Tous les membres de ma famille vous le diront : « Indécise » devrait être mon deuxième prénom. En effet, j’hésite constamment entre ce que je « devrais » et ce que je ne « devrais pas » faire. C’est ce qui s’est produit quand j’ai dû choisir entre deux universités pour mes études au premier cycle. Incapable de me décider, j’ai fait ce que toute personne normale aurait fait en prenant, littéralement, ma décision sur un coup de dé. Si le dé s’arrêtait sur un nombre impair, ce serait un établissement; s’il s’arrêtait sur un nombre pair, ce serait un autre. Et c’est ainsi qu’un nombre pair a décidé des quatre années suivantes de ma vie. (Je précise que je ne recommande cette méthode à personne.)
Évidemment, quand ensuite j’ai dû choisir un programme et un établissement pour mon doctorat, j’étais tétanisée. Sur la base de quels critères devais-je prendre ma décision? En fonction de la réputation de mon directeur de thèse potentiel dans le domaine pour lequel j’opterais? Ou plutôt en fonction du financement dont je pourrais bénéficier? Et pour le choix de l’établissement? Aujourd’hui, un an après l’obtention de mon doctorat, je peux vous assurer que même s’il est important de prendre en compte ces critères pour choisir un programme de doctorat, ce choix exige bien plus de réflexion. Il est entre autres important d’apprendre à connaître son directeur de thèse potentiel, sans se fier uniquement à son curriculum vitae.
Dans certains cas, le choix en matière de programme de doctorat ou d’établissement peut être relativement restreint. Le problème n’est alors pas de faire le tri entre un nombre infini de possibilités, mais plutôt de cibler une spécialisation. Et qui dit spécialisation dit nombre de places limité. À l’université, certains domaines d’études sont si spécialisés que seules une ou deux options existent. Dans les autres cas, les options peuvent être si nombreuses que ça devient déroutant.
Le directeur de thèse lui-même est un facteur clé évident que chacun « devrait » prendre en compte dans le choix de son programme de doctorat et de son établissement, et pas forcément pour les raisons auxquelles on s’attendrait. Après l’obtention de ma maîtrise, on m’a précisé qu’il était impératif de choisir avant tout mon directeur de thèse en fonction de son expérience dans le domaine. Quelle est sa réputation et quelle est l’ampleur de ses liens au sein de la discipline? Ces éléments doivent sans doute être pris en compte, mais d’autres sont tout aussi importants, voire plus.
Avant de choisir un directeur de thèse, je vous recommande deux choses : apprenez à le connaître… et à vous connaître vous-même. N’oubliez pas que vous vous apprêtez peut-être à vous engager dans une relation de quatre, cinq ou même sept ans. Même après l’obtention de votre doctorat, votre directeur de thèse continuera probablement à jouer un rôle dans votre vie, que ce soit en tant que mentor ou en tant que répondant pour un emploi à l’université ou ailleurs. Il serait par conséquent insensé de le choisir uniquement en fonction de sa réputation et de son prestige.
Apprenez à connaître votre directeur de thèse potentiel sans vous cantonner à ses publications savantes. Apprenez à le connaître en tant que personne. Comment travaille-t-il? Rencontre-t-il les gens qu’il encadre chaque semaine, ou seulement tous les trois ou quatre mois? Les accueille-t-il avec du thé et des biscuits (oui, ça existe, mon directeur de thèse le faisait), ou sépare-t-il sa vie professionnelle de sa vie personnelle? La meilleure façon de le savoir est de discuter avec un des étudiants qu’il supervise : vous aurez ainsi une meilleure idée sur la personne qui, au cours des quelques prochaines années, sera appelée à vous voir aussi bien sous votre meilleur jour que dans les pires moments.
L’autre partie de l’équation est d’apprendre à vous connaître vous-même. Qu’attendez-vous d’un directeur de thèse? Qu’est-ce qui, pour vous, peut faire voler une relation en éclats? Ayant poursuivi des études au premier cycle et à la maîtrise, vous avez sans doute déjà été exposé à la relation directeur de recherche-étudiant. Qu’est-ce qui a fonctionné ou non pour vous? Posez-vous toutes ces questions. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Toutefois, votre santé mentale et votre réussite au doctorat dépendront en grande partie du fait que vous aurez su, ou non, cerner vos attentes de la relation avec votre directeur de thèse.
Alors, quand vous devrez choisir votre directeur de thèse, ne vous contentez pas de vous demander « devrais-je » ou « ne devrais-je ». Et résistez à la tentation de prendre votre décision sur un coup de dé.
Erin Clow est titulaire d’un doctorat et conseillère en équité à l’Université Queen’s, à Kingston.