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Conseils carrière

Leçons tirées d’un cours de perfectionnement professionnel aux cycles supérieurs

Un perfectionnement professionnel structuré.

par NANA LEE, ZAYNA KHAYAT + REINHART REITHMEIER | 14 JAN 15

En 2012, le département de biochimie de l’Université de Toronto a mis sur pied un cours crédité en perfectionnement professionnel aux cycles supérieurs. L’effectif était limité à 20 étudiants, de façon à offrir un contexte d’apprentissage intime et interactif. Le cours a mis l’accent sur l’acquisition de compétences diversifiées, au-delà de l’expertise technique liée à la recherche. Des anciens du département ont été invités à venir présenter leur parcours professionnel aux étudiants et à leur proposer des occasions de réseautage. En six séances de deux heures tenues aux deux semaines et suivies d’activités de réseautage, les participants ont exploré six sujets : la réussite dans le milieu universitaire, la réussite hors du milieu universitaire et les transitions en cours de carrière, l’importance du mentorat, l’éthique en recherche, le choix d’un stage postdoctoral et la réussite comme chercheur postdoctoral, ainsi que l’acquisition des compétences générales essentielles aux cycles supérieurs.

Les nombreuses idées générées dans le cadre du cours et les commentaires reçus des étudiants ont permis de dégager quatre grands thèmes qui, à notre avis, pourraient transformer la formation aux cycles supérieurs :

1. Communiquer en termes simples
Les habiletés de communication figurent au sommet de toutes les listes de compétences à perfectionner dans tous les secteurs d’emploi. Les étudiants aux cycles supérieurs et les chercheurs postdoctoraux excellent dans la présentation de leurs résultats de recherche à d’autres scientifiques, mais la plupart ne parviennent pas à faire valoir leurs idées auprès d’investisseurs potentiels, comme ils doivent le faire dans le cours. Les étudiants aux cycles supérieurs doivent réussir à transmettre leur enthousiasme et leur passion pour la recherche à un auditoire non universitaire : le grand public, les sociétés de capital-risque, voire les politiciens. Nous comptons créer un lieu de rencontre où les étudiants aux cycles supérieurs et les chercheurs postdoctoraux de disciplines diverses pourront discuter de leurs travaux en des termes facilement compréhensibles.

2. Rédiger pour différents publics
Les étudiants aux cycles supérieurs en sciences de la vie apprennent à rédiger des articles de recherche selon un modèle rigoureux : titre-résumé-introduction-méthodes-résultats-discussion-conclusion-références, en plus des figures et tableaux indicateurs. La plupart peinent toutefois à rédiger un résumé pour le grand public, soit l’un des travaux demandés dans le cadre du cours. Or, savoir rédiger pour les non-initiés est une aptitude essentielle que tous devraient acquérir : il faut en effet savoir convaincre les décideurs politiques et les investisseurs potentiels de l’utilité de la recherche pour en assurer le financement continu et croissant.

3. Se constituer un réseau personnel
Pour orienter leur carrière en fonction de leurs compétences une fois diplômés, la plupart des étudiants aux cycles supérieurs devront créer leur propre description de poste. Ils doivent donc, pendant leurs études, se constituer un vaste réseau qui ne se limite pas à leur directeur de recherche et aux chercheurs travaillant dans leur champ d’expertise. À ce titre, LinkedIn est un bon point de départ. Le contact avec les anciens leur permet également de tisser des liens hors du milieu universitaire et de profiter d’occasions de mentorat. Les doctorants qui se démarquent sont très dynamiques quand il s’agit d’établir leur réseau; ils commencent souvent par inviter leur interlocuteur à prendre un café ou à discuter au téléphone. Ils se renseignent ainsi sur le cheminement professionnel de gens ayant un bagage semblable au leur. Il arrive également que les anciens avec qui ils discutent soient au courant d’une offre d’emploi pour un titulaire de doctorat qui peut mener à une première expérience de travail. Le réseautage débouche parfois sur une relation de mentorat, où l’étudiant peut obtenir de précieux conseils sur son cheminement professionnel et tisser des liens importants. Les étudiants doivent toutefois apprendre que le réseautage ne consiste pas à se faire des amis occupant un poste intéressant. Chaque occasion de réseautage doit être vue comme un entretien informatif ou une rencontre avec un mentor potentiel, et non comme un moyen de monter dans l’échelle sociale de Facebook.

4. Créer une zone de libre mobilité
Pour être prêts à entrer sur le marché du travail après la collation des grades, les étudiants doivent vivre des expériences pratiques hors de leur laboratoire. Le cours de perfectionnement professionnel aux cycles supérieurs les aide à aborder concrètement le « monde réel » dans la salle de classe. Nous explorons également l’idée d’instaurer différents programmes de mobilité universitaire destinés aux étudiants aux cycles supérieurs et aux chercheurs postdoctoraux qui comprendraient des bourses favorisant la mobilité, des ateliers, des laboratoires réservés aux collaborateurs et des services de placement professionnel en entreprise ou dans des structures gouvernementales. Les universités canadiennes pourraient également créer une « zone de libre mobilité » permettant aux étudiants de passer d’une université à l’autre pour suivre des cours spécialisés, acquérir de nouvelles techniques et participer à des stages.

Prochaines étapes
Les premiers participants ont formulé des commentaires très positifs sur le cours. Ils ont notamment proposé de créer un guide à l’intention des étudiants et des professeurs, et d’offrir du mentorat aux professeurs, puisqu’ils ne sont pas toujours au fait des diverses perspectives de carrière accessibles aux diplômés. Nous comptons offrir le cours tous les ans pour que les étudiants du département puissent tous le suivre à un moment ou à un autre au cours de leur maîtrise ou de leur doctorat. Les retombées du cours ne seront toutefois connues qu’après la diplomation et l’entrée sur le marché du travail des premiers participants; il est donc important de continuer de suivre leur cheminement pour évaluer le programme de formation et sa pertinence.

Reinhart Reithmeier est professeur de biochimie et conseiller spécial du doyen aux études supérieures en matière de perfectionnement professionnel et d’engagement aux cycles supérieurs à l’Université de Toronto. Nana Lee est chargée de cours et coordonnatrice du perfectionnement professionnel aux cycles supérieurs en biochimie et en immunologie à l’Université de Toronto. Zayna Khayat est chef de l’innovation en santé au District de la découverte MaRS.

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