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Des musées commémorent les droits de la personne

Ce nouveau concept de musée sert a à sensibiliser la société à la nécessité de défendre ces droits, affirme une professeure de l’UQAM.

par LÉO CHARBONNEAU | 05 DÉC 13

Lorsque le Musée canadien pour les droits de la personne ouvrira officiellement ses portes à Winnipeg, en septembre 2014, il deviendra la dernière incarnation d’un nouveau concept de musées consacrés aux droits de la personne. « C’est un phénomène mondial », affirme Jennifer Carter, professeure au département d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal, qui étudie le phénomène. « Il existe déjà des musées de ce genre au Chili et au Paraguay, et plusieurs au Japon, précise-t-elle. Un tel musée a récemment été inauguré en Corée du Sud. D’autres sont en voie de l’être à Taïwan et en Indonésie, et un autre est prévu au Pakistan. Pratiquement tous ces musées ont été pensés ou inaugurés après 2000. »

Mme Carter ajoute qu’il existe des musées qui, sans y être spécifiquement consacrés, présentent des expositions et des programmes fortement axés sur les droits de la personne. C’est notamment le cas du Holocaust Memorial Museum, à Washington (États-Unis), ou de l’International Slavery Museum, à Liverpool (Angleterre). Ces musées, explique-t-elle, proposent des expositions historiques classiques, mais d’autres également sous un angle plus contemporain. Le Holocaust Memorial Museum abrite ainsi un espace appelé « Take Action », consacré aux génocides contemporains comme ceux du Darfour et du Rwanda.

Selon elle, ces musées « sont le reflet de vastes mouvements pour les droits de la personne au sein de la société et servent à sensibiliser à la nécessité de défendre ces droits ».

L’avènement de ces musées marque par ailleurs un retour à une vision plus ancienne de la notion même de musée. « Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, les musées en tant qu’institutions ont mis l’accent sur leurs collections », explique Mme Carter. Or, le mot « musée » est issu du grec ancien mouseion, qui signifie « temple des Muses ». Il évoquait donc un lieu de dialogue et d’échange dans l’Antiquité. « Je pense qu’on revient aujourd’hui au concept du musée comme un lieu de débat et de dialogue, » affirme-t-elle.

Ainsi, la notion même de droits de la personne peut être envisagée à la lumière de multiples contextes géopolitiques et culturels. Mme Carter a entrepris une étude comparative des divers types de musées consacrés aux droits de la personne afin de déterminer ce qu’ils proposent exactement et la manière dont ils traitent la question. Cette étude est financée par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture, et Mme Carter a également reçu une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines pour étudier plus particulièrement le cas du Musée canadien pour les droits de la personne.

Le nouveau musée canadien sera consacré à divers thèmes liés aux droits de la personne, dont entre autres ceux des peuples autochtones du Canada. Divers débats entourent déjà les termes à utiliser. Par exemple, peut-on qualifier de « génocide » le traitement réservé par le passé aux Autochtones de notre pays? Pour Mme Carter, ces débats sont plutôt positifs : « C’est en débattant que l’on parviendra le mieux à cerner et à comprendre les pratiques en matière de droits de la personne. Apprendre à transformer la controverse en expérience pédagogique pourra se révéler très instructif. »

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