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Les universités montréalaises prévoient un déficit budgétaire

Soumises à des compressions majeures, l’Université McGill, l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Montréal défendent l’importance de leur rôle social.

par MARIE LAMBERT-CHAN | 12 NOV 14

Les coupures draconiennes d’au moins 172 millions de dollars imposées cette année au réseau universitaire par le gouvernement du Québec ont acculé des établissements au pied du mur. En marge d’un débat sur la responsabilité sociale des universités qui a eu lieu le 24 octobre dernier, les dirigeants de l’Université de Montréal (UdeM), de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et de l’Université McGill ont confirmé qu’elles n’auront d’autre choix que de se déclarer déficitaires, ce que leur interdit pourtant l’État.

« La seule chose que je ne sais pas, c’est la grosseur du déficit », a précisé Guy Breton, recteur de l’UdeM. La qualité de la formation finira par s’en ressentir, ajoute-t-il, d’autant plus que les universités québécoises souffrent déjà d’un sous-financement de 850 millions de dollars comparées à leurs homologues canadiennes.

À l’instar de ses collègues, Suzanne Fortier, principale de l’Université McGill, convient que les universités doivent faire leur part pour aider le gouvernement provincial à recouvrer l’équilibre budgétaire. « Il nous faut toutefois plus de souplesse », réclame-t-elle pour la gestion de leur budget. Depuis cinq ans, le gouvernement aurait tendance à faire de la microgestion dans l’allocation des fonds au réseau universitaire, voire de la « nanogestion » selon M. Breton.

Selon Robert Proulx, il est désormais impossible de cibler spécifiquement des sommes d’argent pour un projet de recherche ou un programme de formation en particulier. « Nous ne divisons pas nos dépenses de façon cloisonnée entre l’enseignement, la recherche, les services aux collectivités et l’international, parce que nos activités d’innovation sont le résultat de toutes ces composantes », explique-t-il. Le recteur de l’UQAM plaide pour qu’il y ait moins de conditions précises rattachées au financement et une reddition de comptes accrue en ce qui concerne la mission globale des universités. « Ça prend une politique de financement qui énonce clairement que l’État s’engage à l’intérieur de ces paramètres », ajoute-t-il.

Dans un tel contexte, les chefs des trois établissements défendent avec ardeur l’importance de leur rôle citoyen, de même que la nécessité d’être financés adéquatement afin de pouvoir jouer ce rôle de façon efficace. Ils l’ont réaffirmé une fois de plus devant 300 personnes qui assistaient à un débat sur le sujet au Conseil des relations internationales de Montréal, organisé par l’Institut d’études internationales de Montréal et l’Organisation universitaire interaméricaine dans le cadre du colloque intitulé « L’internationalisation de la mission sociale des universités dans les Amériques ».

Le modèle de la tour d’ivoire est dépassé, répètent les dirigeants universitaires. Les défis du XXIe siècle sont immenses : développement durable, vieillissement de la population, changements climatiques, pandémies. Tous ces enjeux exigent une participation accrue des professeurs et des étudiants. « Ce sont des enjeux qui amènent les citoyens en quête de réponses à se tourner vers les universités et les universités à se tourner vers les citoyens pour bien comprendre les besoins et les défis », indique M. Breton.

Les universités n’ont jamais été aussi actives sur le plan social. Entre autres exemples, des étudiants de l’UQAM mènent des projets de développement durable en Amazonie brésilienne; un groupe de l’Université McGill a mis sur pied un centre d’entrepreneuriat pour venir en aide à la communauté de Lac-Mégantic qui, un an plus tard, souffre toujours de l’explosion du convoi ferroviaire qui a détruit son centre-ville; les étudiants et les professeurs de la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM se rendent au Nunavut pour enseigner aux chasseurs cris comment sélectionner la viande des animaux afin de ne pas souffrir de parasitoses.

Malgré tout, les universités éprouvent un problème d’image, conviennent les chefs d’établissement : si les universitaires sont depuis longtemps descendus de leur tour d’ivoire, la population, elle, a encore du mal à les percevoir autrement. Ainsi, très peu de petites et moyennes entreprises osent leur demander de l’aide pour accélérer leurs processus de recherche et développement. Même chose dans le milieu communautaire. « C’est un changement de culture, observe Mme Fortier. Nous y travaillons beaucoup, appuyés par nos étudiants. »

« C’est une évolution qui prendra plusieurs années », souligne M. Breton, mais le vent tourne, rétorque M. Proulx. « On a quand même fait beaucoup de chemin, dit-il. On trouve toutes sortes d’occasions pour illustrer ce qui se fait dans les universités et on fait même parfois appel aux citoyens. Regardez toutes les personnes qui se sont déplacées pour nous entendre aujourd’hui. Il y a à peine quelque temps, les universités ne suscitaient pas un tel intérêt… »

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