Question:
Je crée toutes les illustrations de mes demandes de subventions dans PowerPoint, mais j’ai entendu que certaines personnes, pour les subventions d’envergure, embauchent des spécialistes du graphisme et de l’illustration scientifique. Les illustrations ont-elles une importance décisive pour l’octroi des subventions de recherche, et ce, même si je ne propose pas des projets représentant des millions de dollars? – Anonyme, sciences de la réadaptation
Réponse de Dr Editor :
Je ne pense pas que vous ayez à embaucher des spécialistes du graphisme ou de l’illustration scientifique si vous demandez une subvention de projet traditionnelle aux Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Or, certaines ressources gratuites ou à faible coût pourraient bonifier votre prochaine demande.
Ces dernières semaines, j’ai interviewé des universitaires du Canada ayant siégé aux comités d’évaluation par les pairs du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et des IRSC, qui nous ont raconté leurs expériences et nous ont donné des conseils pour la présentation d’une demande. Une chose que ces anciens évaluateurs et anciennes évaluatrices m’ont dite, c’est que « nous le savons quand une demande a été bâclée ».
Les personnes qui lisent cette chronique et y contribuent ne sont sûrement pas celles qui bâclent une demande – j’ai l’impression que vous êtes plutôt du type proactif et planificateur. Malgré ces bonnes intentions, bon nombre d’entre vous n’ont pas les compétences graphiques nécessaires pour créer des éléments visuels soignés et attrayants qui illustreront bien votre projet. Selon les recherches, les comités d’évaluation par les pairs ont tendance à éliminer les demandes considérées comme faibles (van den Besselaar & Mom, 2021). Si vos illustrations ne sont pas à la hauteur, votre proposition pourrait donc en souffrir.
Dans un article qui suscite la réflexion, « Flipping the grant application review process », Ivo Dinov explique qu’en accordant trop d’attention à l’esthétique de la demande, on gaspille de l’énergie et des ressources, on privilégie le processus au détriment du contenu et on entreprend un travail compliqué qui vise à influencer la résonance politique et la perception du projet proposé (2020). Influencée par les réflexions critiques de M. Dinov sur ce fardeau, j’ai décidé de consacrer la chronique du mois à des astuces faciles, rapides et efficaces qui vous aideront à préparer des demandes soignées et attrayantes. Nous discuterons des images et j’aimerais vous parler de raccourcis qui vous aideront à soigner l’apparence de votre demande, même si vous n’avez pas de licence Photoshop.
1. Les belles illustrations sont facultatives
En consultant un échantillon de demandes retenues dans Open Grants, vous constaterez que des projets accompagnés d’illustrations plutôt modestes sont régulièrement financés. Et c’est tant mieux : les évaluateurs et évaluatrices peuvent voir au-delà d’une esthétique quelconque pour reconnaître la valeur scientifique d’un projet.
Prenons par exemple les deux illustrations de rongeurs ci-dessous. La souris à gauche provient d’une demande de subvention retenue par les National Institutes of Health, aux États-Unis, tandis que le rat à droite est tiré d’un article publié dans European Urology:
Donc, établissons un fait : quand votre travail parle de lui-même, vos illustrations n’ont pas à être des chefs-d’œuvre. Elles doivent être claires et compréhensibles, mais personne ne vous reprochera les pattes démesurées de vos souris.
Si vous craignez que vos illustrations nuisent à la crédibilité de votre projet – par exemple, si elles pourraient distraire votre lectorat ou si elles ne rendent pas compte de vos compétences pour le transfert des connaissances – vous constaterez qu’avec les bons outils, vous pourrez créer rapidement une image attrayante.
2. Qui dit bonne illustration dit illustration conforme aux critères d’évaluation
Si j’avais révisé la demande associée à l’image de gauche, j’aurais probablement proposé une image semblable à celle-ci :
Il ne m’a fallu que quatre minutes pour créer cette image à l’aide de la bibliothèque d’images médicales gratuites Servier Medical Art et de PowerPoint. Cette nouvelle image n’améliore pas la qualité des renseignements scientifiques de la proposition, mais elle peut donner aux évaluateurs et évaluatrices un aperçu des ressources dont vous disposez et du soin que vous avez mis pour élaborer votre proposition – ce qui atteste de la faisabilité et de la crédibilité, respectivement. Puisque les IRSC recherchent des candidat.e.s qui ont « accès à l’infrastructure, aux installations, au personnel de soutien, aux appareils ou aux fournitures nécessaires » (selon leur guide d’évaluation par les pairs), il me semble qu’une demande soignée est évocatrice d’un environnement de recherche et d’un soutien de grande qualité.
La bibliothèque Servier Medical Art est utile et gratuite, mais le nombre d’images offertes est limité. Si vous n’y trouvez pas ce que vous cherchez, il existe d’autres bonnes options. Voici une autre illustration efficace tirée d’une demande de subvention retenue, qui est accessible dans la base de données Open Grants.
Même sans titre ni légende, le graphique illustre clairement la manière dont l’expérience est menée, la démarche ayant été subdivisée selon deux visées. L’illustration a été créée pour la National Science Foundation, aux États-Unis, mais si la demande avait été déposée au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), on peut supposer que l’image aurait contribué à assurer la clarté des objectifs et la méthodologie (conformément aux critères de sélection du CRSNG).
Et ce petit têtard? Il est offert dans un éventail de couleurs par The Noun Project – il suffit de faire une recherche avec « tadpole ». Je verse environ 45 dollars par année à The Noun Project pour télécharger n’importe quelle icône et l’utiliser sans mention. Après avoir commencé à intégrer ces icônes dans des demandes de subventions, je me suis rendu compte que ce vaste éventail d’images simples pouvait m’être utile pour du matériel d’enseignement et des diaporamas de présentation.
Alors, devez-vous embaucher des spécialistes du graphisme et de l’illustration scientifique? Ces personnes ont des compétences poussées qui pourraient vous amener à voir votre travail sous un nouveau jour – mais jusqu’à ce que vous receviez la subvention et ayez les moyens de les payer, je crois que vous pourrez vous en tirer avec des icônes simples et PowerPoint.
Letitia Henville est rédactrice-réviseure universitaire indépendante pour le site shortishard.ca. Elle est titulaire d’un doctorat en littérature anglaise de l’Université de Toronto.