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Une carrière tambour battant

Marier musique et environnement : la véritable passion de Jérôme Dupras qui œuvre en économie écologique à l’UQO, tout en étant le bassiste des Cowboys Fringants.

par MAUD CUCCHI | 22 JAN 18

Pas encore quadragénaire, Jérôme Dupras est une exception dans le paysage universitaire canadien. L’un des rares chercheurs à avoir su s’imposer, en quelques années seulement, comme spécialiste de l’économie écologique. Et le seul à mener, de front, une carrière de musicien dans un groupe acclamé, les Cowboys Fringants. Son don d’ubiquité est loin d’être de tout repos.

En novembre 2017, il recevait le Prix de la relève scientifique remis par le ministère de l’Économie, de la Sciences et de l’Innovation du Québec (MESI), récompense honorant les jeunes chercheurs de moins de 40 ans. Ce même mois, le groupe dont il est bassiste se produisait en concert à raison d’une fois par semaine à l’occasion d’une tournée québécoise.

« J’ai un agenda bien rempli! s’amuse-t-il. Quand j’ai repris mes études universitaires, au milieu des années 2000, je cherchais simplement un projet parallèle à la musique pour nourrir mon esprit. »

Le bassiste chercheur est désormais comblé. Il est professeur au Département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais et chercheur à l’Institut des Sciences de la Forêt tempérée (ISFORT) où il dirige le laboratoire d’économie écologique.

M. Dupras, qui bouillonne de projets audacieux, explique comment son parcours universitaire est venu enrichir une carrière musicale amorcée dès le cégep. « Je finissais mon bac[calauréat] quand les Cowboys Fringants ont pris leur essor, en 2002. Nous lancions alors l’album Break syndical qui nous a ouvert les portes des tournées au Québec et en Europe. Le rythme, intense, nous amenait à jouer 20 concerts par mois, se souvient-il. Dans ma jeune vingtaine, c’était fantastique de découvrir du pays, voyager entre amis, consolider notre public. Mais je ne l’aurais pas fait toute ma vie! »

À la faveur d’une pause avec son groupe, il s’inscrit à une mineure en écologie, puis enchaîne avec une maîtrise, toujours guidé par sa passion pour la préservation de l’environnement. « J’ai choisi d’étudier à Montréal où Les Cowboys Fringants étaient établis. Quand j’ai cherché un emploi conciliant musique et carrière scientifique, celui de professeur m’offrait cette grande liberté.

Franc succès

Son profil atypique séduit le comité de sélection à l’attribution du poste en écologie économique à l’ISFORT, en 2015. « Son expérience musicale et sa notoriété ont été considérées de façon très positive, se souvient le directeur scientifique de l’institut, Christian Messier. Nous n’avions qu’une crainte : comment allait-il concilier ces deux carrières? » À la même époque, les Cowboys Fringants venaient de sortir leur plus récent album, Octobre, et s’apprêtaient à partir en tournée.

Deux ans plus tard, le groupe adapte ses concerts au calendrier universitaire. Le laboratoire de M. Dupras regroupe désormais 22 étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat; un exploit pour un professeur en début de carrière. « Ma réputation artistique contribue assurément au recrutement », analyse l’heureux chercheur. « Être autonome est la condition primordiale pour rejoindre son équipe », prévient l’un de ses postdoctorants, Jean-François Bissonnette, mentionnant des absences de plusieurs semaines.

Ses collègues ne tarissent pas d’éloges à son égard : « excellent gestionnaire »,
« visionnaire », « très actif dans le développement de réseaux professionnels ». Personnalité de la scène musicale bien connue au Québec, il a développé des compétences fort utiles en relations publiques. « Il assure très bien la visibilité de ses recherches », témoigne son directeur.

Deux passions au diapason, une même cause

Il n’est pas rare, d’ailleurs, que musique et sciences convergent au sein des projets que mène Jérôme Dupras. De mémoire d’étudiant, on l’a déjà entendu jouer de la basse durant des rencontres professionnelles en laboratoire. « C’est un personnage très drôle, il aime détendre l’atmosphère et insuffle beaucoup de cohésion à l’équipe. »

La « vedette » de l’UQO n’hésite pas à convier son équipe universitaire à le rejoindre sur scène pour les grandes occasions. Christian Messier a ainsi pu exposer son travail à des milliers de spectateurs, sur la scène du Centre Bell de Montréal en 2014. Les profits de ce concert, Un arbre pour tous, ont été réinvestis par la fondation du groupe pour la plantation d’arbres. Car si l’engagement social fait partie de leur ADN, les Cowboys ont donné un autre élan à leur musique en créant leur propre fondation pour l’environnement, en 2006.

« Ma véritable passion, c’est quand je parviens à faire se rejoindre musique et environnement, résume M. Dupras. Tout est question, ensuite, de savoir canaliser les énergies au bon moment. » Et d’espérer que ses deux jeunes enfants ne tombent pas malades…

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  1. Pierre Jasmin / 25 janvier 2018 à 17:16

    Quel bonheur, cet article! On me trouvait fou d’allier ma carrière de musicien à mes préoccupations sur le nucléaire et la paix: voici quelqu’un qui allie non pas deux passions mais carrément deux carrières apparemment inconciliables, avec un réel talent! Les cowboys fringants ont toujours été une de mes passions!

  2. Melanie Perreault / 27 janvier 2018 à 22:16

    Bravo Jérôme! Tu es une grande inspiration pour moi! Merci et bravo pour tes passions!
    Mélanie Perreault, enseignante et fan!

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