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Renouvellement du mandat quinquennal de CANARIE

Le gouvernement fédéral doit déterminer à quelle hauteur subventionner le réseau informatique haute vitesse du Canada.

par MICHAEL SMITH | 06 FEV 12

Le milieu de la recherche du Canada est préoccupé par l’avenir du Réseau évolué de recherche et d’innovation du Canada (CANARIE), dont le mandat quinquennal de financement arrive à échéance en mars, alors que le gouvernement s’apprête à réduire considérablement ses dépenses. Créée il y a 18 ans, l’organisation est responsable de la construction et de la gestion du réseau informatique haute vitesse consacré à la recherche du pays, lequel est composé de quelque 19 000 km de câbles à fibres optiques qui relient les universités, les hôpitaux de recherche, les collèges, les laboratoires gouvernementaux et même des écoles primaires.

Il s’agit d’un réseau de première importance, indique Gilles Patry, président-directeur général de la Fondation canadienne pour l’innovation. « Si on débranche le réseau, les universités ne pourront tout simplement plus communiquer. Nous ne sommes pas branchés au réseau de Rogers, Bell ou Shaw. »

Le réseau Internet communément utilisé n’est pas une solution de rechange : CANARIE peut transporter des données à des vitesses allant de 10 à 100 Gbit/s. À un débit de 100 Gbit/s, il ne faudrait que sept secondes pour télécharger tous les films offerts sur iTunes.

Le débranchement du réseau n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant. Tous s’entendent sur le fait que CANARIE est une infrastructure absolument essentielle et qu’aucune autre organisation ne pourrait la remplacer au pied levé. Le gouvernement fédéral devra toutefois faire des choix dans le cadre de la préparation du budget à venir au printemps. Dans le cas de CANARIE, tous les choix sont possibles : réduction du soutien financier, expansion du réseau ou maintien dans sa forme actuelle.

Jim Roche, président et chef de direction de CANARIE, dit ne pas savoir à quel financement s’attendre, mais il sait très bien ce que l’avenir réserve au réseau : la demande augmentera de façon exponentielle. Ce n’est pas que de nombreux chercheurs voudront se joindre au réseau : CANARIE relie déjà presque tous les membres du milieu de la recherche scientifique au Canada et un grand nombre à l’étranger, soit plus d’un million de scientifiques et 1 100 établissements. Le principal facteur à considérer est plutôt l’énorme quantité de données. La génomique – l’étude de génomes complets – génère d’immenses ensembles de données, tout comme le font les programmes de physique des particules tels que le Large Hadron Collider à proximité de Genève, où plusieurs équipes de chercheurs canadiens jouent des rôles clés. Même la recherche en sciences sociales peut nécessiter beaucoup de bande passante en raison de l’utilisation de bases de données.

Au cours de la dernière décennie, l’utilisation du réseau – qui est établie en fonction de la quantité de données qui transitent sur les câbles optiques – a connu une hausse d’environ 50 pour cent par année, et tout indique que cette croissance se poursuivra, explique M. Roche. « D’une part, la demande augmente de façon exponentielle, mais d’autre part, les coûts engendrés pour répondre à cette demande diminuent au même rythme. Alors les deux tendances se rejoignent. »

Autrement dit, le budget actuel de CANARIE – 120 millions de dollars d’Ottawa au cours des cinq dernières années – correspond plus ou moins au montant qui sera nécessaire pour les cinq prochaines années, affirme M. Roche. Cette « demande» budgétaire permettrait à CANARIE de mettre à niveau et d’exploiter son réseau physique, en plus de concevoir au cours du prochain mandat, des plateformes et des outils qui amélioreront la capacité d’autres chercheurs d’utiliser le réseau. À titre d’exemple, CANARIE recommande de concevoir un environnement de recherche générique sous forme de nuage, doté d’une interface simple.

L’organisation recommande également d’implanter un programme d’accélérateur numérique pour faciliter la commercialisation de nouveaux produits et services numériques. Le gouvernement devra décider s’il estime la valeur de CANARIE suffisamment importante pour investir dans des outils et des programmes de la sorte.

CANARIE sollicite l’aide de ses utilisateurs pour transmettre le message au gouvernement. Sur son site Web, un lien invite les chercheurs à « manifester leur appui » en proposant un modèle de lettre au premier ministre et expliquant comment sensibiliser le bureau des relations gouvernementales de leur établissement à l’importance du réseau.

M. Patry croit qu’il faut que le milieu universitaire fasse entendre sa voix. Le réseau, explique-t-il, est « fondamental » au secteur de la recherche, un fait que les administrateurs ignorent parfois. « Très peu de recteurs sont au fait du rôle que CANARIE [et ses partenaires régionaux] joue pour la recherche au sein de leur propre établissement », constate M. Patry, lui-même ancien recteur de l’Université d’Ottawa.

Les investissements publics (fédéraux, provinciaux et territoriaux) en recherche au Canada s’élèvent à plusieurs milliards de dollars annuellement. La valeur ajoutée de CANARIE augmente l’efficacité de ces investissements, fait valoir M. Roche. Au coût d’environ 24 millions de dollars par année, le réseau « sous-tend des milliards de dollars en recherche ».

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