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L’ABC de l’immersion française à l’université

Un nouvel ouvrage propose un cadre administratif et pédagogique pour mettre en place des programmes d’immersion française dans les universités.

par JEAN-FRANÇOIS VENNE | 05 DÉC 16

Très peu d’universités canadiennes offrent des programmes d’immersion française. Pourtant, ces initiatives pullulent aux niveaux primaire et secondaire. Un récent ouvrage analyse cette rareté et offre des solutions pour favoriser l’émergence de tels programmes.

En 2012, lors d’un forum scientifique international organisé à Ottawa sur l’immersion en français dans les universités, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, déplorait l’absence presque totale de ce type de programmes au Canada. De fait, l’offre actuelle se limite à l’Université d’Ottawa, au Collège Glendon de l’Université York, au Campus St-Jean de l’Université de l’Alberta et à l’Université Simon Fraser.

Selon le commissaire Fraser, cela était d’autant plus déplorable que plus de 340 000 élèves canadiens sont inscrits en immersion en français au primaire et au secondaire. Or, dès leur 12e année terminée, la plupart retourne dans des établissements anglophones, faute de pouvoir poursuivre leur immersion. Faire de tels efforts au primaire et secondaire et ne pas les poursuivre au niveau postsecondaire ne constitue-t-il pas un gaspillage ?

Construire une pédagogie

Lors du forum, les deux organisatrices, les professeures de l’Institut des langues officielles et du bilinguisme de l’Université d’Ottawa, Hélène Knoerr et Alysse Weinberg, écoutent avec attention la conférencière invitée, Aline Gohard-Radenkovic, de l’Université de Fribourg, en Suisse. Cette dernière soutient qu’il faut élaborer une pédagogie propre à l’immersion française en milieu universitaire. Celle-ci n’existe tout simplement pas, et l’on ne peut employer dans un établissement postsecondaire les méthodes utilisées dans les écoles primaires ou secondaires. Il faut un nouveau paradigme.

« En discutant, nous avons rapidement conclu que puisque cette pédagogie n’existait pas, il fallait la créer, et que nous allions nous atteler ensemble à cette tâche », raconte Mme Knoerr. C’est le coup d’envoi d’un projet qui mènera à la rédaction de l’ouvrage collectif L’immersion française à l’université, politiques et pédagogies, publié récemment aux Presses de l’Université d’Ottawa.

Un cadre souple et adaptable

En plus de recenser les programmes qui existent actuellement, l’ouvrage propose un cadre administratif, méthodologique et pédagogique pour mettre en place de telles initiatives. Il tente de le faire en tenant compte des besoins et des moyens très divers des établissements. Par exemple, il y a environ 25 étudiants inscrits au programme offert à l’Université Simon Fraser, alors que celui de l’Université d’Ottawa en accueille 700 par année. Forcément, il faut imaginer des outils différents.

« Il fallait élaborer ce cadre sur trois niveaux, soit celui des politiques et du financement favorisant l’émergence de ces programmes, les services et l’encadrement offerts aux étudiants et aux professeurs des diverses disciplines, ainsi que les besoins spécifiques de chaque université en fonction de sa situation, explique Mme Knoerr. Par exemple, l’Université d’Ottawa est une université bilingue, offrant toutes les disciplines dans les deux langues. C’est plus facile d’y instaurer et d’y maintenir un programme d’immersion que dans un établissement qui part de zéro. »

Mme Knoerr espère bien entendu que cet ouvrage contribuera à aplanir les difficultés qui freinent l’émergence de programmes d’immersion française dans les universités. Après tout, l’immersion française au primaire et au secondaire existe déjà depuis les années 1960. Le livre sera d’ailleurs au centre d’un symposium sur l’immersion à l’Université d’Ottawa en mai 2017.

« Nous souhaitons que notre livre encourage les administrateurs à offrir des programmes d’immersion dans leur établissement, et incite les étudiants à tenter l’aventure », confie Mme Knoerr. Et pourquoi ne favoriserait-il pas l’implantation de tels programmes dans d’autres pays, par exemple des programmes d’immersion en espagnol aux États-Unis? Le cadre élaboré dans l’ouvrage ne se limite ni au Canada ni à la langue française. »

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