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Étudiant.e.s provenant de l’étranger : l’Ontario dévoile sa répartition

Les établissements postsecondaires ontariens sont satisfaits de la manière dont la province a distribué son lot de permis d’études d’étudiant.e.s de l’étranger pour 2024.

par MOIRA MACDONALD | 11 AVRIL 24

Selon le Conseil des universités de l’Ontario (CUO), la province est fin prête à traiter les demandes d’étudiant.e.s provenant de l’étranger de premier cycle espérant fréquenter l’une de ses universités cette année. Après une interruption de plus de deux mois provoquée par l’imposition de nouveaux plafonds fédéraux d’émission de permis d’études, « c’est toutes voiles dehors », lance Steve Orsini, président-directeur général du CUO, avant d’ajouter qu’il y a un certain retard à rattraper.

Le ministère des Collèges et Universités de l’Ontario a annoncé le 27 mars que 96 pour cent des 235 000 demandes de permis d’études allouées à la province cette année – plus du tiers du total national – seront attribués aux établissements postsecondaires publics. Le contrôle s’effectuera grâce à l’émission de la lettre d’attestation provinciale (LAP) que chaque étudiant.e de l’étranger accepté.e doit transmettre au ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté dans le cadre de sa demande de permis d’études. Quelque 80 % des LAP devraient être attribuées à des collèges publics, ce qui en laissera environ 16 % pour les universités et 4 % pour les écoles de langue, les universités privées et d’autres établissements. Les collèges professionnels privés ne se verront pas attribuer de LAP.

Selon M. Orsini, les universités publiques obtiennent une part inférieure aux 35 % qu’elles réclamaient. Le CUO avait aussi demandé que les universités où les étudiant.e.s provenant de l’étranger représentent moins de 35 % des inscriptions puissent obtenir « un peu plus de permis », mais il a essuyé un refus. Le CUO juge que la décision du gouvernement ontarien reconnaît néanmoins que les universités ont une approche responsable du recrutement d’étudiant.e.s provenant de l’étranger. « C’était la partie la plus importante de l’annonce, dit M. Orsini. Les bons établissements n’ont pas été pénalisés. »

L’Ontario, qui accueille la plus forte proportion d’étudiant.e.s étranger.ère.s au pays, a été l’une des dernières provinces à mettre en place son système d’émission de LAP, ce qui a ajouté aux délais pour les établissements qui étaient déjà en plein traitement des demandes pour la prochaine année scolaire. Le lendemain de l’annonce du 27 mars, la province avait déjà émis par l’intermédiaire du Centre de demande d’admission aux universités de l’Ontario plus de 2 000 des lettres exigées.

Fin janvier, le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, avait annoncé des restrictions du nombre de demandes de permis d’études au cours des deux prochaines années, surtout pour les étudiant.e.s de l’étranger souhaitant s’inscrire dans des programmes de premier cycle de collèges et d’universités. La décision visait à mettre un peu d’ordre dans un programme d’immigration en forte croissance que le ministre décrivait comme étant « un peu chaotique ». On s’attendait à ce que la limite de 606 250 demandes en 2024 se traduise par l’approbation d’un total de 364 000 permis d’études cette année pour les groupes plafonnés, soit une baisse de 35 % par rapport à 2023. Les étudiant.e.s de l’étranger s’inscrivant à des programmes de maîtrise, de doctorat ou d’enseignement primaire ou secondaire ou encore demandant le renouvellement d’un permis n’étaient pas comptabilisé.e.s dans cette cible. Les provinces et les territoires avaient jusqu’au 31 mars pour mettre en place un système d’émission de LAP en fonction de l’allocation fédérale basée sur leur population, les volumes antérieurs de demandes de permis et les taux d’approbation.


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Dans le cadre du nouveau plan de l’Ontario, les établissements ne pourront pas dépasser le nombre de demandes de permis présentées en 2023. Ce nombre ne pourra pas non plus dépasser 55 % de leurs inscriptions d’étudiant.e.s canadien.ne.s de première année en 2023, sauf pour les programmes associés à une forte demande du marché de l’emploi. Selon Marketa Evans, présidente-directrice générale de Collèges Ontario, la soudaineté des changements opérés par le fédéral a entraîné « l’effondrement » des inscriptions pour la cohorte du printemps – qui représente généralement 25 % des inscriptions annuelles des collèges publics – et des « suspensions immédiates de programmes ». Des 24 collègues publics, 13 enregistreront une baisse des demandes de permis d’études cette année, y compris le Collège Conestoga de Kitchener, qui avait le nombre de permis le plus élevé au Canada l’an dernier. Cela dit, la province affirme que 22 des 23 universités publiques ne subiront pas de baisse par rapport à 2023. Seule l’Université Algoma, où les étudiant.e.s de l’étranger forment la majorité de ses plus de 5000 inscriptions, devra composer avec une réduction.

Présidente et vice-chancelière de l’Université Algoma, Asima Vezina a soutenu dans une déclaration que la décision de la province n’aurait pas d’incidence sur les étudiant.e.s et ne devrait pas non plus en avoir sur les niveaux de dotation. Elle a cependant précisé que l’université analyserait les informations venant des administrations provinciales et fédérale « dans les jours à venir » pour évaluer leur incidence potentielle sur les futures populations étudiantes ainsi que sur l’établissement et les collectivités où il est présent, à savoir Sault Ste. Marie, Timmins et Brampton. « L’Université Algoma affiche une situation financière solide et stable, et notre cadre de planification stratégique nous permettra de nous adapter à ce changement, qui concorde avec notre projet de modérer la croissance à partir de 2024 », a-t-elle déclaré.

L’Université Algoma est l’un des quatre établissements de taille modeste dont la gestion financière a été examinée par le Bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario en 2022. Selon le rapport de cette dernière, l’établissement tirait la majeure partie de ses revenus des inscriptions à son campus de Brampton, où la plupart des étudiant.e.s proviennent de l’Inde. Cet établissement était aussi la seule université visée par le rapport à dégager un excédent d’année en année. Dans son rapport, la vérificatrice générale prévenait que la forte dépendance des universités aux inscriptions d’étudiant.e.s de l’étranger, découlant de l’imposition d’une réduction et d’un gel de droits de scolarité, pose des risques qui échappent au contrôle du Ministère et du secteur des universités.


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Priorisation

Le ministère des Collèges et Universités de l’Ontario souhaite aussi que la priorité soit donnée aux demandes d’inscription d’étudiant.e.s de l’étranger dans des programmes de langue française ou des programmes menant à des secteurs où la demande de main-d’œuvre est élevée, comme les soins de santé, les sciences, les technologies et les mathématiques. Le ministère n’a pas précisé les mécanismes d’application de ces exigences. M. Orsini souligne que la diplomation dans les universités ontariennes est déjà très alignée sur les besoins du marché de l’emploi et que la province n’a imposé aux établissements aucune limite formelle autre que leur allocation totale de LAP.

Selon Meti Basiri, cofondateur et chef de la direction d’ApplyBoard, recruteur en ligne d’étudiant.e.s de l’étranger, la province signale peut-être aux établissements que leurs choix d’admissions cette année – y compris pour les programmes auxquels sont admis des étudiant.e.s étranger.ère.s – auront une incidence sur la répartition du nombre de LAP l’an prochain.

« Il se pourrait très bien qu’à la session de janvier, les établissements publics canadiens mettent plus que jamais l’accent sur les métiers spécialisés et sur les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques, ce qui serait une excellente chose », dit M. Basiri, un ancien étudiant international du Collège Conestoga.

Cependant, privilégier les programmes orientés vers le marché du travail « passe à côté de l’essentiel », indique l’organisation qui représente les professeur.e.s d’université de l’Ontario. « Certaines universités offrent déjà de tels programmes et auront accès à l’allocation, mais nous nous inquiétons pour les petites universités, celles des régions plus rurales et du Nord, qui ne disposent pas forcément des programmes vers lesquels le gouvernement souhaite orienter les étudiant.e.s de l’étranger », explique Nigmendra Narain, président de l’Union des associations des professeur.e.s des universités de l’Ontario (OCUFA).

Si l’OCUFA se réjouit de constater que presque toutes les LAP iront à des étudiant.e.s s’inscrivant dans des établissements publics, M. Narain note que la décision n’améliore en rien le sous-financement des universités ontariennes et ne réduira pas le problème de l’exorbitante facture de droits de scolarité que les étudiant.e.s provenant de l’étranger doivent payer.

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