Stacy Costa, candidate au doctorat de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO) de l’Université de Toronto, se passionne pour les jeux d’esprit depuis son enfance. Comme elle était enfant unique, ses parents l’encourageaient à résoudre des énigmes pour l’occuper, mais aussi pour l’aider à cultiver sa vivacité d’esprit. Puis, lorsqu’elle était étudiante au premier cycle à l’Université de Toronto, une professeure a demandé à ses étudiants de choisir entre la conception d’un jeu d’esprit ou la rédaction d’un travail final. Elle a décidé de créer un jeu d’esprit (un cube Rubik composé de numéros au lieu de couleurs), et c’est à ce moment qu’elle a eu une révélation.
« Il n’y a aucune récompense [lorsqu’on résout un jeu d’esprit]. Il n’y a aucun prix à gagner. Seulement de la joie et un sentiment de satisfaction », dit-elle.
Son intérêt pour les jeux d’esprit l’a amenée à devenir auxiliaire à l’enseignement pour le cours qui a fait naître sa passion, et à créer des jeux d’esprit pour le Toronto Star, le gouvernement de l’Ontario ainsi que pour une campagne de boîtes de céréales. Aujourd’hui, dans le cadre de ses études de doctorat, Mme Costa s’intéresse principalement à l’apprentissage en ligne, au perfectionnement des enseignants et à la formation des ingénieurs. Or, au cours des derniers mois, la popularité des jeux d’esprit n’a cessé d’augmenter et la doctorante a tenté de trouver pourquoi ils sont devenus si populaires pendant la pandémie.
Selon Mme Costa, cela s’explique par le fait que nous préférons naturellement l’ordre au chaos. Les gens sont attirés par les jeux d’esprit lorsqu’ils sont envahis d’un sentiment d’impuissance dans le monde qui les entoure. « Résoudre des énigmes nous permet d’exercer un certain contrôle », dit-elle. En outre, ces jeux constituent un excellent passe-temps en période de confinement, car ils permettent aux gens de prendre une pause de leur écran et des sources de stress comme les actualités et les fils de nouvelles sur Twitter.
Sans compter que ces jeux sont généralement peu onéreux (il existe plusieurs options gratuites en ligne) et variés; il y en a donc pour tous les goûts. On peut facilement passer des heures à résoudre un mot croisé ou un sudoku en solitaire ou encore à faire un casse-tête en famille. Il s’agit d’ailleurs d’un excellent outil de communication, affirme Mme Costa. « Ces jeux favorisent les échanges et peuvent aider à aborder certains sujets difficiles », dit-elle.
Pour l’occasion, Mme Costa a préparé un jeu d’esprit à l’intention des lecteurs du magazine Affaires universitaires.
« Nous connaissons déjà très bien les casse-têtes, les mots croisés et les sudokus. Je voulais donc créer un jeu différent pour offrir une expérience nouvelle », explique-t-elle. Ce jeu accessible peut facilement être réalisé avec des enfants ou des personnes âgées, et fait appel au langage universel de la géométrie. Il permet également de tirer des conclusions très intéressantes. « Quand je fais ce jeu avec de grands groupes, chaque personne arrive à un résultat différent. C’est à la fois frustrant et extrêmement intéressant pour moi, parce que je constate que chacun utilise sa propre méthode. »
Vous avez envie de résoudre un jeu d’esprit à la maison? Mme Costa recommande de sortir de votre zone de confort. Si vous êtes doué pour les mots croisés, essayez les jeux qui font appel au dénombrement de figures. Si vous préférez les casse-têtes, essayez un cube Rubik. Les gens aiment le sentiment de satisfaction intense que procure la résolution d’un jeu d’esprit, mais « vous n’obtiendrez pas de bienfaits cognitifs si vous choisissez toujours le même type de jeux », dit-elle.
Si vous êtes néophyte, achetez un livre de jeux pour débutant en librairie ou même au magasin à un dollar, dit-elle. « J’espère que ce petit exercice donnera à vos lecteurs l’envie de découvrir les jeux d’esprit. »