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Le Conseil national de recherches du Canada présente un plan de réforme de quatre ans

La récente réforme du CNRC vise à accroître l’engagement et à rehausser le moral.

par BRIAN OWENS | 08 JAN 18

Dans le cadre de sa récente série de réformes, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) lancera un programme postdoctoral, nommera un conseiller scientifique en chef et établira un Comité du président sur l’excellence en recherche. Résultat d’un dialogue amorcé avec le personnel du CNRC en août 2016 par le nouveau président de l’organisme, Iain Stewart, le plan de réforme d’une durée de quatre ans prévoit consacrer 20 millions de dollars sur trois ans à l’acquisition d’équipement scientifique et à l’amélioration des solutions de stockage de données. Le plan a été affiché sur le site Web de l’organisme l’automne dernier.

Certaines des modifications semblent avoir pour objectif de remettre au sommet des priorités du CNRC l’excellence en recherche, qui avait été mise de côté à la suite des réformes du gouvernement conservateur de Stephen Harper au profit des intérêts commerciaux. La structure du porte-feuille de l’organisme, qui a remplacé les anciens instituts et a réduit les dépenses en recherche fondamentale, sera à son tour remplacée par des « centres de recherche » dotés de leurs propres conseils consultatifs externes. La Division du génie sera scindée pour créer deux nouveaux centres de recherche; un pour les technologies numériques et l’autre pour la nanotechnologie.

Paul Dufour, professeur auxiliaire à l’Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique de l’Université d’Ottawa, précise que ces modifications n’indiquent pas que l’organisme tente de faire marche arrière sur les réformes du gouvernement Harper. « Je crois plutôt qu’on se tourne vers l’avenir et qu’on tente de revenir à l’essence même de l’organisme, soit l’excellence en recherche et le service à l’industrie », explique M. Dufour.

La priorité globale demeurera de maintenir un nombre réduit de programmes multidisciplinaires en recherche-développement à grande échelle axés sur les résultats. Ces programmes viseront à répondre aux priorités du gouvernement fédéral dans les six domaines ciblés par le Plan pour l’innovation et les compétences annoncé dans le budget de 2017 : la fabrication de pointe, l’agroalimentaire, les technologies propres, l’industrie numérique, les sciences biologiques et de la santé et les ressources propres. Le CNRC tentera également de soutenir les supergrappes qui devraient être annoncées sous peu, et créera des programmes pour appuyer le travail exploratoire sur les « sciences et technologies de rupture ».

Yves Gingras, l’historien des sciences à l’Université du Québec à Montréal, applaudit l’importance accordée à la recherche axée sur une mission dans les six domaines cibles, mais est moins favorable à la question des technologies de rupture. « C’est une expression purement administrative, soutient-il, car qui peut prédire si une technologie aura des effets perturbateurs à l’avenir? »

M. Gingras estime qu’il serait préférable d’orienter les travaux exploratoires en fonction des six domaines cibles afin de les doter d’objectifs à long terme. « Les objectifs ne devraient pas changer tous les quatre ans », affirme-t-il.

De nombreuses réformes portent sur des questions relatives aux ressources humaines comme l’avancement et le perfectionnement professionnels, ce qui montre que l’organisme tente de rehausser le moral de ses employés. « Le moral des employés du CNRC a souffert et le nouveau président tente de remédier à la situation, soutient M. Dufour. Il est important pour l’organisme d’attirer du sang neuf. »

M. Dufour estime que la création d’un programme postdoctoral est l’une des meilleures mesures prévues par le plan et qu’elle contribuera à atteindre cet objectif. « Le CNRC doit revitaliser son personnel de recherche, et ce programme est une excellente façon d’y parvenir. » Le programme n’est toutefois pas nouveau : le CNRC a déjà eu un programme de recherche au niveau postdoctoral, mais il a été aboli en 2007.

Le plan prévoit également une meilleure participation des universités, des collèges, des établissements polytechniques et d’autres membres de « l’écosystème régional de l’innovation » pour favoriser la collaboration et les échanges en recherche.

« Le CNRC doit se concentrer sur ses forces – la nature unique et la pertinence de ses activités – voir qui d’autre effectue des travaux de nature unique et pertinente, mais différents des siens, et apprendre à travailler ensemble, a affirmé M. Stewart en juillet dernier dans une entrevue pour le Research Money. (M. Stewart a refusé notre demande d’entrevue pour cet article.) Comment pouvons-nous établir des liens avec les universités, les collèges et les établissements polytechniques pour soutenir l’innovation en entreprise, l’avancement du savoir [et] l’élaboration de politiques au niveau fédéral?Parce que la capacité est énorme maintenant. »

M. Gingras estime que l’organisme dispose déjà d’un excellent réseau d’instituts de recherche. Si un tiers des publications scientifiques du CNRC étaient corédigées par des universitaires en 2001, cette proportion a depuis atteint les deux tiers.

Selon M. Dufour, le CNRC pourrait accroître sa collaboration dans ses installations partout au pays. « L’organisme exploite dans les collectivités locales de remarquables installations bien souvent situées dans des universités ou à proximité. Il pourrait renforcer cette collaboration en étant à l’écoute des besoins locaux. » Le plan de réforme comprend une évaluation par les pairs des installations du CNRC sur trois ans ainsi que l’élaboration d’un plan pour leur renouvellement.

M. Dufour croit que la plupart des réformes prévues, comme la nomination d’un conseiller scientifique en chef, reflètent l’esprit du gouvernement actuel, qui reconnaît l’importance de l’excellence en recherche. L’organisme signale que l’excellence en recherche est redevenue l’un de ses principaux objectifs. « Ce qu’il souhaite vraiment, c’est se remettre sur les rails et redorer son image », conclut-il.

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