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Couverture médiatique du conflit étudiant : le triomphe de l’opinion

Le manque d’analyse dans les médias a laissé la population mal informée au sujet des principaux enjeux.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 09 JAN 13

Au Québec, la couverture médiatique du conflit étudiant du printemps dernier fait autant jaser, sinon plus, que le conflit lui-même. Afin de faire la lumière sur cette période agitée, le Centre d’études sur les médias (CEM) de l’Université Laval a entrepris une vaste analyse de contenu, dont les premiers résultats ont été présentés récemment. En scrutant les quatre principaux quotidiens du Québec (Le Journal de Montréal, La Presse, Le Devoir et The Gazette), le CEM a voulu évaluer l’orientation des textes. « Il ne s’agissait pas de dire s’ils contrevenaient aux règles de pratique, mais simplement de déterminer quel protagoniste ils favorisaient », explique le secrétaire général du CEM, Daniel Giroux.

Des chroniqueurs mordants

La Presse décroche la palme de la neutralité, avec environ 60 pour cent de textes neutres, ses concurrents se situant tous entre 50 et 55 pour cent. Afin de classer les textes jugés « orientés », le CEM a mis sur pied un indice, accordant des points aux articles favorables à un protagoniste, et en enlevant pour les articles étant défavorables.

La répartition des 3 806 articles démontre que seul Le Devoir s’est montré favorable au mouvement étudiant contre la hausse des droits de scolarité, alors que Le Journal de Montréal et The Gazette lui ont été très défavorables. Le Journal de Montréal s’est particulièrement distingué, avec des chroniqueurs largement défavorables aux étudiants. De plus, tant au Journal de Montréal qu’à The Gazette, cette critique contre le mouvement étudiant est surtout venue de chroniqueurs et de collaborateurs externes, plutôt que des journalistes de la salle de rédaction.

Où est l’analyse ?

Mais la véritable révélation du rapport du CEM est que les textes d’analyse ne représentent qu’une infime partie des textes recensés (entre deux à sept pour cent). Résultat, les enjeux de ce conflit ont été mal compris par les citoyens. Ceux-ci n’ont eu à se mettre sous la dent que des opinions et des nouvelles « événementielles », couvrant surtout les manifestations.

« Ça, c’est vraiment un problème », admet M. Giroux. Dans les groupes de discussion que le CEM mène dans le cadre de ce projet, beaucoup de citoyens ont admis s’être senti démunis, incapables de vraiment comprendre les enjeux de la crise, comme la gestion des universités ou l’impact réel d’une hausse des droits de scolarité. Selon M. Giroux, il est possible que les médias écrits aient manqué de moyens pour produire des analyses en profondeur de sujets plus complexes. Il est aussi possible qu’ils aient préféré miser sur les aspects spectaculaires, donc plus vendeurs, de la crise, dans un contexte économique difficile pour les médias.

Le CEM poursuit son travail en examinant les principales émissions d’affaires publiques de la télévision, et en sondant des spécialistes de diverses disciplines, ainsi que des citoyens. Les résultats finaux sont prévus en mars 2013. Parions que cela ne mettra pas un terme au débat !

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