaires se sentent particulièrement vulnérables. « Nous avons constamment l’impression de devoir surveiller nos arrières », ajoute Adam Davies.

Malgré de graves blessures, la professeur et les deux autres victimes ont heureusement survécu.

Partout au pays, les homologues de la professeure étaient désormais sur le pied d’alerte.

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Dans tous les départements d’études de genre, les mêmes mots résonnaient en écho : l’attaque est épouvantable, effrayante, terrible – mais pas du tout surprenante.

« Avec la montée de l’idéologie antigenre, je le sentais que ce n’était qu’une question de temps », admet Corinne L. Mason, de l’Université Mount Royal.

L’agression a renforcé notre sentiment de vulnérabilité, indique pour sa part Adam Davies. Une personne ayant consacré sa carrière à l’éthique et à l’idéologie féministe s’est fait agresser dans sa propre classe. « Ça pourrait arriver à d’autres », souligne l’universitaire.

Le soir de l’attaque, Corinne L. Mason a contacté Claire Carter, professeure agrégée en études du genre, des religions et de la théorie critique à l’Université de Regina et coprésidente de l’association Women’s and Gender Studies et Recherches féministes, pour déterminer ensemble la réponse du regroupement aux événements : une tâche délicate. Assurer une présence policière ou des services de sécurité dans les programmes d’études de genre ne leur apparaît pas souhaitable et la plupart de leurs collègues abonderaient certainement dans le même sens. En effet, certaines personnes se sentent moins en sécurité en présence de la police, notamment les personnes noires et autochtones.

Le matin suivant, l’association a exprimé son soutien envers la communauté universitaire de l’Université Waterloo au moyen d’une déclaration.

On pouvait y lire un appel à une collaboration entre les administrations et syndicats des établissements d’enseignement supérieur du pays, le corps enseignant des programmes d’études de genre et toutes les personnes concernées. On exhortait les universités à prioriser la sécurité et le bien-être des membres de la communauté 2SLGBTQIA+, surtout les personnes noires et autochtones, les membres de minorités ethniques et les gens vivant avec un handicap ou une neurodivergence.

Le texte insistait sur l’importance grandissante des études de genre et soutenait que ce n’était pas le moment de se détourner de la recherche sur la diversité de genre et la justice sociale.

« Les cours visant à déconstruire la binarité des genres et à remettre en question le soi-disant “ordre naturel” imposé par les systèmes colonial, patriarcal et cisgenre revêtent de tout temps un caractère essentiel, mais particulièrement en ce moment où règnent la mésinformation et la désinformation sur la diversité sexuelle et de genre », y lisait-on.

Plus 3 300 professeur.e.s, étudiant.e.s et départements universitaires au Canada, et une poignée à l’étranger, ont signé la déclaration.

Corinne L. Mason juge que les premières réactions des universités, notamment de l’Université de Waterloo, étaient « froides ». Plusieurs ont pris beaucoup de temps avant de s’exprimer publiquement et les réponses des établissements qui communiquaient sur le sujet manquaient de vision et de substance. Certains établissements ont publié une déclaration sur les réseaux sociaux, sans toutefois la diffuser à l’interne, ce que Mme Krishnamurti a déploré, alors que les enjeux de sécurité à l’Université Queen’s étaient au centre des questionnements des étudiant.e.s et professeur.e.s.

« J’ai trouvé surprenant que l’Université, le principal ou le provost ne diffuse pas de communiqué à l’interne, ni même au sein du Département, se désole-t-elle. Je crois que ç’a été une erreur de leur part. Il fallait aborder les problèmes de violence avec la communauté universitaire. »

Deux semaines après les événements, l’association Women’s and Gender Studies et Recherches féministes a organisé un forum en ligne avec les professeur.e.s et étudiant.e.s en études de genre afin de discuter des prochaines étapes. On a insisté sur le fait qu’il ne fallait pas voir l’attaque de l’Université de Waterloo comme un événement isolé, mais comme la continuité du drame survenu il y a plus de 30 ans à l’École Polytechnique de Montréal.

L’association a ensuite réitéré publiquement son appel à la collaboration entre les diverses parties prenantes. « Cette attaque rappelle le massacre de l’École Polytechnique en 1989 et témoigne de la violence insidieuse et continue à laquelle font face les groupes marginalisés, à l’intérieur comme à l’extérieur du cadre universitaire », lisait-on.

Dans la lettre figuraient 12 appels au changement à l’intention des universités et des collèges. On y demandait notamment la mise en œuvre par la communauté ou le corps enseignant d’un audit de la sécurité des classes, des bureaux et des centres étudiants; l’installation de boutons d’alerte à la demande; ainsi que le transfert des cours d’études de genre ou d’autres cours jugés « controversés » dans des locaux à deux sorties dans des emplacements centraux des campus.

« Pour les personnes trans, racisées ou visiblement queer, le danger est partout. Nous vivons nos vies en sachant que notre seule protection est notre communauté. »

Les universités étaient également appelées à exprimer publiquement leur soutien aux programmes axés sur les études de genre et la justice sociale, ainsi qu’aux personnes qui donnent et suivent les cours de ces programmes.

On recommandait aussi que les renseignements sur les cours d’études de genre et le nom des enseignant.e.s ne soient pas rendus accessibles au public sans permission, et que l’heure et le lieu des cours demeurent privés. Une consultation des parties concernées sur la tenue éventuelle des cours en ligne, à distance ou en mode hybride faisait aussi partie des appels à l’action.

On demandait également que les professeur.e.s et le personnel soient formé.e.s sur les mesures de confinement, les procédures de désamorçage, les protocoles d’urgence ainsi que les situations de harcèlement ciblant les femmes et les personnes noires, autochtones, de couleur, handicapées et de la communauté 2SLGBTQIA+.

L’Université de Toronto a été la première à adopter ces changements en collaboration avec les programmes d’études féministes et de genre.

Directrice du Département d’études féministes et de genre à l’Université de Toronto, Alissa Trotz estime que le service de sécurité du campus a écouté les préoccupations de son département quant à l’instrumentalisation de la sécurité contre les communautés vulnérables. « Cet échange a été extrêmement positif. Mais j’aimerais aussi souligner que le service de sécurité est surchargé et peine à répondre à la demande. »

Elle fait remarquer que la sécurité des campus ne devrait pas incomber aux programmes d’études de genre. « Nous en avons tellement sur les épaules : nous devons déjà fournir un travail émotionnel, logistique, intellectuel et administratif, sans compter tout le reste. »

En tant qu’établissement d’enseignement supérieur le plus important du pays, l’Université de Toronto a servi de modèle pour bon nombre d’universitaires souhaitant convaincre leurs propres administrations de prendre des mesures similaires, explique Corinne L. Mason. Les organismes communautaires ont aussi joué un rôle crucial en faveur de ces changements.

Dans les semaines qui ont suivi, certaines universités ont retiré de leur site Web public les lieux et descriptions de cours. Quelques autres ont installé des boutons d’alerte et ont augmenté la sécurité à certains endroits de leur campus. (Plusieurs personnes qui se sont entretenues avec Affaires universitaires nous ont indiqué que leur établissement a mis en place certaines mesures de sécurité, sans toutefois entrer dans le détail, afin d’éviter d’attiser la violence.)

Ces mesures restent toutefois insatisfaisantes aux yeux des membres des départements d’études féministes et de genre. « Les administrations ont privilégié les solutions les plus rapides et économiques, soutient Corinne L. Mason. C’est comme si elles n’avaient rien appris des conversations avec leurs collègues. »

À la fin du mois d’août, à la suite d’un deuxième forum, l’association Women’s and Gender Studies et Recherches féministes a émis une nouvelle déclaration publique, dans laquelle elle encourageait les universités à adopter des pratiques féministes et à s’inspirer de l’approche non carcérale pour créer des espaces sûrs pour les personnes à risque de subir des violences en réaction à leur militantisme. La lettre souligne les changements utiles apportés par certains établissements, comme la création de réseaux de solidarité en soutien aux personnes marginalisées à l’échelle des campus et la tenue d’événements solidaires, comme la semaine organisée par l’Université de Winnipeg pour mettre à l’honneur les communautés trans et bispirituelle ainsi que les personnes dont le genre n’est pas valorisé socialement.

C’est un travail continu et essentiel, affirme Mme Carter. « Ce ne sont pas des problèmes qu’on peut régler à coup de déclarations. » Beaucoup d’étudiant.e.s, surtout les personnes trans, ne se sentent toujours pas en sécurité et l’ont exprimé par des manifestations sur les campus et dans leurs discussions avec le corps enseignant. Les têtes dirigeantes des départements craignent qu’on ne protège pas assez le personnel administratif en première ligne, soit les personnes les plus susceptibles de recevoir par téléphone ou par courriel des menaces visant le corps enseignant.

Pour les universitaires du domaine, il est impératif de veiller à ce qu’on ne colle pas une étiquette de dangerosité sur les études féministes et de genre. L’attaque à l’Université de Waterloo et la controverse grandissante qui entoure ce domaine d’études pourraient être fatales pour les petits programmes du pays. « Ce serait triste de voir les universités reculer et marginaliser encore plus les programmes et départements d’études de genre, qui souffrent déjà d’un manque de soutien et de ressources humaines et financières », estime Corrine L. Mason.

Mme Krishnamurti craint qu’en supprimant des sites Web publics les renseignements sur les cours et les professeur.e.s, les établissements invisibilisent les universitaires féministes, alors qu’il faudrait au contraire les célébrer et les soutenir.

« Nous (universitaires féministes et racisé.e.s) avons travaillé trop longtemps et trop fort pour rester dans l’ombre », affirme-t-elle en précisant que les cours donnés par des professeur.e.s qui enseignent à partir de leur propre expérience sont prisés. Elle croit qu’il faudrait plutôt prendre le problème dans l’autre sens : ce n’est pas le fait de donner ou de suivre des cours en études féministes et de genre qui est dangereux, c’est plutôt le fait que des gens menacent ces programmes et les idées qu’ils véhiculent.

« Pour les personnes trans, racisées ou visiblement queer, le danger est partout. Nous vivons nos vies en sachant que notre seule protection est notre communauté, explique-t-elle. Je souhaiterais vraiment que les universités relayent ce message et nous soutiennent dans nos efforts militants. »

À Montréal, Mme Manning et ses collègues ont modifié leur article d’opinion au lendemain de l’attaque pour ajouter que leur pire crainte venait de se réaliser. « C’est exactement de ça dont on parlait, non? », se souvient-elle avoir dit à ses collègues. Elle n’est pas nerveuse ou craintive d’aller au bureau, mais ses étudiant.e.s et elle se sentent vulnérables face à la montée du mouvement antigenre. « Nous sommes en quelque sorte en première ligne d’un travail féministe essentiel. Nous créons des lieux d’apprentissage offrant aux groupes sous-représentés l’espace, les ressources et le soutien nécessaires pour se consacrer à leurs études », souligne-t-elle.

L’administration de l’Université de Waterloo affirme qu’elle améliorera ses mesures de sécurité, notamment en ce qui concerne la communication dans les situations d’urgence. L’établissement a conclu que le système d’alerte WatSAFE fonctionnait le jour de l’attaque, mais qu’il n’a tout simplement pas été activé. Un groupe de travail a également été mis sur pied pour se pencher sur une question épineuse : comment créer une culture qui encourage à la fois la liberté d’expression et les échanges respectueux?


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En octobre, l’Université de Waterloo a lancé une série de conférences sur l’hostilité et l’intimidation en milieu universitaire, qui culminera avec une conférence internationale en juin 2024, coïncidant avec l’anniversaire de l’attaque.

Mme Fehr a été l’une des premières conférencières de la série. Elle n’a pas voulu commenter la stratégie de l’Université, mais nous a fait part de ses propres intentions : « Nous poursuivons nos recherches sur les genres et la justice sociale, car notre but est de faire la lumière sur les schémas culturels qui accentuent la polarisation. »

Rédigé par
Christina Frangou
Établie à Calgary, Christina Frangou est journaliste, écrivaine et rédactrice.
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