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Des organisations médicales recommandent des réformes majeures de la formation des résidents au Canada

Un nouveau rapport recommande de centraliser davantage la planification du nombre et des types de médecins résidents formés.

par ROSANNA TAMBURRI | 11 JUIN 12

Un nouveau rapport recommande d’apporter aux études médicales postdoctorales des réformes approfondies porteuses de changements susceptibles d’influer sur la prestation des soins de santé au Canada. Rendu public en mars dernier, ce rapport énonce 10 recommandations, dont l’une consiste à revoir le nombre et les types de généralistes et de spécialistes formés, et une autre à opter pour un programme d’études fondé sur les compétences. Les études médicales postdoctorales s’effectuent dans le cadre de programmes de résidence, actuellement offerts par 17 facultés de médecine au Canada. Titulaires d’un diplôme de médecine prédoctoral, les résidents inscrits à ces programmes peuvent opter pour la médecine familiale, pour la chirurgie ou pour d’autres spécialités.

Selon Mark Walton, vice-doyen aux études médicales postdoctorales à l’Université McMaster, la mise en œuvre des ambitieuses réformes recommandées prendra de cinq à 10 ans. « Ces réformes pourraient se répercuter non seulement sur les études postdoctorales et prédoctorales, mais également sur la prestation des soins de santé au pays », affirme-t-il.

L’étude sur laquelle repose le rapport, intitulé « L’Avenir de l’éducation médicale au Canada – Une vision collective pour les études médicales postdoctorales au Canada » (PDF), a été effectuée par l’Association des facultés de médecine du Canada (AFMC) ainsi que par les trois principaux organismes d’agrément canadien, à savoir le Collège des médecins du Québec, le Collège des médecins de famille du Canada et le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Le rapport reprend par ailleurs de nombreuses observations et recommandations issues d’une précédente étude consacrée à la formation médicale prédoctorale, rendue publique en 2010.

Le rapport recommande entre autres de faire en sorte que les programmes de résidence garantissent la formation du bon nombre et des types appropriés de généralistes et de spécialistes, ainsi que la répartition adéquate des résidents. Il souligne que le système de santé a besoin d’un tel équilibre. Malheureusement, un nombre insuffisant de résidents optent pour la médecine générale. En outre, de nombreux segments de la population, comme les Autochtones, les sans-abri, les habitants des collectivités rurales et éloignées ainsi que, de plus en plus, les aînés, se heurtent à des obstacles considérables en matière d’accès aux soins médicaux. « Nous devons répondre aux besoins de la génération des baby-boomers et tenir compte du vieillissement de la population », souligne le docteur Nick Busing, président-directeur général de l’AFMC.

Si l’idée des réformes recommandées n’est pas nouvelle, leur mise en œuvre n’en semble pas moins ardue. Le docteur Busing insiste sur la nécessité, pour les gouvernements provinciaux et les écoles de médecine, de déployer une stratégie nationale qui garantisse la formation du bon nombre et des types appropriés de médecins. « Il nous faut mettre en place un meilleur processus, garant d’une planification centralisée », souligne-t-il.

Le rapport recommande par ailleurs de veiller à ce que les programmes d’études médicales postdoctorales permettent aux résidents d’apprendre et de travailler au sein de divers contextes, ainsi qu’auprès des populations qui reçoivent peu de services. Jusqu’à présent, les résidents effectuaient l’essentiel de leur formation au sein des grands hôpitaux universitaires urbains. Les choses ont commencé à évoluer depuis quelques années avec l’adoption par plusieurs écoles médicales, parmi lesquelles l’École de médecine du Nord de l’Ontario mise sur pied par les universités Lakehead et Laurentienne, d’une méthode axée sur une meilleure répartition des résidents, qui consiste à affecter ceux-ci au sein d’hôpitaux communautaires, de cliniques et d’établissements de médecine familiale. Davantage doit pourtant être fait, selon le docteur Busing : « Il faut que nous formions les futurs médecins dans les endroits mêmes où ils seront appelés à exercer, de manière à ce qu’ils acquièrent l’expérience adéquate », explique-t-il.

L’une des plus audacieuses recommandations du rapport consiste en l’instauration d’un programme d’études « fondé sur les compétences », en vertu duquel les résidents seraient tenus d’acquérir un certain éventail de compétences, peu importe le temps nécessaire pour y parvenir. « Il s’agit en somme de repenser notre vision de la formation médicale », explique le docteur Busing. Les écoles de médecine devront fournir des évaluations continues des résidents, et non plus seulement un examen final.

Mark Walton, de l’Université McMaster, admet que le système actuel, fondé sur le temps, est plus facile à gérer sur le plan logistique. « Si tous ne finissent pas d’acquérir les compétences exigées au même moment, le système sera difficile à gérer dans son ensemble. On risque alors de se diriger vers un système hybride, établi à la fois en fonction du temps et des compétences », estime-t-il.

Le rapport recommande également de veiller à ce que les programmes d’études postdoctorales s’inscrivent dans des contextes propices à l’apprentissage et au travail, et à ce qu’ils tiennent compte de facteurs comme la fatigue des résidents, le manque de sommeil et ce que l’on appelle le « curriculum caché » – à savoir cette culture sous-jacente qui pousse les membres de la profession à accorder plus de valeur à certaines spécialités et sous-spécialités qu’à d’autres.

Depuis quelques années, l’augmentation du nombre des inscriptions au sein des écoles de médecine et des programmes de résidence a provoqué une hausse des besoins en formateurs cliniques, autrement dit en médecins praticiens chargés de former les résidents, souvent bénévolement. « On exige énormément de ces formateurs », souligne le docteur Busing, soulignant que le reste du pays gagnerait à suivre l’exemple du Québec qui a mis en place un système de rémunération des formateurs cliniques.

Le rapport recommande enfin de faciliter et d’assouplir la transition entre les études médicales prédoctorales et postdoctorales, ainsi que de faciliter le passage d’une spécialité à une autre pour les résidents pendant leur formation. Il recommande de plus d’alléger le système de gouvernance complexe qui régit actuellement les études médicales, ainsi que de simplifier les processus d’agrément aux programmes postdoctoraux coûteux et chronophages.

Le précédent rapport sur les études médicales prédoctorales, évoqué plus haut, formulait 15 recommandations visant à modifier les programmes de médecine. Le docteur Busing confirme que bien des choses ont changé depuis sa publication il y a deux ans. Certaines écoles de médecine ont adopté un modèle de formation garant d’une meilleure répartition des résidents, tandis que d’autres ont renforcé la formation axée sur la santé publique et préventive proposée dans le cadre de leurs programmes d’études. « Je pense nous sommes vraiment sur la bonne voie », conclut le docteur Busing.

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