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Lutter contre le vieillissement cognitif grâce au bilinguisme

Un professeur de l’Université Wilfrid Laurier étudie les façons dont le langage stimule notre cerveau.

par SHAUNA MCGINN | 24 JUIN 22

Plus qu’une simple compétence, le multilinguisme est un pilier de l’expérience humaine. C’est l’un des messages que John Schwieter, linguiste de renom, espère transmettre par ses travaux.

« En général, les gens ne pensent pas aux effets bénéfiques des efforts déployés par le cerveau d’une personne bilingue. C’est pourtant un point essentiel qui rend le bilinguisme aussi important », explique le membre directeur du Centre Bilingualism Matters de l’Université Wilfrid Laurier, la seule branche canadienne d’un réseau international consacré à l’étude du langage. L’un de ses objectifs est de dissiper les idées fausses, y compris celle à l’effet que les programmes bilingues nuisent au développement des enfants. Le chercheur soutient que le multilinguisme n’a que des avantages pour le cerveau – si l’on fait abstraction de la légère sensation de malaise qui accompagne les premiers stades d’apprentissage.

M. Schwieter a récemment discuté des bienfaits du bilinguisme pour le cerveau avec Sanjay Gupta du podcast Chasing Life. La recherche a même montré qu’il pouvait retarder l’apparition de la démence jusqu’à cinq ans. Les nouvelles connexions créées par l’apprentissage d’une seconde langue renforcent notre réserve cognitive, soit la capacité de notre cerveau à lutter contre le vieillissement cognitif. Un avantage qui demeure même lorsque l’apprenant maîtrise bien sa nouvelle langue! « Le bilinguisme, et notamment le passage d’une langue à l’autre, comme on ouvre et ferme deux robinets, renforce certains mécanismes de contrôle cognitif », indique-t-il.

S’ils sont connus depuis longtemps, les bienfaits du bilinguisme suscitent un intérêt accru à l’ère de la mondialisation et du vieillissement de la population. Au laboratoire multilingue de l’Université McGill, l’équipe de Debra Titone analyse des retombées positives connexes, comme l’élargissement du réseau social. « Nous demandons [aux personnes bilingues] qui sont les 12 personnes avec lesquelles elles interagissent le plus souvent, et dans quelle langue, explique Mme Titone. Nous travaillons fort pour comprendre la dimension interpersonnelle du multilinguisme et quantifier ses avantages sociétaux. »

M. Schwieter explique que ses travaux sur le contrôle cognitif sont très éclairants. Dans une étude récente, ses collègues et lui ont travaillé avec des étudiants chinois qui parlaient uniquement le mandarin. Après avoir appris des mots de vocabulaire japonais et allemand, ils devaient s’en souvenir lorsque diverses images leur étaient présentées, et ce, pendant que les chercheurs suivaient leur activité cérébrale. « Le fait qu’ils passent d’une langue à l’autre, même en tant que locuteurs unilingues, a considérablement amélioré leur contrôle cognitif », explique le chercheur.

Cependant, d’autres études montrent que ces bénéfices ne s’appliquent pas aux synonymes. Donc, le contrôle cognitif d’un locuteur unilingue ne connaît pas d’amélioration s’il est aussi capable d’identifier un « divan » lorsqu’une image d’un « sofa » lui est présentée. En d’autres termes, si la maîtrise de notre langue maternelle est un atout, elle n’arrive pas à la cheville du bilinguisme en matière de bienfaits cognitifs.

M. Schwieter, Mme Titone et d’autres experts en langues au pays ont demandé une subvention de recherche conjointe pour poursuivre leurs travaux interdisciplinaires. « La langue est la trame de fond. Elle nous permet d’exprimer notre réalité et nos impulsions sociales, souligne Mme Titone. On ne peut pas étudier le bilinguisme en vase clos. Il faut piger dans différentes théories et différents domaines pour obtenir une vision d’ensemble. »

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