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Une toute nouvelle université dans le Nord canadien

En mai, le Collège du Yukon est officiellement devenu l’Université du Yukon – la toute première université canadienne au nord du 60e parallèle.

par RHIANNON RUSSELL | 17 JUIN 20

Cet article est un sommaire de l’article « The shiny new university in Canada’s North ».

Lisa Hutton passera à l’histoire cet été lorsqu’elle obtiendra son baccalauréat ès arts en gouvernance autochtone. Membre de la première cohorte de diplômés du programme, elle fera aussi partie des premiers diplômés d’un tout nouvel établissement : l’Université du Yukon.

Membre de la Première Nation Tr’ondëk Hwëch’in de la ville de Dawson, Mme Hutton est négociatrice pour le ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada à Whitehorse. Elle s’est inscrite au programme en 2018, année où le Collège du Yukon, selon son ancien nom, a commencé à offrir ce qu’il appelait son premier diplôme « made-in-Yukon » : un programme de baccalauréat conçu et donné entièrement dans ce territoire canadien. « Je ne pourrais pas être plus fière d’être Autochtone, Yukonaise et Canadienne quand je vois ce qui se passe dans mon Collège, ici, dans ce territoire », déclare-t-elle.

Le campus à Whitehorse. Photo de Archbould Photography.

L’Université du Yukon est la première université canadienne au nord du 60e parallèle. Le message de son administration est clair : l’établissement a été créé pour les habitants du Nord avant tout. Basé principalement à Whitehorse, il leur offre des programmes d’études pensés pour eux, il leur permet d’étudier près de chez eux, il soutient des travaux de recherche sur les changements climatiques, l’environnement et l’autodétermination des Autochtones, dans le respect des Premières Nations du Yukon.

L’établissement a changé de nom en mai. Une célébration devait avoir lieu lors de la collation des grades au printemps. Toutefois, comme les rassemblements doivent être reportés en raison de la pandémie de COVID-19, le lancement officiel n’a pas eu lieu en grande pompe comme prévu.

Le Collège du Yukon a vu le jour en 1983 avec la ratification de la Loi sur le Collège du Yukon. Dans les années 1980, plusieurs campus satellites ont ouvert à l’extérieur de Whitehorse. Aujourd’hui, l’établissement en compte 13, entre autres à Dawson et à Old Crow, la seule collectivité du territoire uniquement accessible par voie aérienne. Depuis la fin des années 1980 et les années 1990, il offre des programmes de grade universitaire en partenariat avec l’Université de l’Alberta et l’Université de Regina. En 1991, le Collège a aussi investi dans la recherche en finançant l’Institut de recherche du Nord, qui est devenu le Centre de recherche du Yukon en 2009.

Karen Barnes est devenue directrice du Collège du Yukon en 2011. La même année, le gouvernement territorial a demandé au conseil d’administration du Collège de déterminer les critères qui permettraient à l’établissement de devenir une université. « C’est moi qui ai porté le projet », dit-elle au sujet du rôle qu’elle a joué depuis. « À chaque époque son dirigeant, et c’est moi qui suis allée à la rencontre des gens dans la collectivité pour les convaincre » – les convaincre qu’une Université du Yukon pourrait être unique par sa nordicité, et offrir de nouveaux grades en plus des programmes techniques qui s’y donnaient déjà.

« J’ai vu la confiance des gens croître de façon extraordinaire au cours des huit ou neuf dernières années. Ils se sont dit : “Oui, notre établissement peut remplir ce rôle et, oui, le Nord a effectivement la capacité de bâtir une université et de la remplir de gens brillants” », ajoute-t-elle.

Sa mission maintenant accomplie, Mme Barnes cédera en juin son poste à Mike DeGagné, auparavant recteur de l’Université Nipissing et originaire du nord de l’Ontario.

En novembre dernier, l’Assemblée législative du Yukon a adopté la Loi sur l’Université du Yukon, qui définit la structure de gouvernance bicamérale de l’établissement : un sénat pour remplacer le conseil des études du Collège, ainsi qu’un nouveau conseil d’administration. La loi exige aussi que l’Université « honore et appuie la réconciliation avec les Premières Nations du Yukon » et qu’elle respecte leurs connaissances, leurs visions du monde et leurs pratiques traditionnelles dans ses programmes éducatifs, ses politiques et ses travaux de recherche.

Le sénat doit comprendre au moins 30 pour cent d’Autochtones du Yukon ou d’ailleurs au Canada. En outre, au moins trois personnes nommées par les Premières Nations du Yukon doivent siéger au conseil d’administration, ainsi que trois personnes qui vivent à l’extérieur de Whitehorse.

L’établissement a l’habitude de collaborer avec les Premières Nations dans le cadre de ses programmes d’études et de ses travaux de recherche. Depuis 2015, le Collège exige que tous les étudiants inscrits à ses cours à unité passent un test de compétences sur les Premières Nations du Yukon. En 2018, sur la recommandation d’un comité d’employés, l’établissement a créé un poste : le vice-recteur adjoint aux relations et à la réconciliation avec les Autochtones. À l’instar du directeur responsable des initiatives relatives aux Premières Nations, cette personne siège au comité de la haute direction de l’établissement.

Peter Johnston, grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon et membre du Conseil des Tlingit de Teslin, se dit heureux de la création de l’Université et de sa démarche. « C’est essentiellement une question de respect, dit-il. L’Université nous donnera la place qui nous revient dans la société. Elle sera à la fois une voie vers notre avenir et un rappel de notre passé. »

Cet article est un sommaire de l’article « The shiny new university in Canada’s North ».

Rédigé par
Rhiannon Russell
Rhiannon Russell est journaliste indépendante et vérificatrice de faits résidant à Whitehorse.
COMMENTAIRES
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  1. Allara Laomaye / 26 mars 2022 à 14:40

    Un parcours fascinant pour arriver à ce stade. l’Université accueille aussi les internationaux ?

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