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Transformer les campus en créant des zones piétonnières

Les promenades urbaines, des sanctuaires nouveau genre.

par TIM JOHNSON | 06 AOÛT 14

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Il y a quelques années, la rue Gould, à Toronto, était un raccourci cher aux automobilistes, qui l’empruntaient en toute hâte pour quitter le centre-ville en évitant l’intersection des rues Yonge et Dundas, l’une des plus achalandées du Canada. À présent, la rue Gould est réservée aux piétons, sorte d’oasis urbaine au cœur du campus de l’Université Ryerson. Cette promenade d’une centaine de mètres accueille tour à tour des mani-festations pacifiques, une patinoire l’hiver et un marché public l’été. Elle procure aux étudiants de l’Université un espace qui leur est propre.

Les changements à l’Université Ryerson ne sont qu’un exemple de la tendance à la « piétonnisation » des campus canadiens. Alors que les années 1970 et 1980 étaient l’ère des stationnements et des grandes structures, construits pour accueillir un effectif en plein essor, la tendance actuelle relève d’un urbanisme et d’une architecture beaucoup plus durables. Non seulement le résultat est-il attrayant, mais les changements rendent également l’environnement d’apprentissage plus sain et dynamique.

Selon Patrick Condon, directeur du programme de conception urbaine à la faculté d’architecture de l’Université de la Colombie-Britannique, l’aménagement piétonnier des universités s’inscrit dans un mouvement mondial qui va au-delà des campus. Né entre autres de l’inquiétude au sujet des émissions des véhicules et des changements climatiques, le concept est aussi ancré dans la tradition universitaire : « Les campus ont toujours été des espaces cloîtrés, un peu à l’écart. »

La création d’espaces piétonniers sur les campus urbains au XXIe siècle peut déranger. Les étudiants et les responsables de l’aménagement du campus de l’Université Ryerson ont prôné le projet de la rue Gould pendant plus de 10 ans. L’Université a consulté la collectivité, en particulier les commerçants locaux, et collaboré étroitement avec le conseil municipal de Toronto au sujet d’enjeux fondamentaux, comme le détournement de la circulation. En 2010, le projet pilote de zone piétonnière a été lancé, et la transformation est devenue permanente au début de 2012.

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À l’Université McGill, les urbanistes ont aussi cherché à renforcer le sentiment d’appartenance au campus en l’isolant des voitures; dans ce cas, les changements font partie d’une transformation à l’échelle de la ville. En plus d’interdire son campus inférieur aux véhicules motorisés, l’Université a transformé la rue McTavish, à sa bordure ouest, en zone piétonnière. La Ville collabore avec les administrateurs de l’Université pour intégrer la rue McTavish à un grand corridor piétonnier reliant le fleuve Saint-Laurent au Mont-Royal. Le projet s’inscrit dans le réseau de promenades urbaines qui devrait être aménagé d’ici 2017, pour le 375e anniversaire de Montréal.

Chuck Adler, directeur de la planification des campus et des espaces de l’Université McGill, précise que le projet coïncide avec d’autres changements favorables aux piétons. Le fait que près de 90 pour cent des étudiants de l’Université utilisent déjà les transports en commun facilite le processus.

Outre ses nombreux édifices patrimoniaux, l’Université McGill compte de multiples exemples d’architecture carrée « brutaliste » des années 1960 et 1970. Certains des traits caractéristiques du style sont au cœur de la transformation. Autrefois désertes, les grandes terrasses en béton des bâtiments, qu’on a agrémentées de bancs, de jardinières et d’autres éléments de design, sont désormais très fréquentées par les étudiants. L’une des terrasses abrite même un jardin communautaire destiné à nourrir les gens dans le besoin. « Les gens ne se rassemblent plus par dizaines, comme avant, mais par centaines », remarque M. Adler.

C’est toutefois à l’Université de Windsor que prend forme la plus importante initiative d’aire piétonnière de tous les campus canadiens. La première phase de cet immense projet comprend la fermeture cet été de l’avenue Sunset, une artère majeure. L’architecte en chef Paul Sapounzi explique que l’Université de Windsor s’est dotée d’un nouveau plan d’urbanisme exceptionnel : au lieu d’être axé sur les bâtiments, il met l’accent sur les espaces qui les relient.

L’actuelle avenue Sunset servira de « colonne vertébrale piétonnière » à sept zones interdites aux voitures. Le projet comprend une grande place riveraine qui mettra en valeur la rivière Détroit, ses îles et le caractère historique et international de l’emplacement du campus. Un terrain où se trouvent actuellement un stationnement et quatre maisons deviendra une interface naturelle entre les résidents de Windsor et les étudiants, offrant des terrains de sport, une scène extérieure et des espaces verts.

Un campus attrayant et axé sur les piétons peut également s’avérer un puissant argument de recrutement. Le recteur de l’Université de Windsor, Alan Wildeman, compare le nouvel aménagement du campus à un bureau à aire ouverte, qui encourage les collègues à mettre leurs idées en commun. Pour lui, « l’université est synonyme de savoir, de découverte et d’innovation. L’essence de l’université, c’est la créativité et les contacts humains, pas les espaces de stationnement ».

Rédigé par
Tim Johnson
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