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Conseils carrière

Se relever après un essoufflement professionnel

Si vos travaux de recherche ont ralenti jusqu’à un point de non-retour, il existe quelques stratégies pour raviver votre passion d’autrefois pour votre travail.

par TIM KENYON | 02 MAR 21

Dans mes deux dernières chroniques, je vous ai parlé de certaines difficultés que les professeurs en milieu de carrière peuvent éprouver en cas de ralentissement réel ou perçu de leurs travaux de recherche. Je vous ai aussi proposé quelques stratégies et conseils pour tenter de prévenir ou de renverser rapidement une telle baisse de régime. Mais que peut-on faire lorsqu’un ralentissement se prolonge au point de ne pouvoir être surmonté, lorsqu’un chercheur s’inquiète d’un trou béant dans son CV ou craint d’être complètement dépassé par l’avancement de la recherche dans son domaine?

L’une des stratégies déjà évoquées consiste à combler les trous. Qu’est-ce que cela signifie? Il peut s’agir d’ajouter de l’information à votre CV, par exemple au sujet des réussites en recherche de vos étudiants. Ou encore de veiller à bien consigner toutes vos contributions à la recherche. Qu’il s’agisse d’évaluations d’articles de revue et de manuscrits, d’examens de dossiers en vue de l’obtention d’une permanence ou d’une promotion, ou de commentaires sur des articles de conférences, ces tâches exigent beaucoup de temps et d’efforts, même si on tend à les oublier rapidement! Vous devriez aussi soigneusement réfléchir à vos autres activités, comme le militantisme public, les interventions dans les médias ou le bénévolat. Demandez-vous dans quelle mesure elles comportent une part de recherche appliquée ou de mobilisation des connaissances. Même si vous enseignez que l’activité savante peut prendre plusieurs formes, vous pourriez avoir du mal à rédiger votre propre CV sans craindre qu’il ne soit mal perçu par un lecteur peu indulgent ou insensible. Bien sûr, ce genre de lecteur existe dans le milieu universitaire, mais il ne faut pas lui accorder trop d’importance.

Il existe aussi des moyens de relancer et de dynamiser vos activités de recherche de façon proactive.

  • Assistez à une conférence sur la recherche sans avoir à livrer un exposé. La première fois que je l’ai fait, je me sentais presque comme un voleur. Assister à des conférences pour le plaisir? Ne pas avoir le trac avant mon propre exposé, et ne pas être épuisé ou simplement soulagé par la suite? C’était génial! Assistez à des conférences, posez des questions et donnez votre avis. La recherche est intéressante, et écouter des gens en parler est inspirant.
  • Trouvez des occasions de discuter avec vos collègues de leurs travaux. Vous n’avez pas besoin d’avoir beaucoup de projets en cours pour vous laisser inspirer par le travail des autres chercheurs et tisser des liens dans le domaine. Vous pourriez en outre vous faire des amis et vous bâtir un réseau de recherche, car rares sont ceux qui n’aiment pas qu’on s’intéresse à leur travail.
  • Proposez à un collègue de confiance de créer son propre plan de recherche, puis invitez-le à comparer ses notes avec les vôtres et à discuter de vos plans respectifs.
  • Rédigez ou présentez de modestes travaux d’érudition. Vous devrez bien sûr vous familiariser avec les normes rédactionnelles et le style en vigueur dans le milieu journalistique et radiophonique, mais vous aurez la certitude de vous faire entendre bien plus rapidement et de rejoindre un plus grand nombre de personnes qu’avec une critique de livre dans une revue universitaire. (Si mon expérience avec Affaires universitaires peut vous donner une idée, le délai de publication y est rapide et les équipes de rédaction sont dynamiques et serviables.) Votre apport pourrait aussi avoir à lui seul des répercussions importantes en recherche.
  • Joignez-vous à un institut ou à un centre de recherche (dans votre établissement ou ailleurs) où vous contribuerez à organiser des activités et y assisterez. Sinon, inscrivez-vous au moins à leur liste de distribution afin de participer à certaines activités. Passez du temps avec des gens qui aiment parler de recherche.
  • Communiquez avec une société universitaire pour proposer d’évaluer des articles de conférences. Même s’il s’agit d’un service universitaire selon vos modalités d’emploi, il vous aidera à garder le contact avec la recherche actuelle.
  • Offrez d’agir bénévolement à titre de président de séance lors d’une conférence qui vous intéresse. Vous aurez ainsi accès à la séance et votre nom figurera sur le programme, ce qui vous aidera à vous faire connaître dans le milieu de la recherche. Il s’agit en outre d’une forme de direction et d’animation d’activités savantes.
  • Tentez d’obtenir des subventions de moins grande envergure, comme :
    • de plus petites subventions internes;
    • des subventions offertes par des organismes externes à des projets de petite envergure (qui ont souvent de bons taux de réussite); ou
    • des commandites de partenaires d’affaires, d’organisations à but non lucratif ou de groupes communautaires qui ont parfois besoin de services de consultation, de rapport ou d’analyse pour des problèmes très précis, et ont du mal à attirer l’attention des chercheurs, car ceux-ci sont naturellement concentrés sur leurs propres projets.
  • Utilisez efficacement les ressources déjà à votre disposition, comme :
    • les fonds prévus pour vos dépenses professionnelles, les programmes de financement pour professeurs ou des fonds départementaux spéciaux, s’il y en a; ou
    • les programmes ou les laboratoires déjà fonctionnels de vos collaborateurs, qui pourraient même vous laisser utiliser leurs instruments, leur personnel de recherche et leurs données dans le cadre d’un petit projet ou d’un essai pilote de votre cru.
  • Commencez par une contribution modeste, à l’image des stratégies énumérées dans mon dernier texte : soumettez des articles à des conférences, des notes de discussion, de petites interventions et des critiques de livres. Offrez bénévolement votre temps et votre expertise à vos collègues.
  • Saisissez toutes les occasions possibles de faire du mentorat en recherche : vous n’avez pas besoin d’être directeur de thèse pour siéger au comité de thèse, et vous serez ainsi bien au fait des derniers travaux de recherche. Il s’agit en outre d’une activité de formation pour personnel hautement qualifié (PHQ), ce qui vous aidera à obtenir des subventions.
  • N’oubliez pas (et gardez en tête) que l’infrastructure de soutien à la recherche de votre université est là pour être utilisée, et que vous pouvez en bénéficier. Elle n’est en aucun cas réservée aux « plus actifs »; elle est conçue pour aider tout le monde à participer aux activités de recherche. Son personnel spécialisé est souvent plus ouvert qu’on le croit à des activités de recherche de nature générale.

Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive des stratégies qui existent pour relancer vos activités de recherche et renouveler votre sentiment d’appartenance au milieu de la recherche. J’ai certainement oublié des éléments importants, et il y a probablement d’autres bonnes façons de mettre mes conseils en pratique. Ces stratégies ne s’appliqueront pas de la même façon à toutes les disciplines, et encore moins à tous les types de recherche, d’activité savante et d’activité créative. Malgré tout, les professeurs qui connaissent ou craignent un essoufflement professionnel en milieu de carrière y trouveront certaines idées utiles.

À long terme, la structure du parcours menant à la permanence présente des obstacles et des contraintes que peu d’entre nous avons officiellement appris à prévoir pendant notre formation aux cycles supérieurs et au début de notre carrière. Les stratégies fondées sur certains principes fondamentaux aident à les surmonter. Laissez-vous guider par vos intérêts actuels, et non passés. Reconnaissez les activités qui démontrent vos compétences et votre expertise en recherche, consignez-les et tirez-en profit, même si celles-ci étaient moins valorisées lors de votre formation en recherche. Trouvez des projets et des problèmes liés à vos activités réelles et touchant tous les aspects de votre interaction actuelle avec votre travail et votre mode de vie. Utilisez tout le soutien que vos collègues et votre établissement peuvent vous offrir, à quelque niveau que ce soit, afin de favoriser et de promouvoir vos travaux de recherche. Et ne désespérez pas! La créativité, la perspicacité et la curiosité font partie de qui vous êtes en tant que chercheur et chercheuse. Trouver des façons de les mettre en œuvre concrètement est plus facile qu’il n’y paraît.

Tim Kenyon est vice-recteur à la recherche à l’Université Brock.

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