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Les universités : principaux foyers des deux cultures

par Mgr Irénée Lussier, P.D., recteur de l’Université de Montréal
Publié en février 1965

Prenons pour acquis qu’il existe entre les deux principaux groupes ethniques du pays une tension, un malaise profond. On n’aide pas à diminuer cette tension en exploitant les maladresses, les sottises qui peuvent être faites d’un côté comme de l’autre; certainement pas en les exagérant, comme cela arrive quelquefois. La passion ne fait que rarement œuvre de raison, et certainement pas ici ou ce n’est pas la passion de la paix qui est active. En projetant des verres grossissants sur des mouches, on leur donne allure de dragons…

En face de ce climat, de cette situation tendue, quel est, nous qui sommes ici réunis sous le titre bien précis d’universitaires, quel est notre devoir? D’abord, y a-t-il là pour notre groupe un problème? Nos institutions de haut-savoir ont-elles ici une responsabilité particulière, comme institutions? Puis, nous-mêmes individuellement, comme personnes engagées au niveau supérieur de l’éducation, que pensons-nous, qu’avons-nous fait, que projetons-nous?

N’est-ce pas déjà un signe assez précis d’une déficience au niveau le plus élevé de l’enseignement que du seul fait que je parle actuellement en français je cours le risque de n’être pas très bien compris. Et pourtant, je suis devant une auguste assemblée d’hommes très évolués sur le plan de la science.

Je reconnais que notre Association, la Conférence des universités, a pris depuis quelque temps une orientation très nette dans la bonne voie, celle de la reconnaissance effective du biculturalisme, et qu’il faut en louer notre secrétaire exécutif. Cette bonne orientation de notre bureau ne m’empêche pas de devoir solliciter présentement votre bienveillance parce que je parle en français. Je sais que je provoque chez vous un effort. Et je m’en sens gêné. Vous devez de votre côté considérer que pour moi, surmonter cette gêne me demande aussi un véritable effort.

À supposer que je me trompe, qu’il n’y ait pas dans cette salle besoin d’effort, est-il impensable que d’autres milieux, mêmes universitaires, me trouveraient audacieux dans mon entreprise présente et n’accepteraient de me laisser continuer en français qu’avec le sentiment de me faire une faveur, plutôt qu’avec la conviction d’accepter que j’use d’un droit?

Mon projet est de provoquer ici une réflexion en commun. Ma conduite de la réflexion rendra témoignage : vous saurez ce que je pense.

Pour saisir le problème, il faut que chacun le voie dans l’autre. L’effort que je vous demande actuellement, je consens à le faire à mon tour, l’occasion s’en présentant.

Il m’apparaît clairement :

1 ° qu’entre les deux groupes, il y a un manque extraordinaire de communication;
2 ° que l’information valable, scientifiquement, sur les deux groupes et surtout sur leurs relations est déplorablement pauvre.

Nous sommes donc en face d’un problème de communication et d’un problème d’information.

Pour se convaincre de l’existence du premier problème, que l’on pense à ce qui a été écrit sur les « deux solitudes ». S’il y a faute ici, elle n’est pas d’un seul côté. Je connais un homme d’affaires imbu des meilleures intentions qui, venant de Toronto s’établir à Montréal, était heureux à la pensée de pouvoir rencontrer des personnes de culture française. Or, il lui a fallu deux ans pour qu’un contact vraiment amical commence à s’établir avec des familles de langue française. C’est dire que les occasions de rencontre des bonnes volontés ne s’offrent pas facilement.

Autre exemple de solitude : encore aujourd’hui, il est possible qu’un enfant élevé à Westmount, quartier de la deuxième ville française du monde, atteigne l’âge de douze ans en s’imaginant vivre dans une ville à cent pour cent de langue anglaise.

Quant au problème d’information, la Commission Lau­rendeau-Dunton souffre de la pénurie de renseignements valables et se voit obligée de commanditer des recherches.

Abordons donc l’un et l’autre de ces deux problèmes.

La communication

Laissons de côté tout ce qu’on dit sur le manque d’objectivité, sur l’aspect souvent tendancieux des nouvelles, des interrogatoires auxquels on nous soumet; je ne veux pas faire le procès des autres, mais nous poser des questions a nous-mêmes. Que devrait être cette communication?

Les universités sont les principaux foyers des deux cultures (du moins elles devraient l’être). Y a-t-il entre elles, comme telles, une communication facile, vraiment opérante, qui devienne enrichissement mutuel? qui développe l’intimité, et par l’intimité, au-delà du respect, la considération « pour l’autre », cet autre qui m’apporte un bien précieux et désiré, sa culture, un bien dont je veux faire mon ornement, dans lequel je vois un facteur de ma propre progression culturelle?

Il y a eu sur ce terrain quelques manifestations de désir (trop rares); quelques projets sont actuellement sous considération, projets visant à une communication organisée, avec espoir de mutuel enrichissement.

Il y a aussi, ici et là, des organisations d’études sur le Canada français. Nous nous en réjouissons, mais il ne s’agit pas là, croyons-nous, de communication véritable. Nous voudrions que ces études soient vues comme faisant partie du patrimoine commun, plus que comme un objet d’intérêt un peu lointain, extérieur à soi-même, imposé par nécessité politique, fardeau dont on se débarrasserait volontiers si … ou bien que l’on reprendrait s’il se présentait comme une pièce de musée.

Si les institutions, comme telles, n’en sont ici qu’à des velléités, les hommes eux, les universitaires, font-ils mieux? Ce sont eux les principaux représentants de leur propre culture; et qui mieux qu’eux est capable de comprendre l’autre culture? Reconnaissons qu’il y a des amitiés vraies entre universitaires des deux cultures; sont-elles assez nombreuses pour faire un climat?

Comme universitaires, nous sommes-nous donné la peine de communiquer avec le public que nous pouvons atteindre? Si restreint que ce public soit, il se compose de personnes très influentes. Je connais quelques essais heureux, mais je doute qu’ils soient suffisamment nombreux pour être efficaces sur le plan national.

D’où vient donc cette carence? L’explication que je propose n’est pas flatteuse, mais je me dois d’être franc en disant ce que je pense. Une communication authentique, qui fasse selon l’étymologie du mot « union avec » suppose au moins les deux facteurs suivants :

1 ° une compréhension au niveau de la langue;
2 ° un véritable intérêt pour l’autre. En bonne psychologie, un intérêt véritable ne se trouve pas au seul palier de l’intelligence; il y faut un sentiment, sentiment constructif dans le cas présent, pas seulement celui de la crainte qui met en défense, mais celui du désir d’un bien véritable que l’on recherche pour lui-même et pour son propre avancement personnel (les autres avantages n’étant pas négligeables mais venant par surcroît).

Arrêtons-nous à ces deux facteurs : langue et intérêt.

La langue. Il y a, en plusieurs endroits, des indices de bonne volonté. Mais sommes-nous en voie de devenir vraiment bilingues, je parle de la population instruite en général? Devenons plus précis et plus directs : les universitaires ont-ils donné l’exemple? À tout prendre, sont-­ils plus bilingues que le reste de la population? Si l’on tient compte de leur degré de formation, toute proportion gardée, il faut donner une réponse négative, je crois.

Il y a plus. Les anglophones ont peu appris le français parce qu’ils n’en voyaient guère la nécessité, ce qui est troublant pour des universitaires. De leur côté, les francophones ont appris l’anglais surtout parce qu’ils y étaient forcés dans la pratique, ce qui n’est pas une motivation suffisante pour des universitaires. Combien parmi nous et tous nos collègues ont acquis la maîtrise de l’autre langue pour des motifs vraiment culturels, par désir de pénétrer l’âme de l’autre, de vivre avec elle, en communion avec ses richesses séculaires? Notez bien que celui qui vous parle s’accuse lui-même en posant cette question qui le trouble.

C’est là l’aspect culturel de la question.

Quand à cet aspect culturel devrait s’ajouter le sentiment d’un devoir comme citoyen d’un pays biculturel, et que l’on constate où nous en sommes, on en vient presque à se demander quelle notion nous avons de la culture. Il ne s’agit pas ici d’examiner le point de vue juridique de « nation biculturelle »; il s’agit de prendre conscience d’un fait de vie canadien et quelle qu’ait été la loi du passé, il s’agit de penser à la loi de l’avenir, celle que nous devons imposer dans les faits et, le temps venu, qu’il faudra exiger dans les textes juridiques.

Que faire dans l’immédiat?

  • Ne peut-on pas avoir de fortes exigences linguistiques pour l’octroi des grades supérieurs?
  • Au niveau sous-gradué, est-il hors de notre pouvoir d’imposer une qualité valable de l’enseignement de l’autre langue et, en conséquence, un niveau honnête de la maîtrise de cette langue?
  • Avons-nous vu suffisamment à la formation de professeurs de langue pour le niveau secondaire? II y a là une lacune évidente à combler.
  • Avons-nous fait tout ce que nous pouvons faire pour intensifier l’enseignement des langues chez les adultes?

L’esprit dans lequel tout cela s’accomplit importe plus que la chose elle-même. Et si l’un d’entre vous, placé en position responsable, peut répondre un oui satisfaisant à l’une ou l’autre des questions posées, qu’il ne se donne pas bonne conscience pour autant, car c’est aux quatre questions qu’il faut répondre de façon satisfaisante; à cette condition seulement nous pourrons penser avoir fait notre possible pour nous acquitter d’un devoir pressant dans la manifestation de notre amour du Canada.

Pour donner plein éclairage à la situation présente, je dois faire mention du paradoxe étrange que l’on constate actuellement. Jusqu’à récemment, les universités de langue anglaise dédaignaient très souvent les professeurs canadiens-français pour l’enseignement du français, parce qu’ils ne parlaient pas le « Parisian French » (je ne m’arrête pas à discuter cette grossière erreur pratique). Aujourd’hui, ces mêmes universités recherchent des professeurs canadiens-français, mais eux ne répondent guère aux invitations, entre autres raisons, probablement, parce qu’ils sont sensibilisés par le sentiment défavorable qui baignait l’atmosphère il n’y a pas si longtemps. Les résultats sur le plan pratique de la communication ne sont donc pas meilleurs qu’autrefois. Faut-il accepter la situation? Non. Mettons­-nous à l’étude et l’on trouvera le moyen d’en sortir.

Qu’ont fait les universitaires sur le plan individuel? Ont-ils appris l’autre langue? Que voit-on aux congrès des sociétés savantes, sinon unilinguisme qui fait réellement souffrir, dans leur intelligence et dans leur sentiment de fierté nationale, une partie notable des participants? Il y a bien des mentions marginales faites à l’existence de l’autre groupe, mais jamais l’autre groupe n’est regardé comme une partie de soi-même. S’il n’y avait pas « l’autre groupe », qu’est-ce que cela changerait? Est-ce hallucination que d’entendre chuchoter des « tant mieux »… ?

L’échange des professeurs, si nécessaire, est-il facile d’Halifax à Vancouver, entre toutes les universités, la langue n’étant qu’un facteur secondaire dans un pays effectivement bilingue, surtout au niveau supérieur de l’enseignement?

En conséquence, ne sommes-nous pas forcés d’admettre que les contacts entre intellectuels sont très appauvris, l’incompréhension de la langue ne favorisant pas la compréhension aux autres niveaux? Et de ce fait, comment ne résulterait-il pas une certaine amertume chez les francophones qui se sentent comme invités à se replier sur eux-mêmes, danger peu négligeable pour notre pays actuellement. Comment certains universitaires peuvent-ils se prononcer avec compétence sur les problèmes du Canada, sur les relations entre les cultures, etc. quand ils ne peuvent même pas entrer en contact direct avec une de ces cultures?

Et s’il y a barrière linguistique, comment arriver à dissiper des malentendus fondamentaux sur des notions capitales comme « nation », « culture », « État », malentendus pour une bonne part à base sémantique?

Le manque de communication s’explique, avons-nous dit, d’une part par l’insuffisance de maîtrise de la langue de l’autre, et d’autre part, par la nature de l’intérêt porté à l’autre groupe.

L’intérêt. Autrefois, les Canadiens de langue anglaise s’intéressaient peu à l’autre groupe; aujourd’hui, la situation commence à changer; mais ce sont les francophones, ceux du Québec, surtout, qui deviennent terriblement égocentristes.

Les Canadiens de langue anglaise savaient déjà, au moins un peu, qu’il existe chez le groupe de langue française une littérature, un théâtre, une peinture, etc.; ils découvrent actuellement avec étonnement que le Canadien français s’intéresse aussi à l’économique et à la technique.

Quant aux Canadiens de langue française, ils savaient fort bien, et depuis toujours, qu’il y a de l’économique et de la technique au Canada de langue anglaise. Mais il leur reste peut-être à découvrir que de l’autre côté aussi il y a une culture qui vaut d’être connue, une littérature, une vie artistique qui vaut la peine que l’on s’y intéresse.

N’est-ce pas à dire que notre perception les uns des autres, même à un niveau élevé d’instruction, en est restée dans une bonne mesure aux clichés? N’est-ce pas une raison pour mettre en marche des organisations de mutuelle fécondation intellectuelle, surtout au niveau universitaire? J’ai fait mention de désirs louables, de velléités dans le bon sens, en une autre partie de cet entretien. Mais il faut plus. Hâtons-nous de passer à l’action quand il en est encore temps, car l’avenir n’est pas rassurant. Les attitudes en effet se dégradent, du moins chez les Canadiens fran­çais. Pour s’en convaincre, que l’on compare la jeune génération à la précédente, que l’on compare, dans leurs attitudes, les étudiants aux professeurs. De moins en moins, du côté canadien-français on s’intéresse à ce que l’autre pense, de moins en moins on s’intéresse tout simplement à l’autre; alors que de l’autre côté on s’intéresse enfin au monde canadien-français. Y aura-t-il rencontre puisque alternativement l’autre recule quand l’un des deux fait des avances? Que l’on pense à la désagrégation de l’Union canadienne des étudiants. Vous n’êtes pas sans savoir non plus les pressions qui s’exercent contre l’Association canadienne des professeurs d’université. II y a de quoi réfléchir.

Que conclure sur ce chapitre de la communication avec ses deux composantes, la langue et l’intérêt? Je vous offre à penser :

  • que la communication est une condition absolue de la survie de notre Canada;
  • que cette communication doit commencer par en haut, i.e. au niveau universitaire;
  • que la tolérance ne suffit plus; elle est ressentie comme du mépris; il faut arriver à la compréhension, marquée d’intérêt véritable;
  • que tout ce discours est vain si chacun de nous ne songe pas à payer le prix de cette communication, nous de la génération présente; à la prochaine génération, le temps utile sera passé. C’est volontairement, et tout de suite, qu’il faut troubler notre tranquillité pour bâtir un monde meilleur dans notre cher Canada et n’avoir pas à reconstruire après des affrontements qui laisseront comme perspectives d’avenir peu de chose de notre actuelle identité.

Voilà pour la communication.

L’information

En admettant que chacun veuille bien connaître l’autre, on arrive à une nouvelle difficulté : c’est que l’autre ne se connaît guère lui-même. Le retard notoire des sciences humaines sur les sciences exactes ou sciences de la nature comporte chez nous un aspect particulier : peu d’études existent sur les caractères des deux groupes, et encore moins sur leurs relations.

Nous touchons ici encore une très grande lacune de notre activité universitaire.

Il y a eu peu de travail, surtout peu de travail valable, c’est-à-dire objectif : chez les uns, Canadiens français, on a fait surtout de l’apologétique; chez les autres, Canadiens anglais, on a fait surtout du folklore.

Il manque donc d’études à la fois objectives, sereines, rigoureuses, vastes, débouchant sur des données comparatives suffisamment larges.

Il s’agit là d’une des plus grandes responsabilités de nos universités. II faut y penser en termes d’investissements de longue portée.

Il convient de préciser qu’il ne s’agit pas seulement de travaux portant formellement sur l’autre culture; ce qu’il faut aussi, c’est d’intégrer largement le point de vue de l’autre culture dans l’enseignement de nombreuses disciplines, v.g., en sciences politiques, en sociologie, etc., pour ne pas mentionner l’histoire…

En face de cette tâche immense, il y a un signe encourageant : les universités et les universitaires ont fait bon accueil aux appels de la Commission royale Laurendeau­-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme.

Accepterons-nous de voir le Canada finir en tour de Babel? Il ne s’agit pas de regarder en arrière pour simplement déplorer, même sincèrement, de n’avoir pas fait autrement; encore moins de dire, comme cela arrive, « si on avait imposé l’anglicisation à la conquête, on n’aurait pas aujourd’hui tous ces problèmes ». Ceux qui parlent de la sorte donnent un sens particulier à la parole de l’Évangile « il y aura toujours des pauvres parmi vous ». Ce genre de pauvres ne mérite pas notre attention. Nous croyons qu’il y a plus de vérité historique dans la prétention qu’il a fallu la loyauté des Canadiens français pour que les Loyalistes britanniques d’outre 45° trouvent ici un sol hospitalier où ils se sentent chez-eux. Pourquoi laisser croire aux Canadiens français qu’ils ont alors commis une erreur?

Dans un monde qui s’universalise, où les langues se répandent au point où bientôt chacun devra en posséder trois ou quatre, où les races apprennent à vivre ensemble (non sans difficulté, je le reconnais), dans un tel monde, serions-nous dépaysés, dépassés, nous les Canadiens?

Faudrait-il, au Canada, donner au mot « culture » une définition qui ne comporte pas la notion d’ouverture d’esprit, de réceptivité, de communication, de désir de partage de la richesse intellectuelle, de la richesse d’âme de l’autre? Oublions-nous que dans le monde de l’esprit tout partage est un accroissement, est une multiplication; non une division? Cela se passerait, au Canada, où les échanges sont à notre portée? C’est impensable!

Est-il besoin de préciser qu’il ne saurait être question de biculture au sens (si cela a du sens!) de synthèse des cultures. Il s’agit de compréhension et de communication entre deux cultures se développant chacune dans sa ligne propre. Et les autres groupes ethniques qui composent le Canada? Notez que je n’ai pas touché aux aspects politiques de la discussion sur la biculture. (Je vous réfère ici à l’intervention Faribault, à Fredericton.) Nous, Canadiens français, nous n’admettrons jamais que nos droits soient comparables à ceux auxquels pourraient prétendre les nombreux groupes ethniques, autres que les groupes français et anglais, qui composent notre pays. Cela n’empêche pas les Canadiens français d’être très déférents pour ces groupes, de leur vouer une admiration sincère et de désirer qu’ils conservent le plus possible leur identité pour nous enrichir de leur apport culturel. Est-il illogique de penser que cela est davantage possible dans un milieu politique où la diversité est inscrite dans la loi en faveur d’une forte minorité, celle-ci devenant le soutien des minorités plus faibles? Et dire que l’on cherche à présenter les Canadiens français comme les adversaires de ces groupes minoritaires!

Un « leadership » à exercer

Dans tous les domaines, les universités ont un « leadership » à exercer. Présentement, il n’en est pas de plus important que celui de la promotion harmonieuse des deux cultures au Canada. Travaillons à changer le climat, plus encore qu’à n’importe quelle mesure précise. C’est de conversion des esprits qu’il s’agit; dans une atmosphère renouvelée, sereine, salubre, l’enseignement du français, l’échange des professeurs, l’éducation des adultes, la formation des professeurs de langue, tout cela aura chance de fleurir et de donner des fruits de paix, d’heureux voisinage, de mutuelle admiration et de croissance culturelle.

Sachons profiter de certaines circonstances privilégiées, je pense aux universités bilingues, aux collèges affiliés, aux universités différentes qui sont en prochain voisinage. Nous n’avons pas été très habiles jusqu’à présent à tirer avantage de ces circonstances. Elles devraient pourtant favoriser les contacts vécus, véritable pierre philosophale dans la conjoncture présente.

Nous portons déjà, comme universités et comme universitaires, une lourde part de responsabilité dans l’incompréhension et la tension présente. Si les choses s’aggravaient ou même devenaient désespérées, notre responsabilité serait écrasante.

Mais nous sommes tous des hommes de bonne volonté. Et nous aimons notre cher Canada. Que la paix soit notre œuvre de gloire!

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