Le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec dévoilera ce printemps un plan d’action pour favoriser l’accès et la réussite au cégep et à l’université. Ce document couronnera plus d’un an de travail dans le cadre du Chantier sur la réussite en enseignement supérieur.
Les taux d’obtention de diplôme au cégep et à l’université stagnent au Québec depuis au moins 10 ans. « En 2019, 29 pour cent des adultes de 18 à 64 ans y détenaient un diplôme universitaire, comparativement à 32 pour cent des Canadiens et 35 pour cent des Ontariens », souligne la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann.
Face à ce constat, l’ancien ministre Jean-François Roberge avait lancé le Chantier sur la réussite en enseignement supérieur en février 2020. Lorsqu’elle lui a succédé en juin, Danielle McCann en a repris les rênes. Ce chantier a culminé avec une consultation qui a rassemblé, du 1er au 5 février derniers, 375 représentants d’organisations et d’institutions du milieu de l’enseignement supérieur pour discuter de divers enjeux.
Les échanges portaient sur quatre thèmes : l’accès, les transitions entre les niveaux d’enseignement, les meilleures pratiques adaptées aux besoins de toute la communauté étudiante et la consolidation des connaissances en matière de réussite. « Ce printemps, nous présenterons un plan d’action et certaines mesures seront mises en œuvre dès l’automne », confie la ministre.
Ce chantier s’est réalisé en parallèle avec d’autres débats sur « l’université québécoise du futur », qui ont abouti à un rapport publié en février dernier. Les thèmes de l’accès et de la réussite étaient déjà ressortis lors de cet exercice, mais le ministère souhaitait leur consacrer une réflexion particulière.
Un soutien adapté
L’Union étudiante du Québec (UEQ) avait délégué trois représentants aux consultations. « Nous voulions insister sur les questions de l’accès, des transitions et de l’inclusion des différents profils d’étudiant », explique la présidente, Jade Marcil.
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Afin de favoriser l’accès et la persévérance, l’UEQ propose près d’une trentaine de modifications aux programmes de l’Aide financière aux études (AFE). Elle demande par exemple d’allonger les périodes d’admissibilité au Programme de prêts et bourse de l’AFE et d’y ajuster les frais de subsistance aux dépenses réelles dont doivent s’acquitter les étudiants.
Le syndicat étudiant a aussi plaidé pour des améliorations dans les transitions entre les ordres d’enseignement. « La reconnaissance des statuts particuliers de certains étudiants ainsi que les services et les accommodements dont ils disposent à un niveau d’enseignement doivent les suivre au prochain palier », revendique Mme Marcil. Elle ajoute que les pratiques pédagogiques doivent également devenir plus inclusives.
Éducation inclusive
« La réussite des étudiants constitue toujours une préoccupation pour nous, c’est dans la nature de notre institution, donc nous avons été ravis de participer à une réflexion collective sur ce sujet », avance pour sa part Jean-Christian Pleau, vice-recteur à la vie académique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Avant la consultation, le ministère avait invité les universités à lui soumettre un portrait de la réussite dans leur établissement en incluant des détails sur les enjeux rencontrés et les mesures appliquées pour favoriser l’accès et la réussite. L’analyse de ces portraits a servi de base aux discussions.
M. Pleau a noté un grand intérêt envers l’éducation inclusive lors des consultations. « Nous passons d’un modèle d’intégration individuelle, qui proposait des accommodements à des étudiants aux profils atypiques pour favoriser leur réussite, à un modèle d’éducation inclusive qui vise des transformations systémiques », précise-t-il. En d’autres termes, plutôt que d’aider l’étudiant à s’adapter, on repense le cadre de l’apprentissage afin d’éliminer les obstacles qui lui nuisent.
Ajouter des ressources
Sa collègue Sylvie Quéré, directrice du soutien et du développement académique à l’UQAM, a été frappée par la concordance des enjeux décrits par les établissements, malgré certaines spécificités liées à la région ou à la population desservie. « Même entre les cégeps et les universités, on voit beaucoup de points de convergence, ce qui ouvre des perspectives de collaboration », avance-t-elle.
L’une des ambitions du chantier concerne justement le partage des meilleures pratiques et l’avancement des connaissances en matière de réussite. « Nos actions doivent reposer sur des pratiques validées, poursuit Mme Quéré. C’est un double enjeu : il faut à la fois améliorer les connaissances scientifiques sur certains aspects de la réussite et savoir transférer ces connaissances dans les milieux de pratique. »
Elle s’attend à ce que le chantier débouche sur de nouvelles lignes directrices intéressantes, mais aussi sur des ressources financières accrues. La ministre n’ignore pas cet espoir des établissements et a acheminé ses demandes dans le cadre de la rédaction du prochain budget provincial. « C’est sûr que le portrait financier du Québec a changé en raison de la pandémie, mais l’éducation demeure une priorité », assure-t-elle.