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La grande solution à la pénurie de médecins

par DOMINIQUE FORGET | 12 FEV 07

Les premiers étudiants du centre de formation médicale lancé en Mauricie par la Faculté de médecine de l’Université de Montréal n’ont pas encore décroché leur diplôme que déjà, les effets du programme se font sentir dans la région. Au cours des trois dernières années, le nombre de médecins spécialistes a augmenté de 15 pour cent au Centre hospitalier régional de Trois-Rivières et au Centre de santé et de services sociaux de l’énergie, à Shawinigan. Selon le Dr Pierre Gagné, vice-doyen adjoint à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et responsable de l’implantation du programme, les nouveaux venus seraient attirés par la récente affiliation universitaire des hôpitaux.

Inauguré en 2004, le centre de formation décentralisée se veut une solution à la pénurie de professionnels de la santé vécue en Mauricie, comme dans la plupart des régions du Québec. Le gouvernement a beau offrir des mesures incitatives alléchantes, les médecins ont du mal à tourner le dos à Montréal, à Québec ou à Sherbrooke. Selon le Dr Maurice Lamarche, président de la Société de médecins ruraux du Québec, ses collègues ne boudent pas uniquement les régions pour des motifs personnels. « Ils ont été formés dans des hôpitaux universitaires et ont l’habitude de compter sur toute une équipe de spécialistes. Plusieurs flanchent sous la pression des responsabilités quand ils arrivent dans les petites communautés. »

Pour pallier ces lacunes, le centre de la Mauricie offre une formation en adéquation avec la réalité des régions. Le programme – contrairement à celui de l’Université de la Colombie-Britannique dont il s’est inspiré – permet aux étudiants de suivre l’intégralité de leur formation à l’extérieur des centres urbains : une année préparatoire d’abord, donnée par les professeurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières; deux années pré-cliniques ensuite, offertes par des médecins affiliés à l’Université de Montréal, mais établis en Mauricie; deux années d’externat enfin, dans les centres hospitaliers de la Mauricie. « Les étudiants n’ont besoin de se rendre à Montréal que pour passer leurs examens d’entrée », indique fièrement le Dr Pierre Gagné.

L’Université de Sherbrooke a emboîté le pas à l’Université de Montréal en septembre dernier, en lançant non pas un, mais deux centres de formation médicale décentralisée : un premier à Saguenay, un second à Moncton, au Nouveau-Brunswick. « Comme à Trois-Rivières, la possibilité d’évoluer dans un milieu de formation attire les omnipraticiens et les spécialistes », affirme le Dr Paul Grandmaison, vice-doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. « On constate même un effet sur le recrutement de physiothérapeutes, de psychologues ou d’autres professionnels de la santé. »

Les responsables des nouveaux programmes sont eux-mêmes agréablement surpris par la vitesse à laquelle les centres ont été implantés et par le niveau d’enthousiasme généré. « Il faut dire que nous avons conservé l’intégralité du programme de l’Université de Sherbrooke, avec ses modes d’apprentissage et ses critères d’excellence, précise le Dr Grandmaison. La présence de partenaires en région, dont l’Université du Québec à Chicoutimi et l’Université de Moncton, a facilité la transplantation. »

Le modèle tranche avec celui de l’école de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) qui a accueilli son deuxième groupe de 56 étudiants en septembre 2006 : 24 à son campus de Thunder Bay et 32 à celui de Sudbury. « L’EMNO est une école de médecine à part entière », explique le Dr Roger Strasser, doyen fondateur de l’école. « Certes, nous avons établi des partenariats avec l’Université Lakehead et l’Université Laurentienne, mais nous avons conçu un nouveau programme de médecine de A à Z. »

L’école offre des cours adaptés spécifiquement aux réalités des collectivités du Nord de l’Ontario. Il est notamment question de la culture des communautés autochtones et francophones. « Nos étudiants doivent passer une année entière à l’extérieur de Sudbury ou de Thunder Bay, dans les communautés isolées », ajoute le Dr Strasser.

Reste à savoir si les futurs médecins resteront fidèles à la région de leur alma mater une fois leur doctorat en poche. Au Québec comme en Ontario, ils seront libres d’entreprendre leur résidence dans le centre hospitalier de leur choix. « Les étudiants de Trois-Rivières reçoivent le même enseignement qu’à Montréal et peuvent poursuivre leur formation en ville ou en région, explique le Dr Pierre Gagné. Cependant, plusieurs ont déménagé leurs pénates en Mauricie pour suivre leurs études. Ils ont tissé des liens avec les gens du coin. En plus, leur formation les prépare à travailler dans un centre régional. »

Pour Frédéric Lemaire, étudiant en deuxième année à Trois-Rivières, le choix est déjà arrêté. « J’ai été accepté dans toutes les facultés de médecine, mais j’ai choisi la Mauricie. Mes racines sont ici, j’aimerais bien y rester. S’il n’y a pas de place pour moi, j’irai ailleurs en région, mais pas en ville, c’est certain. »

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