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Conseils carrière

6 étapes simples pour enseigner l’art de la dissertation

Des stratégies efficaces peuvent faire diminuer le nombre de dissertations mal écrites ou contenant des passages plagiés.

par STUART CHAMBERS | 25 AVRIL 19

Trimestre après trimestre, mes collègues professeurs déplorent que les dissertations de leurs étudiants soient mal écrites ou contiennent des passages plagiés. Ils oublient toutefois trop souvent le rôle qu’ils peuvent jouer pour y remédier. Des stratégies efficaces peuvent aisément être déployées dans le cadre d’une démarche proactive.

Étape 1 : Demander des dissertations

Certains professeurs ont tourné le dos aux dissertations, les jugeant « désagréables à rédiger pour les étudiants » et « ennuyeuses à lire ». D’autres prétendent n’avoir pas le temps de les noter en raison de leurs obligations en matière de publication, de leurs responsabilités familiales ou, dans le cas des professeurs à temps partiel, de leur autre emploi. Imaginez qu’un étudiant qui n’a pas fait ses travaux avance les mêmes excuses : « Désolé, je n’ai pas eu le temps à cause de mon emploi à temps partiel, de mon horaire de sport et de ma vie sociale. » Comme on attend des étudiants qu’ils fassent leurs travaux au mieux, il est normal d’attendre des professeurs qu’ils trouvent le temps de noter les dissertations et de les commenter comme il se doit. Si un professeur est débordé, il peut exiger une dissertation plus courte et privilégier la qualité plutôt que la quantité. Les professeurs qui ont cessé de demander des dissertations sont mal placés pour se plaindre de la mauvaise qualité des textes de leurs étudiants.

Étape 2 : Prévoir du temps en classe pour communiquer les consignes

On m’a dit des milliers de fois que les universités existent pour promouvoir la recherche, que les conseils de rédaction, c’est bon pour le secondaire. Il faut toutefois savoir que la plupart des étudiants cessent leurs études après le premier cycle. Même s’ils ne sont pas appelés à devenir chercheurs professionnels, ils doivent posséder les aptitudes de rédaction qu’exigera leur parcours professionnel, quel qu’il soit. Au premier cycle, en première année, les professeurs peuvent facilement réserver chaque trimestre une période par cours pour communiquer des consignes précises en matière de rédaction et expliquer les mécanismes en jeu.

Étape 3 : Profiter des heures de bureau pour réviser les dissertations

Trop souvent, les étudiants qui ont besoin d’aide pour leur dissertation sont dirigés vers le centre de rédaction de l’établissement ou vers un assistant à l’enseignement. Ce n’est pas l’idéal. Si leur professeur prenait le temps de jeter un œil critique sur leurs dissertations pendant ses heures de bureau, les problèmes comme les phrases maladroites, les passages trop longs ou mal tournés, ou encore les affirmations ou citations inexactes seraient vite cernés. Il faut peu de temps pour relire un ou deux paragraphes et repérer les lacunes du rédacteur.

Étape 4 : Fournir des exemples d’excellentes dissertations

Nombre d’étudiants de première année ignorent les normes en matière de style et les autres attentes auxquelles un texte de niveau universitaire doit répondre. Le mieux est dans ce cas de leur faire prendre connaissance de dissertations notées A+. En fin de trimestre, je demande aux trois meilleurs étudiants de chaque classe de m’envoyer par courriel les versions corrigées de leurs dissertations. Au trimestre suivant, je mets ces versions en ligne pour faire pleinement comprendre les attentes à respecter en matière de forme, de structure et de grammaire.

Étape 5 : Instaurer des mesures contre le plagiat

Les professeurs doivent éviter d’imposer chaque année à leurs étudiants la même dissertation. Cela ne fait qu’inciter à la tricherie. Le défi – comme le plaisir – consiste à imaginer pour chaque groupe une nouvelle dissertation, à trouver des idées originales qui suscitent l’intérêt des étudiants. Le fait d’exiger au premier cycle une dissertation sur un thème insuffisamment précis pose aussi problème : les étudiants peuvent facilement télécharger ou acheter des dissertations qui en traitent. Pour prévenir le plagiat, les professeurs peuvent proposer une sélection de thèmes à analyser, établir une liste de sources incontournables, exiger des données qualitatives et quantitatives, et fixer le nombre de citations à intégrer (douze à quinze en première année).

Étape 6 : Exploiter le plagiat involontaire à des fins pédagogiques

Il y a une nette différence entre la tricherie pure et simple, qui consiste à copier-coller des paragraphes entiers ou de longs passages d’une source, et les erreurs de bonne foi dues à l’inexpérience. Un étudiant peut, par exemple, oublier de mettre une citation entre guillemets. S’il s’agit d’un cas isolé, c’est un oubli, rien de plus. Le fait de reformuler abondamment peut aussi être assimilé à du plagiat. Pour une analyse de discours, il est facile de prévenir ce faux pas en exigeant des citations exactes. L’étudiant qui n’a reformulé qu’un ou deux propos en s’en tenant pour le reste à des citations n’avait manifestement pas l’intention de plagier. Il est souhaitable d’exploiter ce genre d’erreurs à des fins pédagogiques, sans taxer leurs auteurs de plagiat. Le but est de faire des étudiants des rédacteurs confiants, non de réprimer leur potentiel.

Stuart Chambers enseigne à l’École d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa.

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