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L’AUCC établit cinq engagements envers les Canadiens

L’Association souhaite explorer comment ses établissements membres contribuent à l’avenir du Canada.

par PEGGY BERKOWITZ | 23 NOV 11

Les réunions d’octobre de l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC), qui coïncidaient avec les célébrations du centenaire de l’Association, avaient cette année un ton solonnel. Si certaines des activités commémoratives qui ont eu lieu à Montréal étaient axées sur le passé, les discussions étaient définitivement tournées vers l’avenir.

Dans sa première allocution en tant que président du conseil d’administration de l’AUCC, Stephen Toope, recteur de l’Université de la Colombie-Britannique, a présenté les cinq engagements suivants que les universités canadiennes s’apprêtent à prendre envers les Canadiens et qu’il a fallu une année de discussions pour élaborer :

  1. Élargir la vision de l’éducation afin d’englober l’ensemble du système d’éducation, de la maternelle au postdoctorat, parce que les universités font partie de ce système et qu’elles ne peuvent contribuer pleinement que si l’ensemble du système est sain et solide.
  2. Innover sur le plan de l’apprentissage, en tirant parti de la recherche en pédagogie fondée sur des données probantes, de nouvelles technologies et de toutes les occasions qu’offre la collectivité.
  3. Affirmer notre engagement envers l’excellence, en offrant un milieu d’apprentissage enrichi par la recherche et en favorisant la participation des étudiants issus de groupes sous-représentés, y compris les Autochtones et les Canadiens vivant en région rurale.
  4. Trouver des solutions aux grands problèmes mondiaux en continuant d’accroître les études aux cycles supérieurs et en adhérant à un solide programme de recherche. Pour les universités, cela signifie attirer les plus brillants cerveaux du monde et servir d’incubateur au talent canadien.
  5. Favoriser l’engagement et les partenariats en créant des liens avec des entreprises et des groupes communautaires. Par ces forces réunies, les universités pourront effectuer des projets complexes de portée mondiale et accélérer le rythme de la recherche.

Lors de la période de questions animée qui a suivi l’allocution, M. Toope a expliqué que les discussions de l’AUCC s’articulent maintenant autour des contributions des universités aux personnes et à la collectivité, du service et de l’engagement auprès de la population, plutôt qu’autour des besoins des universités : « Nous voulons présenter une stratégie de promotion d’intérêts limpide qui vise un objectif élargi pour le Canada ».

Les participants – y compris des leaders étudiants, des représentants de la société civile et des recteurs – ont ensuite pris part à des discussions en petits groupes afin d’examiner comment les cinq engagements peuvent être mis en pratique. Certains de ces engagements sont bien sûr déjà mis en valeur sur plusieurs campus, notamment en ce qui concerne la pédagogie novatrice, l’excellence en recherche et l’accès. Une partie de la nouveauté réside toutefois dans la façon dont les universités prévoient parler de leurs activités.

Chris Walker, leader étudiant de l’Université Wilfrid Laurier, s’est dit impressionné par la « passion » dont les dirigeants universitaires ont fait preuve concernant des questions comme l’accès et l’apprentissage enrichi par la recherche. « Ce sont des sujets prioritaires pour les leaders étudiants, précise-t-il. Il est formidable de constater que les administrateurs s’y intéressent tout autant. »

La capacité des universités à participer efficacement à des débats publics sur des dossiers chauds est une des questions qui ont émergé des réunions. Dans une entrevue, M. Toope a d’ailleurs déclaré que les dirigeants universitaires peuvent « contribuer à créer une façon accessible pour tous d’aborder la question ». Pour ce faire, il leur suffit de tirer profit de leur « fonction de rassembleur », en réunissant les intervenants des secteurs privés et publics susceptibles d’engendrer le changement. Et c’est exactement ce qu’il a essayé de faire quand il a voulu améliorer le traitement offert aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale et de dépendance dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver.

L’AUCC a fait un pas dans cette direction en invitant un groupe d’experts à discuter des transformations nécessaires au sein du système de santé canadien et du rôle des universités dans ce dossier. La table ronde de deux heures a été webdiffusée en direct (l’enregistrement de même que les entrevues réalisées avec des experts sont toujours accessible sur le site Web de l’AUCC). Selon Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal, qui a animé la table ronde, les universités sont souvent perçues comme un lieu d’enseignement et de recherche, alors qu’elles sont bien plus que ça. Elles jouent en effet un rôle important au sein du système de santé en « aidant les organismes et les gouvernements à faire des choix stratégiques judicieux ».

Dans son discours, M. Toope a également réitéré plusieurs valeurs fondamentales des universités canadiennes, dont la liberté universitaire. Dans ce contexte, les recteurs ont approuvé à l’unanimité une nouvelle déclaration sur la liberté universitaire. L’ancienne déclaration de l’AUCC n’avait pas été révisée depuis 1988.

La nouvelle déclaration, accessible sur le site de l’AUCC, définit la liberté universitaire comme « la liberté d’enseigner et de s’adonner à la recherche au sein du milieu universitaire » et ajoute qu’elle est « indissociable » du mandat des universités. La déclaration distingue la liberté universitaire, qui repose sur l’enseignement et la recherche, du concept plus vaste de liberté d’expression, qui est protégée par la Charte canadienne des droits et libertés. Elle précise que la liberté universitaire doit reposer sur « l’intégrité des établissements, sur des normes rigoureuses en matière de recherche et sur l’autonomie des établissements ».

La nouvelle déclaration s’est attiré la critique notamment de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU). Dans une lettre ouverte, l’ACPPU reproche à l’AUCC d’avoir exclu « l’expression d’opinions hors des enceintes universitaires » de la nouvelle déclaration. Elle ajoute qu’en invoquant la notion de normes professionnelles applicables aux diverses disciplines comme une contrainte de la liberté d’expression, la déclaration de l’AUCC pourrait donner lieu à la « répression » d’idées « marginales ou dangereuses pour des courants de pensée dominants ».

Dans une lettre ouverte, l’AUCC a répondu à l’ACPPU en affirmant ne pas partager la même inquiétude à cet égard. « Notre position repose sur la rigueur de la recherche et non sur son résultat », précise la lettre de l’AUCC.

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