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Cultiver son potentiel

L’énoncé de recherche : un outil formateur

En rédigeant ce document, vous pourrez réfléchir à la trajectoire que suivra votre carrière et faire le point sur votre travail.

par ELIZABETH WELLS | 05 MAR 24

Nous avons tous et toutes déjà rédigé une philosophie d’enseignement et un énoncé de recherche (ou programme de recherche). Nous nous en servons pour soumettre notre candidature à des postes universitaires, pour étoffer les processus de titularisation et de promotion ainsi que pour demander des bourses et des prix. Présentés selon un format normalisé, ils sont souvent rédigés à la hâte ou au besoin. C’est la nature même de notre profession. Ce que je suggère, c’est que nous utilisions l’énoncé de recherche comme un outil de formation et de discernement, plutôt que de le considérer comme une tâche à accomplir. Bien des personnes qui s’intéressent à l’enseignement (ou qui aspirent à un prix en enseignement) passent en revue leur philosophie en la matière chaque année. Dans mes récentes chroniques sur la planification (ici) et sur l’énoncé de mission (ici), je recommandais de prendre le temps de réfléchir en profondeur à notre travail et à nos façons de faire. Je tiens le même discours à propos de l’énoncé de recherche, qui devient le fruit de ces processus de planification et d’auto-identification.

Je recommande donc aux universitaires de repenser leur énoncé de recherche chaque année, soit à la fin de l’été quand la saison de recherche est terminée, soit au début de l’année civile, quand bien des plans et des objectifs sont définis (souvent juste avant le début de certains cycles de financement).

Pourquoi? Ce document est selon moi plus qu’une liste d’épicerie des prochaines étapes du processus de recherche ou de vos récentes réalisations : c’est un énoncé fondamental faisant état de votre identité, de votre travail et de vos convictions. Dans les faits, bon nombre d’universitaires qui font une demande de bourse doivent présenter un plan triennal des activités et des résultats de recherche; cet exercice fait donc partie des pratiques courantes. Même les personnes qui n’y sont pas tenues auraient intérêt à réfléchir de manière générale et approfondie à leur domaine et à leur cheminement.

On pourrait soutenir qu’en raison de la nature du travail de recherche, nos objectifs et nos projets sont une cible mouvante, changeant et évoluant constamment au fil des nouvelles découvertes et conclusions. C’est certes vrai; quand je recommande à une personne de dresser un « itinéraire professionnel » recensant tous ses projets et ses engagements, je lui conseille de se projeter au maximum trois ans dans l’avenir. Et si nous ne faisons pas l’exercice à des fins de planification, un énoncé de recherche général nous donne tout de même un point de départ pour réfléchir à ce que nous tentons d’accomplir dans notre domaine et pour en discuter avec les autres.

Non seulement l’énoncé de recherche précise l’intention et établit des repères, mais il peut (et il devrait) représenter une philosophie. Unique et individuel, il est un outil de discernement. Si une philosophie d’enseignement, comme je l’ai mentionné, peut avoir une durée de vie de quelques années, vous gagnerez à mettre votre énoncé de recherche à jour chaque année. Vous y trouverez matière à réfléchir, et pourrez faire le point sur la voie que vous suivez et sur ce que vous pensez de votre travail. Une retraite intellectuelle (j’ai écrit un texte à ce sujet) ou une longue visite dans un café pourrait être propice à une réflexion sur cet important aspect de votre travail. Avec une autre personne (qu’elle soit dans votre domaine ou non), faites l’exercice d’écrire individuellement vos énoncés, puis de vous les lire pour en discuter.

Pour définir les éléments de votre énoncé de recherche, vous pouvez vous poser les questions suivantes : quelle a été ma trajectoire jusqu’à présent? Qui m’a influencé.e ou qui ai-je influencé? Pour quelles raisons mon travail m’est-il important? Comment vais-je tirer parti de ce qui a déjà été établi; si je prends une nouvelle orientation, quelle sera-t-elle et pourquoi ai-je changé de cap? Quels sont les importants jalons de mon cheminement? Quelles sont les questions qui sont restées sans réponse? Quelles sont les prochaines étapes à franchir pour atteindre mes objectifs?

Pour les personnes en voie d’être titularisées ou promues, c’est l’occasion de mettre en lumière vos contributions les plus importantes et de tracer le chemin à suivre. Les décanats et les directions de départements peuvent faciliter le processus; je vous encourage également à faire part de votre énoncé à d’autres universitaires de votre domaine. Puisqu’une si grande part de notre travail est réalisée de manière réactive, il semble judicieux de définir notre trajectoire sans tenir compte de l’influence ou des demandes des autres.

La plupart d’entre nous aiment parler de notre travail à quiconque veut bien nous écouter. Ne serait-il pas agréable de nous y adonner de manière posée et détendue plutôt que de rédiger à la hâte un énoncé à l’approche d’une échéance? En consacrant quelques heures à réfléchir à votre énoncé, vous pourriez vivre une expérience très enrichissante. La rétroaction de vos pairs vous aidera à mobiliser et à raffiner vos pensées; ce sera l’occasion idéale de réfléchir à votre formation et au travail de votre vie.

Professeure d’histoire de la musique et de musicologie à l’Université Mount Allison, Elizabeth Wells a signé l’ouvrage The Organized Academic.

 

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