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Une simulation humanitaire décoiffante

À sa première édition « régulière » depuis 2019, l’événement de 2023 a permis à une quarantaine de participant.e.s de mettre en pratique leurs compétences en gestion de l’action humanitaire.

par PIERRE BLAIS | 14 AOÛT 23

De façon générale, le domaine de l’aide humanitaire a été marqué par un virage axé sur la professionnalisation au cours des dernières années. Les établissements d’enseignement supérieur ont ainsi élaboré des programmes d’études visant à améliorer le partage de connaissances en ce qui a trait à la gestion des crises.

Offrant une formation en gestion humanitaire depuis 20 ans, l’Université Laval se démarque depuis quelques années en organisant des simulations d’urgences humanitaires, des sprints annuels de trois jours au cours desquels les participant.e.s sont confronté.e.s à la réalité du terrain.

« Nous sommes peut-être la seule université au monde à former spécifiquement des gestionnaires en aide humanitaire », avance Carlos Cano, responsable pédagogique du programme de maîtrise en sciences de l’administration – gestion du développement international et de l’action humanitaire de l’Université Laval.

Vu son expertise, il était tout naturel pour l’Université de prendre la relève de l’Université McGill, il y a quelques années, lorsque celle-ci s’est retirée de l’organisation d’une simulation annuelle de crise humanitaire. « Soulignons l’apport de la docteure Kirsten Johnson, qui dans le cadre du programme de médecine familiale de l’Université McGill, a importé les simulations d’aide en situation d’urgence humanitaire il y a 10 ans. Sans elle, la simulation au Québec n’existerait pas », insiste-t-il.

Un groupe de personnes qui travaillent autour d'une même table.
Photos : Université Laval

Cette transition aura d’ailleurs permis à l’Université Laval de nouer un partenariat avec l’entreprise Humanitarian Partners International. Du renfort crucial d’abord parce que les dernières éditions ont été marquées par la pandémie (2023 était la première édition dite régulière depuis 2019), mais également parce qu’à l’instar de l’aide humanitaire en soi, la formation de gestionnaire humanitaire s’est raffinée et nécessite énormément de coordination. « C’est une organisation qui a été créée par des humanitaires afin d’améliorer les pratiques générales. C’est très poussé comme formation, je ne pourrais pas le faire sans les cinq ou six personnes qui nous aident », explique M. Cano au sujet du regroupement qui gère plusieurs autres simulations autour du monde.

La formation a beaucoup évolué avec le temps. Il est aujourd’hui question d’enjeux dont on ne parlait pas autrefois comme le surmenage, le quotidien d’une action humanitaire ou encore le poids de la professionnalisation. « Quand les choses changent, on doit s’adapter. Il y a 10 ans, on ne travaillait pas ainsi », rappelle le responsable.

Des scénarios collés sur la réalité

Autre aspect crucial à la réussite d’un tel projet : le réalisme de la crise. « C’est une force de la simulation, c’est très près de la réalité du terrain. On comptait un.e comédien.ne par participant.e, sans arrêt on nous a sorti.e.s de notre zone de confort », constate Émilie Pelletier, participante à l’événement de 2023. « Il a tellement venté à certains moments qu’on croyait que les tentes allaient s’envoler. C’était donc très réaliste, oui! », se rappelle également l’étudiante à l’Université Laval.

Pour arriver à être réaliste, il peut par exemple être intéressant de se coller à l’actualité. Cette année, la simulation se déroulait fictivement à la frontière de l’Ukraine, en territoire européen, où il fallait gérer l’afflux de réfugié.e.s dans une ville. « On parle ici d’Ukrainien.ne.s qui se considéraient comme déplacé.e.s, alors que selon le droit international, ces personnnes étaient des réfugiées. Il n’y avait aucun service dans l’endroit où nous étions installé.e.s puisque fictivement, c’est la guerre. Il fallait donc tout mettre en branle pour assurer l’arrivée des gens », illustre M. Cano, afin de montrer quelques subtilités de l’exercice.

Situations instables, manque d’information, fatigue, conditions difficiles d’hébergement et d’alimentation, voilà autant d’autres défis auxquels ont été confronté.e.s les quelques 40 participant.e.s, provenant majoritairement du Québec.

Cette expérience a notamment permis à Émilie Pelletier de confirmer que ses choix de carrière étaient les bons, puisqu’elle « a réalisé au cours de ce weekend avoir un bon esprit critique sur les scénarios. Je suis maintenant certaine d’avoir choisi le bon milieu pour travailler et aider ». Pas qu’elle en doutait vraiment, mais de vivre et gérer une crise sur une passablement longue période l’a confortée à ce niveau.

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