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La nouvelle exposition de l’Université Algoma commémore le site d’un ancien pensionnat autochtone

« L’exposition Reclaiming Shingwauk Hall raconte ce qui nous est arrivé, à moi et [à des milliers d’autres] enfants », explique un survivant des pensionnats autochtones.

par SNEH DUGGAL | 25 SEP 18

Dès qu’ils franchissent les portes du pavillon Shingwauk de l’Université Algoma, les visiteurs sont plongés dans une nouvelle exposition qui leur rappelle où ils se trouvent : à l’intérieur des murs de l’ancien pensionnat autochtone Shingwauk.

Intitulée Reclaiming Shingwauk Hall, l’exposition retrace l’histoire des pensionnats Shingwauk et Wawanosh en relatant leur transformation pendant les périodes industrielle et résidentielle ainsi que l’expérience vécue par les élèves.

« Cette exposition, qui a vu le jour à l’initiative des survivants et de la communauté, revêt une grande importance pour eux puisqu’elle leur permet de cicatriser les plaies [et] de se réapproprier l’espace communautaire », affirme Krista McCracken, chercheuse et conservatrice au Shingwauk Residential Schools Centre (SRSC) de l’Université, qui a dirigé le projet en collaboration avec la Children of Shingwauk Alumni Association (CSAA). « C’est un outil pédagogique d’une grande importance pour la communauté locale [et] pour les gens d’ailleurs au pays. »

« L’exposition raconte ce qui nous est arrivé, à moi et [à des milliers d’autres] enfants », précise Mike Cachagee, membre de la Première Nation des Cris de Chapleau et membre fondateur de la CSAA, qui a passé plus de 12 ans dans trois pensionnats, dont celui de Shingwauk. « C’est important pour moi, pour ma famille [et] pour ma communauté. C’est une partie de moi. »

Inaugurée le 3 août, l’exposition est divisée en trois galeries.

L’exposition Reclaiming Shingwauk Hall a été inaugurée le 3 août 2018 à l’Université Algoma.
Photos gracieuseté de l’Université Algoma.

 
 
 
 
 
 
 
 

La première, From Teaching Wigwam to Residential School, est consacrée au chef Shingwauk (Shingwaukonse) de la nation ojibwée et à son projet « d’écoles wigwam » – un lieu d’éducation où s’entremêlent connaissances européennes et traditions des peuples anishinaabés. Cette partie de l’exposition porte sur la façon dont la vision du chef s’est évanouie avec la mise en place des pensionnats ainsi que sur sa réhabilitation par l’Université Algoma, explique Mme McCracken.

La deuxième galerie, Life at Shingwauk Home: An Indian Residential School, dépeint l’expérience vécue par les élèves jusqu’à la fermeture de l’école en 1970. La troisième, We are all Children of Shingwauk, célèbre les réussites et la résilience des survivants, de leurs familles et des étudiants anishinaabés actuels, poursuit Mme McCracken.

Cette dernière galerie comprend une variété de portraits et de récits, dont ceux d’élèves de première et deuxième génération. Des survivants ont écrit leur histoire après se l’être réappropriée, explique Trina Cooper-Bolam, conceptrice et coconservatrice de l’exposition. Jonathan Dewar and Jeff Thomas en sont les deux autres coconservateurs. L’exposition comporte aussi des portraits d’étudiants actuels de l’Université Algoma – des étudiants qui sont maîtres de leur destin, ajoute Mme Cooper-Bolam.

Shirley Roach (à gauche) et Shirley Horn, chancelière de l’Université Algoma, sont des survivantes du pensionnat autochtone Shingwauk. Elles ont participé à l’inauguration de l’exposition Reclaiming Shingwauk Hall le 3 août 2018. Photo de Cody Spahr.

« Nous avons vu là une excellente occasion de raconter exactement ce qui s’est passé dans les pensionnats autochtones », affirme M. Cachagee, ajoutant que l’exposition avait rassuré bon nombre de survivants quant à la préservation de leur histoire, y compris ceux qui ont fréquenté d’autres pensionnats.

Susie (Kicknosway) Jones, membre de la CSAA, avoue avoir hésité au départ. Elle a été forcée de quitter sa famille, à Walpole Island, pour se rendre à Shingwauk alors qu’elle avait à peine cinq ans. Deux de ses frères sont aussi allés à Shingwauk, et l’un d’eux y est mort moins d’un an après son arrivée. Une visite sur place a convaincu Mme Jones de la valeur pédagogique de l’exposition, qui l’aidera à raconter son histoire, chose que la femme de 82 ans a entrepris de faire depuis sa retraite.

Le projet a permis à d’anciens élèves, comme M. Cachagee et Mme Jones, de « s’exprimer en toute franchise sur les épreuves qu’ils ont subies au pensionnat », affirme Don Jackson, cofondateur, à la fin des années 1970, du projet Shingwauk (devenu le SRSC). Ce dernier a été très ému de voir le produit final, qui représente des décennies de recherche et de travail avec les peuples autochtones pour obtenir la reconnaissance et la compréhension de la population.

« C’est une histoire exceptionnelle de résilience, d’amour, de partage, de guérison et d’apprentissage. Nous avons puisé dans nos souvenirs pour les transmettre à ceux qui suivront… et qui continueront la lutte », conclut M. Jackson.

La prochaine phase de l’exposition est prévue pour 2019.

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