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À mon avis

Former la prochaine génération de chercheurs à communiquer avec la population

Un programme de l’Université Concordia aide les doctorants à faire connaître leurs recherches hors du milieu universitaire.

par ALAN SHEPARD | 09 JAN 18

L’un des aspects les plus positifs de la révolution des communications numériques est le fait qu’un nombre accru de chercheurs sont maintenant capables de communiquer les résultats de leurs travaux directement à la population. Les programmes qui enseignent aux professeurs comment vulgariser leurs travaux se multiplient.

À l’Université Concordia, nous allons un peu plus loin avec notre nouveau Programme des chercheuses et chercheurs engagés. Chaque année, 10 doctorants acquièrent un large éventail de compétences qui les aideront à communiquer leurs travaux de recherche de façon nouvelle et intéressante à un public hors du milieu universitaire. Les programmes de doctorat ont peu changé au cours du dernier siècle – une ironie dans les sociétés du savoir d’aujourd’hui. Il est essentiel de les moderniser afin qu’ils permettent à la prochaine génération d’experts de devenir le type d’influenceurs que la plupart des universités recherchent, mais qu’elles préparent rarement adéquatement.

L’Université Concordia n’est pas la seule à promouvoir depuis longtemps ses travaux de recherche auprès de la population. Nous mettons les professeurs en contact avec des pairs à qui les réseaux médiatiques ont permis d’obtenir du nouveau financement. Nous les présentons comme des experts auprès des médias et leur offrons de la formation pour qu’ils puissent être des porte-paroles. Nous les aidons également à entrer en communication avec des médias comme The Conversation Canada, dont l’Université Concordia est membre fondateur. Nous instaurons également une culture de fierté dans l’ensemble de l’établissement avec la remise annuelle des prix des relations avec les médias.

Notre démarche globale axée sur la formation, le soutien et la reconnaissance a porté ses fruits; un nombre accru de professeurs tentent de publiciser leurs travaux, et leur couverture médiatique a doublé de 2010 à 2016. Il s’agit d’importants progrès. Nous sommes si déterminés à appuyer la prochaine génération de chercheurs que nous accordons à chacun de nos chercheurs engagés la somme de 10 000 $ pour suivre le Programme d’une durée d’un an.

Le Programme commence par une formation de 20 heures sur les principes de base : le contexte médiatique; connaître la différence entre ce que les universitaires veulent communiquer et ce dont les journalistes ont besoin; la rédaction de messages; les compétences en entrevue pour divers médias; connaître la différence entre la préparation d’articles informatifs et d’articles persuasifs; et les pratiques exemplaires liées aux médias sociaux. Ils apprennent en plus les rudiments des relations gouvernementales, de la philanthropie et même de l’étiquette professionnelle.

Le Programme porte sur le comment, mais aussi sur le qui. Alors que la crédibilité est de plus en plus liée à l’identité, il n’a jamais été aussi important que les chercheurs engagés – et même tous les chercheurs – soient le reflet de la société. C’est pourquoi la première cohorte de chercheurs engagés de l’Université Concordia propose des disciplines et une démographie des plus variées.

L’une des chercheuses, Erin O’Loughlin, étudie les personnes qui jouent à des jeux vidéo qui obligent à faire de l’activité physique. Elle tente de déterminer comment tirer parti de leur motivation pour aider les citoyens sédentaires à bouger davantage. Lisa Ndejuru élabore quant à elle des stratégies échelonnées pour fournir une aide psychologique aux personnes ayant vécu un traumatisme, de la violence organisée ou des bouleversements. Rocco Portaro, un ingénieur mécanique, travaille à la création d’un injecteur sans aiguille ni liquide comme alternative à l’administration de médicaments à l’aide d’aiguilles hypodermiques. Nadia Naffi examine pour sa part la manière dont les médias sociaux influencent les attitudes à l’égard des réfugiés. Tous nos chercheurs sont motivés à l’idée qu’en allant au-delà des supports traditionnels, ils pourront avoir un effet positif sur la vie des gens.

Un autre élément clé de notre Programme est notre partenariat avec le quotidien Montreal Gazette, qui a accepté avec plaisir de s’associer à l’Université Concordia. Comme tous bons journalistes, les membres de son personnel croient fermement en la valeur de l’expertise lorsqu’il s’agit d’informer la population, et ils savent que le milieu universitaire est l’endroit idéal où la trouver. Les rédacteurs du journal participent à toutes les étapes du Programme : ils aident à la sélection des chercheurs, dirigent les modules de formation et les visites dans la salle des nouvelles, et agissent à titre de réviseurs et de conseillers tout au long du Programme.

À la fin de leur formation d’un an et avec l’aide de plusieurs mentors, nos chercheurs auront publié des billets de façon régulière, des messages efficaces sur Twitter et au moins un article d’opinion dans un journal ou une revue du domaine de l’enseignement supérieur. Même s’ils n’écrivent jamais un autre article d’opinion de leur vie, le Programme aura donné aux membres les plus instruits de notre société des outils inestimables. Le réseautage, la collecte de fonds et la sensibilisation du public sont non seulement essentiels pour devenir un bon chercheur, mais ils sont aussi utiles hors du milieu universitaire. L’Université Concordia et le Montreal Gazette réalisent cet investissement en sachant que le nombre de chercheurs talentueux dépasse largement le nombre de postes universitaires disponibles. Conscients de cette réalité, bon nombre de chercheurs indiquent d’ailleurs que l’aide que leur a fournie le Programme pour accroître leurs réseaux, à la fois au sein du milieu universitaire et de l’industrie, est l’outil le plus précieux qui soit.

Outre les compétences qui ont trait aux médias traditionnels et aux médias sociaux qu’il enseigne, le Programme des chercheuses et chercheurs engagés tient ses promesses et donne à chaque participant une visibilité auprès de la population. Cette interaction est non seulement une manière dynamique de les relier à l’auditoire pour lequel ils travaillent, mais elle s’inscrit aussi dans le principe universitaire fondamental selon lequel la démocratie ne peut progresser que si les citoyens sont bien informés.

Alan Shepard est recteur et vice-chancelier de l’Université Concordia.

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