La pandémie de COVID-19 a contraint les établissements d’enseignement postsecondaire, le corps professoral, le personnel et les élèves à s’adapter vite et d’une façon tout à fait inédite. De toute son histoire, jamais l’humanité n’avait vécu un tel cataclysme : l’apprentissage en personne a rapidement cédé le pas à l’apprentissage à distance, la situation financière de certains établissements s’est fortement précarisée pendant que les consignes d’éloignement social ont suscité à long terme, en matière de santé mentale et physique, quelques préoccupations.
Certes, personne n’aurait souhaité vivre une telle situation, mais certains éléments positifs sont perceptibles dans le secteur de l’enseignement postsecondaire. À certains égards, la pandémie a contribué à raffermir notre sentiment d’adhésion à la qualité de l’apprentissage et de l’enseignement de même qu’à attirer notre attention sur les facteurs clés qui sont garants d’une formation de niveau postsecondaire de grande qualité.
- L’enseignement axé sur l’étudiant : La découverte de méthodes au moyen desquelles maintenir la participation scolaire et, parallèlement, combler les besoins de tous les étudiants compte parmi les difficultés propres à l’apprentissage et à l’enseignement à distance et en ligne. Il ressort de la recherche que l’enseignement axé sur l’étudiant revêt une importance considérable relativement à la participation scolaire : dans la foulée de la pandémie, les avantages que présente la conception universelle de l’apprentissage (participation; représentation; action; expression) en ce qui touche la création et la prestation des cours alimentent de plus en plus les conversations. Cette prise de conscience renouvelée est fondamentale, car des éléments d’information donnent à penser que la conception universelle de l’apprentissage peut favoriser la réflexion et la motivation chez les étudiants.
- Une bonne pédagogie est essentielle à l’enseignement, qu’il soit en ligne ou en personne : De tout temps, l’enseignement fructueux et de grande qualité s’est appuyé sur la pédagogie. Cette réalité est encore davantage avérée dans l’apprentissage à distance. Mais que l’enseignement soit en ligne ou en personne, il faut chercher à connaître le comment, le quoi et le pourquoi. Le comment : quelle méthode d’enseignement privilégiez-vous?; le quoi : quel outil favorise le mieux chez les étudiants l’atteinte des résultats d’apprentissage dans le cours?; le pourquoi : quelles sont les raisons pour lesquelles cette méthode est la meilleure? Le processus d’enseignement et d’apprentissage pendant la pandémie a certainement ravivé la pertinence de l’enseignement intentionnel afin que l’apprentissage (numérique) soit convenablement mis en œuvre.
- Les parcours ou titres de compétences atypiques sont importants : De plus en plus, les collèges et universités de l’Ontario proposent des programmes souples et courts qui mènent à l’obtention de titres de compétences pour satisfaire aux divers besoins de l’ensemble des étudiants. Les microtitres de compétences forment un exemple parmi tant d’autres de titres de compétences parallèles en plein essor. Alors que nous composons avec les effets de la pandémie sur les perspectives de l’enseignement postsecondaire et le marché du travail, peut-être serait-il opportun de poursuivre dans la même veine et d’intégrer à l’enseignement postsecondaire les méthodes de formation axées sur les compétences. L’adhésion à un modèle d’apprentissage permanent dans l’enseignement supérieur peut donner des possibilités ingénieuses, souples et ciblées de perfectionnement et de mise à niveau des aptitudes.
- L’évaluation revêt de l’importance : Après l’adoption en toute vitesse de l’apprentissage à distance, des questions sont apparues à propos de l’aspect que devrait prendre l’évaluation en ligne et des façons par lesquelles la mettre en œuvre. Cette transition subite et généralisée vers l’apprentissage en ligne donne l’occasion de réévaluer l’aspect que prend l’évaluation sous l’angle de l’apprentissage au XXIe siècle. Nous pouvons songer aux aptitudes et compétences auxquelles nous attachons de l’importance et que nous privilégions dans l’apprentissage en ligne des étudiants, de même qu’aux types de mesures d’évaluation qui permettront de les jauger adéquatement. Les enseignants pourraient envisager de donner aux étudiants le choix parmi différentes possibilités d’évaluation en vue de l’attestation de leur apprentissage. Le recours à une gamme diversifiée d’outils d’évaluation permettra aux enseignants de rendre service aux étudiants qui possèdent chacun un vécu et une créativité bien à eux.
- L’empathie et la compassion sont fondamentales : Enfin, malgré la tourmente, nous avons constaté que le volet humain de l’éducation suscite une attention croissante. D’une part, les pédagogues de talent ne se contentent pas de transmettre de la matière et, d’autre part, le cheminement des étudiants au niveau postsecondaire ne se limite pas aux lectures obligatoires ni aux travaux à remettre. Dans la conjoncture à laquelle nous faisons face, les liens établis en contexte de formation doivent tenir compte des difficultés particulières qu’éprouvent les étudiants, le corps professoral et les membres du personnel : le membre du corps professoral qui, à domicile, doit à la fois enseigner à ses enfants et les élever; le membre du personnel qui fait du télétravail et doit s’occuper de proches âgés; ou l’étudiant qui s’inquiète de sa situation financière après avoir perdu son emploi. S’il y a quelque chose que nous avons appris de cette pandémie, c’est qu’une petite dose de bienveillance et de compréhension peut favoriser en grande partie la réussite en des circonstances inhabituelles.
Nous traversons une période difficile et, à bien des égards, vraiment éprouvante. Toutefois, si nous continuons de prêter attention aux leçons que nous en tirons, le secteur de l’enseignement postsecondaire saura apprendre, croître et continuer de s’améliorer, pendant – et après – la pandémie.
Jessica Rizk est chercheuse et Amy Kaufman est directrice, Recherche, Politiques et Amélioration des systèmes, au Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur.