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Fin du mandat de la Fondation

La Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire était l’un des seuls organismes à financer la recherche nationale sur l’accès aux études collégiales et universitaires

par ROSANNA TAMBURRI | 05 OCT 09

La Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire réduira progressivement ses activités à compter de l’an prochain, laissant derrière elle un grand vide dans le système de recherche postsecondaire au Canada, selon les observateurs.

« J’estime que la Fondation nous a grandement aidés à mieux comprendre les questions liées à l’accès aux études au Canada, affirme Gary Evans, directeur de la Division des relations avec les gouvernements et des affaires publiques à l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC). Son apport nous manquera assurément. »

Lors du budget de 2008, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il ne renouvellerait pas le mandat de la Fondation en 2010. Il lancera plutôt cet automne un nouveau programme de subventions aux étudiants administré par Ressources humaines et Développement des compétences Canada en remplacement des bourses générales du millénaire et des bourses d’accès du millénaire, versées par la Fondation depuis 2000. Aucune mesure n’a été prise pour remplacer les bourses de mérite remises dans le cadre du Programme de bourses d’excellence du millénaire.

À compter de janvier, la Fondation ne sera plus en mesure de remettre de bourses et réduira peu à peu ses activités pour finalement être dissoute en juillet 2010, peut-on lire sur son site Web. Son rapport annuel pour l’exercice 2009 ainsi que ses derniers rapports de recherche seront publiés d’ici là. Les représentants de la Fondation ont décliné les demandes d’entrevue dans le cadre du présent article.

La Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire a été créée il y a 10 ans pour accroître la participation aux études collégiales et universitaires des personnes à faible revenu et d’autres groupes sous-représentés, comme les étudiants autochtones ou vivant en région rurale. Depuis 2000, elle a versé quelque 750 000 bourses générales et bourses d’excellence d’une valeur totalisant plus de deux milliards de dollars, a financé un important programme de recherche sur les obstacles aux études postsecondaires chez les groupes sous-représentés et a proposé des politiques pour éliminer ces obstacles.

Ses activités de recherche ont suscité un grand d’intérêt dès le départ, entre autres parce que la Fondation était l’un des rares organismes nationaux à financer la recherche consacrée aux études postsecondaires, qui relève généralement des provinces. Elle a créé un carrefour national d’activités de recherche menées par divers groupes et universitaires sur des questions liées à l’aide financière aux étudiants et à l’accès aux études supérieures. « Le vif succès de la Fondation s’explique en partie par son mandat très précis ciblant les questions d’accès aux études », estime M. Evans, qui y a travaillé pendant un certain temps.

Les bourses de la Fondation, ajoute M. Evans, sont partiellement responsables de la stabilisation de la dette étudiante, qui a connu une hausse spectaculaire pendant les années 1990. L’AUCC se réjouit de la décision du gouvernement fédéral de maintenir l’aide aux étudiants dans le besoin par l’entremise du nouveau Programme canadien de subventions aux étudiants, mais elle juge nécessaire la présence d’un tiers indépendant pour coordonner et appuyer la recherche sur l’accès aux études postsecondaires, comme le faisait la Fondation, précise-t-il.

Un des fleurons du programme de recherche de la Fondation est le Prix du savoir, un rapport bisannuel analysant les tendances en matière de taux de participation, de frais de scolarité, de dette d’études, d’aide financière et de dépenses publiques en éducation, entre autres choses. La Fondation a également organisé des conférences sur la recherche et les politiques et mis sur pied plusieurs projets pilotes dans des écoles secondaires de partout au Canada afin d’évaluer l’efficacité des interventions précoces et de différentes méthodes visant à favoriser la participation des groupes sous-représentés aux études supérieures.

La Fondation prévoit s’associer au YMCA de la région du Grand Toronto et à d’autres organisations pour présenter la première conférence du Partenariat canadien pour l’accès aux études post-secondaires. Des ateliers et des tables rondes sur l’amélioration de l’accès à l’éducation postsecondaire sont prévus à l’horaire de cette conférence de trois jours qui aura lieu à Toronto à la fin d’octobre. Elle tiendra sa dernière conférence en novembre également à Toronto.

Les études financées par la Fondation ont été parmi les premières à établir l’importance des obstacles non financiers, comme les antécédents familiaux et le rendement scolaire, à l’accès aux études universitaires. « Par son travail, la Fondation a attiré l’attention sur les questions liées à l’accessibilité. Grâce à elle, le débat ne se limite plus au manque d’argent », estime Sean Junor. M. Junor a travaillé à la Fondation à ses débuts. Il occupe aujourd’hui un poste de spécialiste des ressources humaines au sein de l’entreprise Cameco, établie à Saskatoon.

L’importance accordée par la Fondation aux facteurs autres que financiers en a irrité plusieurs et a donné lieu à des débats animés, en particulier chez certains groupes d’étudiants qui ont rejeté avec véhémence les conclusions et soutenu que les frais de scolarité élevés demeurent le principal obstacle à l’accès aux études supérieures. « C’est probablement la plus grande frustration engendrée par les travaux de la Fondation », ajoute M. Junor.

David Robinson, directeur exécutif associé de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, affirme que « [la Fondation] a sans contredit suscité une grande contro-verse ». Cette controverse était en partie attribuable au fait que la Fondation offrait une aide financière aux étudiants tout en finançant des travaux qui, de l’avis de certains groupes, allaient à l’encontre de son objectif premier. « Notre Association estime que la Fondation aurait dû se concentrer principalement sur l’aide financière aux étudiants, puisque c’était sa raison d’être initiale », ajoute M. Robinson.

Selon Ross Finnie, professeur à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa et directeur de recherche d’un important projet financé par la Fondation, plusieurs propositions ont été formulées pour remplir la fonction de recherche laissée vacante par la Fondation, mais il est impossible de savoir si l’une ou l’autre sera retenue.

 

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