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Cap sur les compétences

Inconduite à l’université : survol des causes et solutions potentielles

Pour lutter contre la tricherie, il faut d’abord en comprendre les raisons.

par LOLEEN BERDAHL | 19 JUIN 23

L’intégrité intellectuelle est essentielle à la légitimité des universités : sans elle, les diplômes n’ont plus la même valeur. L’apprentissage et le maintien de l’intégrité contribuent d’ailleurs à l’acquisition de valeurs éthiques au travail et dans la vie personnelle. Or, même si l’intégrité intellectuelle est essentielle à la mission et à la réputation des universités, les membres du personnel enseignant ont souvent du mal à gérer les cas d’inconduite lorsqu’ils surviennent.

Pour cette série spéciale en trois parties sur le dossier des compétences, j’ai le plaisir de collaborer avec ma collègue Susan Bens, spécialiste du développement éducatif au centre Gwenna Moss pour l’enseignement et l’apprentissage de l’Université de la Saskatchewan. Dans cette première rubrique, nous abordons les raisons pouvant expliquer la tricherie, le plagiat et les autres formes d’inconduite chez les étudiant.e.s. Dans le prochain texte, nous nous pencherons sur le rôle de ChatGPT et d’autres technologies dans ces questions. Enfin, dans la dernière rubrique, nous expliquerons comment une bonne connaissance des raisons derrière l’inconduite permet de concevoir des cours qui favorisent le respect de l’intégrité intellectuelle.

Pourquoi tricher? La réponse de la recherche

Au fil du temps, l’exploration des raisons derrière l’inconduite (notamment au Canada) s’est élargie. Ne se limitant plus à examiner les traits personnels, les études englobent désormais les influences multiples de l’environnement universitaire sur le comportement étudiant. Si la recherche n’a dégagé aucun lien de causalité clair, d’après certaines corrélations multidimensionnelles, il semblerait toutefois que les universités et les membres du personnel enseignant peuvent modifier leur enseignement et milieu d’apprentissage pour favoriser l’intégrité intellectuelle et décourager l’inconduite.

Qu’est-ce qui poussent les étudiant.e.s a triché, alors? Simplement la nature humaine et la prise de mauvaises décisions. Comme tout le monde, les étudiant.e.s réorganisent leurs priorités en fonction des pressions externes et de leurs intérêts, et pèsent les pour et les contre de chaque action possible. Parfois, la procrastination, les pressions sociales ou la crainte de ne pas être à la hauteur aura le dessus sur les autres considérations. Les étudiant.e.s peuvent vouloir cacher leurs défauts, particulièrement aux personnes en situation de pouvoir comme leurs professeur.e.s. Voici six raisons courantes d’inconduite dans le milieu universitaire  :

  • Manque d’intérêt pour le contenu : indifférence ou désintérêt à l’égard du cours et volonté d’y mettre le moins d’effort possible.
  • Manque de compétences : absence de certaines connaissances requises et désir de masquer ou de contourner ses lacunes.
  • Malentendu : mauvaise compréhension des attentes menant à une inconduite involontaire.
  • Manque d’intérêt pour l’enseignant.e : sentiment d’invisibilité ou de manque de respect suscité par l’enseignant.e et absence de volonté de préserver une bonne relation avec elle ou lui.
  • Tolérance de l’inconduite : croyance ou connaissance que d’autres personnes commettent des inconduites et désir de se donner les mêmes chances de réussite.
  • Stress : présence d’un stress considérable en raison du manque de temps ou de la pression de performance et désir de le soulager.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de se servir de ces raisons pour trouver des solutions.

Pistes de solutions

Parmi les raisons énumérées ci-dessus, lesquelles sont les plus susceptibles d’entrer en jeu dans le cadre de vos cours? Une fois que vous les aurez identifiées, vous pourrez mettre en œuvre les pistes de solutions pertinentes.

 

Raison de l’inconduite Pistes de solutions à utiliser en classe
Manque d’intérêt pour le contenu
  • Expliquez clairement pourquoi le cours est important.
  • Mettez à profit l’apprentissage actif pour susciter l’intérêt.
  • Utilisez des techniques d’évaluation qui reflètent ce qui se fait dans la réalité.
  • Offrez aux étudiant.e.s la possibilité de choisir et de proposer des activités et des méthodes d’évaluation.
  • Soulignez l’utilité du contenu pour l’avenir des étudiant.e.s.
  • Utilisez des activités et des travaux qui font le pont avec la vie réelle.
Manque de compétences
Malentendu
Manque d’intérêt pour l’enseignant.e
  • Montrez-vous enthousiaste. Créez une relation avec vos étudiant.e.s : prenez le temps de leur parler avant et après les cours.
  • Incitez vos étudiant.e.s à demander de l’aide. Rappelez-leur vos heures de disponibilité et soulignez que vous leur réservez un accueil chaleureux.
  • Expliquez vos attentes personnelles quant au contenu, à la réalisation de travaux et à l’intégrité.
Tolérance de l’inconduite
Stress
  • Si possible, échelonnez les dates de remise au sein d’un même programme pour éviter la surcharge.
  • Divisez les gros travaux en petites sections, à remettre tout au long du trimestre.
  • Envisagez d’adopter une politique souple en ce qui a trait aux dates de remise.
  • Insistez sur les attentes en matière d’intégrité intellectuelle dans les périodes où la tentation pourrait être grande (p. ex., juste avant un examen ou la remise d’un travail).

De plus, les progrès technologiques viennent complexifier davantage le problème; c’est le sujet que nous aborderons dans le prochain texte. D’ici là, n’hésitez pas à envoyer cette rubrique à vos collègues pour favoriser la discussion sur le campus.

À PROPOS LOLEEN BERDAHL
Loleen Berdahl
Loleen Berdahl est une universitaire primée. Elle est aussi directrice générale de l’École supérieure de politique publique Johnson Shoyama (Université de la Saskatchewan et Université de Regina), ainsi que professeure et ancienne responsable du programme de sciences politiques de l’Université de la Saskatchewan. Depuis 2016, Mme Berdahl participe à des conférences et visite des campus universitaires d’un bout à l’autre du Canada pour parler de la formation et du perfectionnement professionnels des étudiants. Ses travaux de recherche dans ce domaine sont financés par le programme de subventions Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines. Parmi ses plus récentes publications, mentionnons les ouvrages Work Your Career: Get What You Want from Your Social Sciences or Humanities PhD (University of Toronto Press; en collaboration avec Jonathan Malloy) et Explorations: Conducting Empirical Research in Canadian Political Science (Oxford University Press; 4e édition rédigée en collaboration avec Jason Roy).
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