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La résilience des jeunes Méganticois étudiée

Quatre ans après la tragédie, deux chercheuses de l’UQAC ont brossé un portrait des jeunes de Lac-Mégantic.

par CATHERINE COUTURIER | 10 SEP 18

Après s’être intéressées aux adultes de Lac-Mégantic à la suite de l’accident ferroviaire qui a détruit le centre-ville de cette municipalité québécoise, les professeures Danielle Maltais et Ève Pouliot, de la Chaire de recherche sur les événements traumatiques, la santé mentale et la résilience de l’Université du Québec à Chicoutimi, se sont penchées sur la santé des jeunes. Les résultats de cette étude sont au cœur du livre Être jeune et exposé à un désastre technologique, publié le printemps dernier aux Presses de l’Université du Québec et disponible gratuitement en format PDF.

Au printemps 2016, une trentaine de représentants d’organismes et de citoyens de Lac-Mégantic se rassemblaient pour une journée de réflexion. « Les intervenants ont identifié quatre priorités, dont celle de dresser un portrait des jeunes de moins de 25 ans », raconte Mme Maltais. La Direction de la santé publique (DSP) du Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSS de l’Estrie-CHUS) a donc mandaté les deux professeures en travail social, en collaboration avec un médecin et des membres de l’équipe de proximité de la DSP, pour entreprendre une étude mixte auprès des élèves de 5e et 6e année du primaire, du secondaire, du collégial et à l’éducation aux adultes. La recherche s’est construite et poursuivie avec la proche collaboration des écoles et du milieu : « On voulait vraiment répondre aux besoins des gens », affirme Mme Maltais.

L’accident ferroviaire de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013 a provoqué des explosions qui ont tué 47 personnes.Photo par: Bureau de la Sécurité des Transports du Canada.

À travers des questionnaires et des groupes de discussion, l’étude a donné la parole à 1 110 jeunes de 25 ans et moins. « On ne voulait pas seulement dresser un état de santé psychologique, mais aussi faire un portrait global des jeunes; comment ceux-ci fonctionnent dans leur famille et leur communauté? », expliquent les chercheuses.

On observe bien quelques données préoccupantes par rapport à la santé psychologique des jeunes, « mais ce n’est pas anormal que les conséquences d’une telle tragédie perdurent 4 ans après », nuance Mme Pouliot. Ainsi, même si les intervenants du milieu avaient des soupçons, les chercheuses ont été surprises de voir que le nombre de pensées suicidaires et d’automutilation répertorié était plus élevé qu’ailleurs au Québec. La recherche a également permis de constater que les jeunes hommes de 18 à 25 ans étaient les plus fragilisés. Les résultats ont amené le ministère de la Santé et des Services sociaux à accorder une subvention pour l’embauche d’une travailleuse sociale pendant trois ans.

Malgré tout, les jeunes veulent passer à autre chose. « Ils sont fatigués que Lac-Mégantic ne soit connue que par la tragédie, affirme Mme Maltais. Le livre est plein d’optimisme. » Soucieuse de la qualité de vie et la santé de sa population, la communauté tissée serrée de Lac-Mégantic s’avère un milieu dynamique et résilient. La professeure Maltais souligne que les jeunes sont entourés de facteurs de protection comme leur famille ou leur école, et ont une estime d’eux-mêmes très élevée. « Les jeunes se portent mieux que les adultes », résume-t-elle.

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