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Budget fédéral : réactions partagées

Des dépenses en infrastructure bien accueillies, mais la recherche est laissée pour compte

par PEGGY BERKOWITZ | 09 FEV 09

Comme le budget fédéral présentait des mesures de relance économique conçues pour un pays en récession, les universités se sont vu offrir des dépenses considérables en infrastructure, mais elles jugent préoccupantes certaines mesures qui leur enlèvent du financement.

Au cœur des mesures budgétaires concernant le secteur postsecondaire se trouvait un nouveau fonds de deux milliards de dollars pour l’infrastructure, qui aidera à financer des travaux d’entretien différé et de réparation dans les universités et les collèges. Les universités recevront 70 pour cent du fonds, et la préférence sera accordée aux projets pouvant contribuer à améliorer la qualité de la recherche et développement. Les fonds fédéraux requièrent que d’autres partenaires fournissent un financement de contrepartie (aucune précision n’avait été apportée à ce sujet au moment où Affaires universitaires était mis sous presse).

Les universités éprouvent « depuis longtemps des problèmes d’entretien différé importants; recevoir les ressources que ce programme mettra à [leur] disposition est extraordinaire », explique Tom Traves, recteur de l’Université Dalhousie et président du conseil d’administration de l’Association des universités et collèges du Canada. L’arriéré de l’entretien différé accumulé sur les campus universitaires est estimé à cinq milliards de dollars, dont près de la moitié correspond à des travaux jugés urgents.

« Le financement accru prévu pour la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) constitue aussi une bonne nouvelle », ajoute M. Traves. Le budget consacrera 750 millions de dollars de nouvelles dépenses à la FCI d’ici décembre 2010 afin de financer de nouvelles installations pour la recherche universitaire. De ce montant, 150 millions cibleront le concours actuel. Le reste financera un ou deux concours d’ici décembre 2010 et ciblera les secteurs prioritaires qui seront définis par le ministre de l’Industrie, en consultation avec la FCI, d’après le plan stratégique de la Fondation.

M. Traves signale toutefois des « aspects préoccupants » du budget, en particulier les compressions dans les budgets de base des organismes subventionnaires de la recherche ainsi que le fait que le gouvernement se mêle de plus en plus de l’orientation du financement de la recherche universitaire, par exemple en effectuant une présélection des types de projets de la FCI.

« Des compressions de cinq pour cent sur trois ans dans les budgets des organismes subventionnaires sont manifestement inquiétantes; nous nous trouvons dans un contexte de concurrence féroce », précise M. Traves, en faisant remarquer que « tous surveillent l’effet prévu de l’arrivée de Barack Obama, pour voir si les investissements en recherche reprendront aux États-Unis. Cela pourrait nous poser problème. »

Par contre, M. Traves apprécie le fait que le gouvernement a prévu des fonds équivalents aux compressions dans les budgets des organismes subventionnaires – soit 87,5 millions de dollars – pour offrir de nouvelles Bourses d’études supérieures du Canada (500 bourses additionnelles au doctorat et 1 000 à la maîtrise) pendant trois ans. La majeure partie de ces fonds sera partagée entre les Instituts de recherche en santé du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, et 17,5 millions de dollars seront attribués au Conseil de recherches en sciences humaines et cibleront des programmes d’études dans le domaine des affaires.

« Cette attitude reflète l’intention manifeste du gouvernement d’être beaucoup plus directif dans l’élaboration du programme de recherche au pays et dans le secteur connexe, l’enseignement supérieur, affirme M. Traves. Je trouve cela regrettable. »

Son sentiment a trouvé un écho dans le milieu des sciences humaines. « Consacrer [l’argent des bourses d’études] aux sciences et aux affaires est une décision décevante et montre un manque flagrant de vision », signale Nathalie Des Rosiers, présidente de la Fédération canadienne des sciences humaines.

Parmi les autres éléments du budget qui touchent les universités, notons un investissement de 50 millions de dollars pour les installations de recherche de classe mondiale à l’Institute for Quantum Computing de l’Université de Waterloo, ainsi que 50 millions de dollars sur deux ans pour l’élaboration d’un cadre commun d’évaluation des titres de compétences étrangers au Canada.

« Dans l’ensemble, le milieu de l’éducation postsecondaire devrait se réjouir de ce budget, estime l’Educational Policy Institute, un groupe de réflexion indépendant. Les investissements de 2,75 milliards de dollars dans l’infrastructure sont majeurs, et leurs effets se feront sentir sur les campus partout au pays. Par contre, le manque de nouveaux fonds pour élargir les activités de recherche est décevant. En conséquence, ce budget, qui aurait pu marquer un coup de circuit, constitue plutôt un coup double. »

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