Passer au contenu principal
Actualités

L’étude de la pédagogie de l’enseignement universitaire

Cinq ans après le premier symposium, le concept gagne en force au Canada, mais n’a pas encore déclenché de mouvement national.

par LÉO CHARBONNEAU | 16 AOÛT 10

Il y a cinq ans ce printemps, une centaine d’administrateurs d’université et de collège se sont réunis au campus de Scarborough de l’Université de Toronto dans le cadre du premier symposium canadien sur l’étude de la pédagogie de l’enseignement universitaire. Richard Gale, alors chercheur principal à la Carnegie Foundation for the Advancement of Teaching à Stanford, en Californie, et expert hautement reconnu dans son domaine, y avait présenté un exposé.

Cinq ans plus tard, celui qui a été nommé directeur de l’Institute for Scholarship of Teaching and Learning de l’Université Mount Royal en janvier dernier dit se sentir chez lui au Canada. Dès son entrée en fonction, l’une de ses priorités a consisté à organiser un autre symposium national sur l’évolution du concept au Canada depuis le premier rassemblement.

Le forum canadien de 2010 sur le leadership en matière d’étude de la pédagogie de l’enseignement universitaire a encore une fois attiré une centaine de professeurs chevronnés et hauts dirigeants universitaires, qui se sont réunis à l’Université Mount Royal en mai dernier.

Dans ses remarques d’ouverture, M. Gale a rappelé que la plupart des membres du corps professoral sont ouverts aux conseils et aux techniques qui permettent d’améliorer leur enseignement. Il a toutefois précisé que, pour que leurs efforts soient considérés comme des travaux savants, ils doivent faire l’objet d’un examen méthodique, d’une analyse et d’un examen par les pairs et être diffusés de façon à ce qu’on puisse en tirer parti.

Le concept a été établi en 1990 dans un ouvrage majeur du président de la Carnegie Foundation, Ernest Boyer, intitulé Scholarship Reconsidered: Priorities for the Professoriate. L’auteur y invite les administrateurs universitaires à soutenir et à promouvoir ce type de travaux savants comme étant un élément important du travail du corps professoral. Selon lui, cela est essentiel à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage.

Lors du rassemblement à Calgary, M. Gale a indiqué que, si le concept est maintenant beaucoup plus connu au Canada qu’il y a cinq ans, ce sont encore principalement des groupes isolés qui s’y intéressent; elle n’a pas encore engendré le mouvement national qu’on espérait.

Teresa Dawson, organisatrice du symposium national de Scarborough et actuelle directrice du Learning and Teaching Centre de l’Université de Victoria, abonde dans le même sens : « On avance, mais pas assez vite. Je pense [toutefois] que l’idée est mieux ancrée qu’on ne le pense. Ne soyons pas trop négatifs. Dans certains établissements, les choses avancent très, très bien. »

À l’échelle nationale, la Société pour l’avancement de la pédagogie dans l’enseignement supérieur a fait du concept une orientation stratégique, note Joy Mighty, présidente de l’organisme et directrice du Centre for Teaching and Learning de l’Université Queen’s. La Société vient d’ailleurs de lancer la Revue canadienne sur l’avancement des connaissances en enseignement et en apprentissage et a récemment publié Taking Stock: Research on Teaching and Learning in Higher Education.

Cet ouvrage se fonde sur les exposés présentés lors d’un symposium tenu en avril 2008 et organisé par le Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur. Ce dernier appuie fortement la recherche sur l’enseignement et l’apprentissage en Ontario; il s’agit du seul organisme provincial canadien à financer ce type de travaux de façon soutenue.

Il persiste toutefois un problème d’image. Lorsqu’on lui demande si le corps professoral de son établissement est au fait du concept, Maureen Mancuso, vice-rectrice à l’enseignement à l’Université de Guelph, répond : « Pas vraiment ». Fred Evers, qui était jusqu’à récemment directeur du centre de soutien à l’enseignement de l’établissement, ajoute : « Il y a un petit noyau de gens qui suivent le mouvement, mais non, ce n’est pas la majorité des professeurs. »

En cette période de restrictions budgétaires, M. Gale affirme qu’un des moyens d’appuyer le concept consiste à l’intégrer à des initiatives déjà en place au sein des établissements, comme l’Enquête nationale sur la participation étudiante (NSSE), à laquelle des dizaines d’universités canadiennes participent chaque année. « L’étude de la pédagogie de l’enseignement universitaire a beaucoup en commun avec les mesures d’évaluation des établissements, mais je crois qu’on les met rarement en lien », soutient le directeur de la NSSE, Alexander McCormick, de l’Université de l’Indiana.

Un obstacle a été mentionné à de nombreuses reprises lors du symposium : le manque de financement des activités liées à ce concept. La question du financement « doit devenir prioritaire au cours des prochaines années pour que ce mouvement devienne autre chose qu’une modeste opération de guérilla », a fait observer Pierre Zundel, recteur de l’Université de Sudbury. Il a également souligné l’importance d’intégrer le concept à une « culture élargie soutenant l’enseignement de grande qualité » et de reconnaître ce type de travaux dans le processus de titularisation et de promotion, point de vue que partagent de nombreux intervenants présents à Calgary.

COMMENTAIRES
Laisser un commentaire
University Affairs moderates all comments according to the following guidelines. If approved, comments generally appear within one business day. We may republish particularly insightful remarks in our print edition or elsewhere.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Click to fill out a quick survey