Passer au contenu principal
Actualités

Deux universités néo-écossaises s’attaquent à la culture du silence

« Nous estimons que tous les étudiants, peu importe l’endroit, méritent une protection », déclare une ex-professeure de droit de l’Université de Windsor.

par ANGELA MOMBOURQUETTE | 26 FEV 24

L’Université Acadia et l’Université de King’s College sont les premiers établissements postsecondaires au Canada à rallier la campagne « Can’t Buy My Silence », qui vise à éradiquer le recours aux ententes de confidentialité dans les cas de harcèlement sexuel, de mauvais traitements et d’autres formes d’inconduite ou d’intimidation.

Le 7 décembre 2023, l’Université Acadia et l’Université de King’s College ont émis une déclaration commune à cet effet.

« Nous avons récemment dû assurer la tenue d’une enquête indépendante sur des allégations d’agression sexuelle à l’égard d’un professeur à la retraite », explique William Lahey, recteur et vice-chancelier de l’Université de King’s College, en faisant référence à l’affaire Wayne Hankey, qui a été accusé d’agression sexuelle, de grossière indécence et d’attentat à la pudeur par trois hommes. Les gestes reprochés avaient été commis dans les années 1970 et 1980. M. Hankey est décédé le 5 février 2022, un mois avant la date prévue du premier procès.

« Une part importante de l’histoire découle de l’omerta qui a entouré une plainte antérieure déposée contre le professeur au début des années 1990; c’est ainsi qu’un portrait trompeur de la véritable nature de ces actes répréhensibles a pu être véhiculé pendant plus de 30 ans, explique M. Lahey. Nous voulons éviter que cette situation se reproduise. Nous avons donc jugé à propos d’officialiser nos pratiques actuelles en ralliant cette campagne. »


À lire aussi : Affaire Wayne Hankey : l’Université de King’s College admet sa part de tort


La campagne « Can’t Buy My Silence » a été cofondée en 2021 par Zelda Perkins, la première personne qui a renié en 2017 son entente de confidentialité avec le délinquant sexuel Harvey Weinstein, et par Julie Macfarlane, ex-professeure de droit à l’Université de Windsor qui a démissionné en 2020 en signe de protestation après avoir appris que l’établissement avait permis à un collègue ayant un historique de prédation sexuelle de passer à un autre employeur grâce à une entente de confidentialité.

La campagne fait valoir que de telles ententes sont couramment utilisées pour permettre aux délinquant.e.s de s’en tirer indemnes et pour réduire au silence les victimes d’intimidation et de harcèlement, et ce, alors qu’elles ont initialement été créées pour protéger les secrets commerciaux.

« Les universités ont souvent recours aux ententes de confidentialité, explique Mme Macfarlane. Nous savons que les étudiants – surtout aux cycles supérieurs, qui travaillent étroitement avec les professeurs – sont souvent victimes d’intimidation et de harcèlement. Nous estimons que tous les étudiants, peu importe l’endroit, méritent une protection. »

L’Université Acadia s’est jointe à la campagne quand une petite équipe composée entre autres d’Allison Smith, coordonnatrice de l’éducation et de l’intervention en matière de violence sexuelle pour l’Université, et de l’étudiante Elisabeth Dobson, a présenté une proposition à Jeff Hennessy, recteur et vice-chancelier, qui l’a ensuite communiquée au conseil d’administration.

« Le fait qu’une jeune étudiante, Elisabeth Dobson, ait exprimé dans le journal étudiant le souhait que l’administration rallie la campagne a suffi à convaincre le conseil », explique Mme Smith.

Mme Dobson, qui en est au dernier trimestre de ses études de premier cycle en administration des affaires à l’Université Acadia, croit que cet appui « crée un important précédent pour les autres établissements de la Nouvelle-Écosse et du reste du Canada parce qu’il est essentiel que les politiques en matière de violence sexuelle et d’équité soient des politiques et pas uniquement des déclarations. Une politique concrète est porteuse de changement, selon moi, et je suis heureuse que l’Université Acadia ait pris ces mesures ».

Jordan Roberts, agente en santé et en sécurité sexuelle à l’Université de King’s College, croit que l’initiative permettra de lever des obstacles à la dénonciation. « Plus nous pourrons dire aux personnes : “Nous ne limiterons pas la manière dont vous racontez votre expérience; nous ne limiterons pas la manière dont vous parlez de ce qui vous est arrivé”, plus nous offrons une transparence qui réduit les obstacles les empêchant de briser le silence. »

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Click to fill out a quick survey