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L’histoire canadienne en équipe

Le cours de la UBC sur les grands moments de l’histoire : un véritable travail d’équipe.
par FRANCES BULA
25 MAI 17

L’histoire canadienne en équipe

Le cours de la UBC sur les grands moments de l’histoire : un véritable travail d’équipe.

par FRANCES BULA | 25 MAI 17
Pierre Trudeau assiste à la finale de la Coupe Grey
en 1970. Photo de Peter Bregg/La Presse canadienne.

Le bruit des claviers se tait un instant dans l’amphithéâtre de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) où le professeur d’histoire canadienne Bradley Miller fait apparaître une photo sur l’écran derrière lui. Il s’agit de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau vêtu de manière extravagante d’une cape et d’une veste blanche, une rose à la boutonnière, et coiffé d’un chapeau aristocrate du XIXe siècle – une tenue tout à fait incongrue pour assister au championnat de la Coupe Grey de la Ligue canadienne de football de 1970.

« On ne peut qu’admirer quelqu’un qui ose faire ça, déclare le professeur en aparté au beau milieu de son cours magistral de politique canadienne qui porte sur les tumultueuses années 1970. Les quelque 90 étudiants présents partent à rire et se remettent à taper de plus belle alors que le professeur poursuit. Les années 1970 ont été terribles pour les vieux partis politiques dominants […]. »

M. Miller n’a pas présenté cette image par hasard, son geste est stratégique. Il veut faire un parallèle et montrer que, à sa façon, la photo offre un aperçu du Canada à un moment précis de son histoire tout comme le fait ce cours inusité aujourd’hui. Le cours d’introduction de deuxième année, qui était une vue d’ensemble de l’histoire canadienne, a été remanié il y a trois ans pour adopter une nouvelle formule et un nouveau titre « L’histoire du Canada : ses grands moments » (PDF).

Non seulement le contenu a été revu, mais la méthode d’enseignement aussi : au lieu d’être présenté par un seul professeur, il est maintenant donné selon une méthode d’enseignement collaboratif, ou séquentiel. Selon cette méthode, un professeur supervise la totalité du trimestre et assure la cohésion entre les séquences, et sept autres professeurs d’histoire viennent à tour de rôle présenter des exposés magistraux sur des sujets qui, selon eux, ont été des tournants pour la nation.

« Les cours d’introduction peuvent être longs et encyclopédiques, explique M. Miller, mais la nouvelle formule axée sur les grands moments nous pousse à façonner chaque exposé pour qu’il soit productif et suscite des réactions. »

Ainsi, en septembre dernier, un exposé présenté par Coll Thrush a abordé la Colombie-Britannique, le Capitaine Cook et les milieux autochtones environnants. En octobre, c’est Tina Loo, spécialiste de l’environnement et de l’histoire canadienne, qui a présenté un exposé sur le rôle qu’ont joué les bisons dans la colonisation du Canada. Vers la mi-novembre, Michel Ducharme, spécialisé dans l’histoire du Québec, a parlé aux étudiants de la création, en 1965, du nouveau drapeau canadien – et d’une nouvelle identité canadienne. Le cours s’est terminé peu de temps après par deux leçons données par M. Miller sur le rapatriement de la Constitution du Canada en 1982 et la Charte canadienne des droits et libertés qui l’accompagne.

Comité permanent du drapeau canadien – 26e législature du Canada [1964-1965] Photo courtoisie de Bibliothèque et Archives Canada.
Pour Mme Loo, l’enseignement séquentiel apporte une dynamique complètement nouvelle. « Lorsque chacun présente seulement deux ou trois exposés dans le cadre d’un cours, il fait en sorte que ce soit intéressant. Cette démarche comporte un aspect de prestation, confie-t-elle. Ce cours a aussi suscité une toute nouvelle forme de collaboration au sein du département comme nous avons rarement la chance de le faire. Je dois dire que c’était vraiment très agréable. »

Laura Ishiguro, qui a dirigé ce cours pendant les deux premières années (elle était en congé en 2016-2017) explique que l’un des grands avantages de ce format est « qu’il permet de s’interroger sur l’histoire canadienne, sur les raisons pour lesquelles nous croyons que certaines choses ont de l’importance, et aux yeux de qui elles en ont. Les étudiants sont mis en contact avec des idées d’une diversité et d’une richesse incroyables sur le Canada. Et chaque exposé auquel ils assistent leur présente un argument. »

L’une des préoccupations de Mme Ishiguro, et d’autres membres du département, était de savoir ce que les étudiants en penseraient. Leurs évaluations du cours de l’automne dernier étaient positives. De manière générale, ils ont écrit : « J’ai vraiment aimé à la fois le format et le contenu, particulièrement la formule qui consistait à se demander pourquoi ces moments ont été significatifs pour le Canada. J’ai trouvé que le cours était très stimulant et qu’il jetait un éclairage nouveau sur un sujet potentiellement ennuyant. »

Certains étudiants n’étaient cependant pas du même avis. L’un d’eux a écrit : « C’est bien d’avoir des professeurs différents, mais comme chacun a son propre style d’enseignement, c’est parfois difficile à suivre. » Une opinion qui ne représente toutefois qu’une minorité. Ainsi, le cours sera encore offert l’automne prochain. « Je parle à beaucoup de mes collègues qui sont vraiment intéressés par la formule. Je crois que ce cours a un énorme potentiel », conclut Mme Loo.

Frances Bula est une rédactrice de Vancouver.

Rédigé par
Frances Bula
Établie à Vancouver, Frances Bula est une journaliste qui se spécialise dans la couverture des enjeux urbains et de la politique municipale.
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