Devant les pressions croissantes en matière de recrutement et les inquiétudes liées à l’inflation des notes, l’Université de la Saskatchewan et l’Université la Colombie-Britannique (UBC) ont décidé de rajuster leurs critères d’admission des candidats venant du secondaire.
La UBC a ainsi décidé d’opter cette année pour des critères d’admission élargis : en plus de soumettre leur bulletin de notes du secondaire, les candidats doivent remplir un profil personnel en répondant brièvement à cinq questions. Les réponses fournies doivent donner un aperçu de la personnalité et des forces des candidats dans des domaines autres que les études. « C’est un gros changement, souligne James Ridge, vice-recteur adjoint et registraire de l’établissement. Ce n’est évidemment pas sans risque, mais nous sommes convaincus que c’est ce qu’il faut faire. »
La UBC souhaite désormais ne recruter que les meilleurs candidats. Or, selon M. Ridge, les notes seules ne permettent pas de prévoir la réussite des futurs étudiants. « Nous voulons déterminer à la fois l’aptitude du candidat à travailler en équipe, son degré de mobilisation au sein de la collectivité, ses qualités de chef de file et sa capacité à vaincre les obstacles », dit-il.
Chaque profil personnel est analysé par un groupe d’évaluateurs dûment formés, sans aucune donnée nominative concernant le candidat. Chacun est noté par deux évaluateurs, puis par un troisième si les deux notes préalablement attribuées sont trop divergentes. Ces notes sont combinées à celles du candidat avant que la décision d’admission soit prise.
M. Ridge ajoute que son établissement a travaillé étroitement avec l’Université étatique de l’Oregon, dont les recherches approfondies ont montré que les questions posées recelaient une forte valeur prédictive. La UBC demeure soucieuse du rendement scolaire, mais M. Ridge espère que le nouveau système rendra possible l’admission de candidats aux notes moins élevées, mais à la personnalité et à l’expérience dignes d’intérêt. Des candidats « apportent leur contribution en classe ».
Ce changement est en partie dicté par les inquiétudes liées à l’inflation des notes. Depuis que la Colombie-Britannique a rendu facultatifs la plupart des examens provinciaux, en 2004, les notes moyennes au secondaire ont augmenté d’environ deux points de pourcentage. Selon M. Ridge, bien qu’elles soient de bons indicateurs de réussite future, ces notes sont moins fiables qu’elles étaient il y a cinq ou 10 ans.
Pour des raisons similaires, l’Université de la Saskatchewan s’est récemment dotée d’une nouvelle politique d’admission pour les étudiants de l’Alberta, l’une des rares provinces où les examens provinciaux restent obligatoires. Comme ces examens comptent pour la moitié de la note finale en 12e année, les étudiants albertains sont victimes d’une inégalité par rapport à ceux des autres provinces. Ainsi, dès l’automne prochain, l’Université de la Saskatchewan admettra les étudiants albertains en fonction de leurs notes du secondaire, de celles des examens menant au diplôme, ou d’une synthèse des deux – ne retenant que les meilleurs résultats.
Selon David Hannah, vice-recteur adjoint aux affaires étudiantes de l’Université de la Saskatchewan, les examens menant au diplôme tendent à baisser la moyenne des étudiants de 12e année. Les données de l’établissement montrent d’ailleurs que, la première année, les étudiants albertains réussissent mieux que ceux des autres provinces. « Compte tenu de cela, nous avons estimé qu’il serait plus juste de les traiter comme ceux des autres provinces », explique M. Hannah. Les demandes d’admission provenant d’étudiants albertains ont bondi de 27 pour cent cette année par rapport à l’an dernier.
L’évaluation des candidats extraprovinciaux est un casse-tête permanent pour les universités. Pourtant, selon Don Klinger, professeur agrégé d’éducation à l’Université Queen’s, l’évaluation des candidats intraprovinciaux reste le défi numéro un, les critères et les notes pouvant varier d’une école secondaire à l’autre. Seule une petite partie des étudiants – principalement les meilleurs – optent pour une université hors de leur province, et les programmes d’études diffèrent peu d’une province à l’autre. M. Klinger précise que les universités disposent de procédures officieuses pour tenir compte des écarts de notes aux échelles provinciale et interprovinciale, mais qu’elles les communiquent rarement. Certaines ont tenté d’instaurer des tests d’admission pour contrer l’inflation des notes, mais l’expérience a échoué; ces tests coûtent cher et, pour prédire la réussite des candidats, ils ne valent pas mieux que les notes obtenues au secondaire.