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Mesures d’adaptation pour les étudiants handicapés : dépasser les cloisonnements

Un rapport analyse l’adéquation des mesures d’accessibilité aux besoins des étudiants handicapés au Canada.

par MICHAEL RANCIC | 21 NOV 18

Une nouvelle étude remet en question la perception de l’accessibilité et des mesures d’adaptation dans les établissements postsecondaires. Publié en octobre 2018, le rapport (en anglais seulement) Landscape of Accessibility and Accommodation in Post-Secondary Education for Students with Disabilities affirme que l’accessibilité demeure « cloisonnée » au sein de ces établissements.

« Les efforts visant à accroître l’accessibilité et l’inclusion dans les établissements postsecondaires ne sont pas à la hauteur de l’évolution de l’expérience des étudiants et ne visent que les salles de classe et l’apprentissage en ligne », selon le rapport publié par l’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire (NEADS).

Créée en 1986, la NEADS a pour mandat de promouvoir le plein accès à l’éducation et à l’emploi pour les étudiants et les diplômés handicapés de niveau postsecondaire, partout au Canada. En 2016, le Programme de partenariats pour le développement social d’Emploi et Développement social Canada a financé le projet Landscape dans le but d’aider le gouvernement fédéral à élaborer une nouvelle loi nationale sur l’accessibilité – le Projet de loi C-81, Loi visant à faire du Canada un pays exempt d’obstacles. Après avoir fait l’objet d’une première lecture en juin 2018, le Projet de loi C-81 a été renvoyé en septembre à un comité pour étude approfondie.

« Nous estimons très important que les étudiants et les diplômés handicapés de niveau postsecondaire contribuent de manière significative aux consultations portant sur une nouvelle loi fédérale sur les personnes handicapées », précise le coordonnateur national de la NEADS, Frank Smith.

Au-delà de l’occasion d’exercer une certaine influence sur la nouvelle loi fédérale, M. Smith croit que le rapport devait voir le jour pour des motifs plus urgents : « La NEADS est née en 1986, avant que les étudiants n’utilisent des ordinateurs, Internet et les réseaux sociaux. À l’époque, les étudiants aveugles ne disposaient pas de manuels, mais seulement d’enregistrements sonores. »

« Depuis, poursuit M. Smith, la technologie, l’apprentissage en ligne et l’enseignement à distance ont permis à de nombreux étudiants handicapés d’accéder aux études et d’être sur un pied d’égalité avec leurs pairs. » Mais, la technologie a aussi engendré de nouveaux défis. On peut aujourd’hui s’interroger : bien qu’un nombre accru d’étudiants handicapés puissent désormais poursuivre des études postsecondaires, les mesures d’adaptation mises en place sont-elles adéquates? Comment les besoins liés aux autres aspects de leur vie sur les campus sont-ils comblés? M. Smith explique que la dynamique d’apprentissage en rapide évolution n’avait jusqu’à présent fait l’objet d’aucune étude nationale d’une telle ampleur.

« On analyse rarement l’ensemble des systèmes à l’échelle d’une nation », affirme Christine Arnold, professeure adjointe à l’Université Memorial et cochercheuse à l’origine du rapport Landscape (aux côtés de Michelle Pidgeon, professeure agrégée de pédagogie à l’Université Simon Fraser, et de Deanna Rexe, vice-rectrice aux études du Collège communautaire Assiniboine). « Je ne crois pas qu’il existe une autre étude des politiques, des programmes et de la documentation à l’échelle du pays aussi complète que la nôtre », précise Mme Arnold.

L’étude Landscape a été menée par ces trois chercheuses en collaboration avec une équipe de 15 étudiants handicapés aux cycles supérieurs. Le rapport et ses recommandations sont fondés sur un solide examen de la documentation, sur des analyses contextuelles, sur l’étude des données issues d’enquêtes comme l’Enquête nationale auprès des diplômés, ainsi que sur des consultations menées auprès d’étudiants, de prestataires de services et d’éducateurs dans le cadre de diverses conférences à l’échelle du pays.

Le rapport contient de nombreuses recommandations visant à modifier les politiques fédérales, provinciales et institutionnelles (prestataires de services, personnel enseignant, bibliothèques, etc.). Il recommande entre autres « d’imposer l’accessibilité aux fonctionnalités, méthodes, applications et protocoles utilisés par les personnes handicapées dans le cadre de leurs études ou du travail », autrement dit de veiller à ce que l’accessibilité ne se limite pas qu’à quelques aspects des études ou de la vie professionnelle; « d’imposer aux établissements postsecondaires l’instauration d’une série de normes nationales auxquelles devront se conformer tous leurs programmes d’études », cela pour mettre fin aux disparités régionales et provinciales en matière de politiques et de pratiques axées sur l’accessibilité et l’inclusion.

Lacunes en matière d’études et d’information

Mme Arnold souligne que certains points se dégagent de l’ensemble des recommandations, le tout premier ayant trait au petit nombre d’études effectuées sur la question : « Nous avons décelé diverses lacunes, parfois colossales », déplore-t-elle.

À titre d’exemple, Mme Arnold mentionne les lacunes touchant la transition des étudiants au sein même d’un établissement postsecondaire, entre les établissements et entre l’école et le marché du travail – un aspect qui intéresse tout particulièrement la chercheuse, mais qui a fait l’objet de peu d’études d’après la documentation consultée. « Comment nos services permettent-ils aux étudiants de réussir ces transitions, et en quoi n’y parviennent-ils pas? », demande-t-elle.

Mme Arnold affirme aussi que des efforts accrus s’imposent pour prévenir le décrochage ainsi que pour veiller à ce que les étudiants disposent du soutien nécessaire et sachent où l’obtenir. « Une grande part de la documentation met l’accent sur le soutien des étudiants handicapés visant le travail et la réussite scolaires, mais la vie étudiante comporte bien d’autres dimensions », explique-t-elle.

Prenant acte de ce qui précède, le rapport Landscape estime que des mesures d’adaptation doivent être intégrées aux programmes et aux initiatives qui relèvent des services aux étudiants ou des affaires étudiantes. « Expériences parascolaires, apprentissage axé sur le travail ou par l’expérience, occasions de leadership : toutes doivent comporter des mesures d’adaptation », affirme Mme Arnold.

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