Le groupe U-15, qui représente 15 des grandes universités de recherche au Canada, entend devenir une organisation officielle et un « porte-parole énergique », a déclaré Suzanne Corbeil, nommée première directrice générale du groupe.
Dans une des premières entrevues qu’elle accordait depuis sa nomination à la tête du groupe, le 5 mars dernier, Mme Corbeil a expliqué que ses fonctions consistent à officialiser le regroupement U-15, ce qui signifie en faire une organisation franche et ouverte.
« Nous continuerons de faire tout ce que nous faisions en arrière-plan, mais nous pourrons maintenant ajouter au dialogue une voix qui portera sur les préoccupations, les possibilités et les enjeux particuliers aux grands établissements de recherche, a-t-elle expliqué. Sous cet aspect, la voix du groupe sera désormais plus convaincante et énergique. »
Elle précise toutefois que le groupe agira avec circonspection au cours de sa première année d’existence. « Nous mesurerons chacun de nos pas et planifierons l’avenir stratégiquement. »
Le groupe U-15 est composé de grandes universités de recherche autodésignées, représentées par leur chef d’établissement. Il est actuellement présidé par Tom Traves, recteur de l’Université Dalhousie.
Constitué de manière non officielle en 1991 sous le nom de Groupe des 10, ou G-10, le regroupement, dont les membres recevaient une grande part du financement fédéral de la recherche, avait pour objectif de mettre en commun des données relatives à la recherche
Le G-10 était au départ composé de l’Université de l’Alberta, l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université Laval, l’Université McGill, l’Université McMaster, l’Université de Montréal, l’Université Queen’s, l’Université de Toronto, l’Université de Waterloo et l’Université de Western Ontario (maintenant l’Université Western). Il s’est élargi en 2006 pour devenir le G-13, auquel s’étaient ajoutées l’Université de Calgary, l’Université Dalhousie et l’Université d’Ottawa. En 2011, deux nouveaux membres, l’Université du Manitoba et l’Université de la Saskatchewan, ont été invités à se joindre au groupe devenu ainsi une organisation pancanadienne portant le nom d’U-15.
« Une des choses que nous devons faire est de mieux définir ce qui nous rassemble », a poursuivi Mme Corbeil, qui n’entrevoit pas de changement dans la composition du groupe à court terme.
« Pour l’instant, les autres établissements n’ont pas manifesté d’intérêt et aucune discussion n’a eu lieu, mais la question est intéressante parce qu’elle pourrait poser problème si nous élaborions notre image de marque en fonction du nom U-15, et que par la suite nous devenions le U-16, a-t-elle dit. C’est une des questions dont il faudra discuter au cours des prochains mois. » Le groupe de 15 recteurs prévoit tenir une séance de réflexion stratégique d’une journée cet été.
Le financement fédéral de la recherche continuera de stimuler les activités de promotion d’intérêts du groupe U-15 à Ottawa, a affirmé Mme Corbeil, soulignant que la recherche est étroitement liée à la qualité de l’éducation, à la participation des étudiants, à la collaboration internationale et à l’expérience universitaire. Elle a aussi précisé que le regroupement se concentrerait sur des enjeux d’intérêt pour le milieu de la recherche et que sa voix se joindrait à celle de l’Association des universités et collèges du Canada, organisation plus vaste qui compte parmi ses membres 95 universités et collèges universitaires canadiens publics et privés à but non lucratif.
Lorsqu’on lui a demandé si certains membres de l’AUCC étaient préoccupés du fait que le groupe U-15 ferait pression pour une partie seulement des universités canadiennes, Mme Corbeil a répondu : « la marée montante soulève tous les bateaux ».
« Nous n’avons pas l’intention de nuire à quelque autre groupe du secteur que ce soit, nous souhaitons seulement attirer l’attention sur les enjeux qui nous importent le plus. Je comprends que […] certains établissements de petite taille puissent trouver que notre voix est forte et que nous attirons trop d’attention, mais le financement fédéral est déjà principalement consenti aux établissements axés sur la recherche. Il s’agit donc principalement d’influencer l’orientation politique vers ce qui aura le plus d’impact pour notre groupe. Je ne nie pas leurs préoccupations, mais je crois qu’il faut considérer notre voix comme complémentaire à celle des autres établissements, et non comme une voix concurrentielle. »
Mettre en commun les données de la recherche demeure un objectif important pour le groupe, ajoute Mme Corbeil. « Une partie de notre stratégie de promotion d’intérêts et de communications consistera à utiliser l’information provenant de cette mise en commun de données afin d’informer la population. Ainsi, nous souhaitons dorénavant trouver des manières de communiquer adéquatement le fruit de nos recherches. »