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Cultiver son potentiel

Reprendre le contrôle de ses engagements grâce aux blocs de temps

Un système qui vous permettra de délimiter vos engagements d’une façon peu commune chez les universitaires.

par ELIZABETH WELLS | 04 AVRIL 24

S’il ressort une chose de mes échanges avec les universitaires, c’est un sentiment quasi universel de surcharge. Que ce soient des étudiant.e.s aux cycles supérieurs ou des professeur.e.s aguerri.e.s, tout le monde semble crouler sous une liste sans fin de choses à faire. Malheureusement, cette pression n’est souvent ni stimulante ni porteuse de productivité; elle entraîne plutôt une paralysie qui pousse vers l’abandon… ou Netflix. C’est en partie parce qu’on s’en met trop sur les épaules – j’en parlerai dans un autre texte –, mais en attendant l’allègement de notre charge, on doit prendre soin de comment on se sent par rapport à elle. Oui, les courriels, les médias sociaux, les demandes étudiantes et le manque de soutien de l’établissement ajoutent à la charge de travail; toutefois, ce n’est pas la quantité de tâches à accomplir, mais le fait de devoir réaliser tous ces types de tâches en même temps qui pose problème. La quantité de « chapeaux » que nous devons porter (sans compter nos obligations personnelles et familiales) appelle une grande variété de compétences, d’espace mental et même de valeurs, selon la sphère concernée. Les apôtres de la productivité vous recommanderont de regrouper les tâches (par exemple, en traitant tous vos courriels d’un coup avant de passer à un autre cadre mental), mais je préconise une approche plus générale : les blocs de temps.

La gestion par blocs de temps implique de réserver des périodes précises (lesdits blocs) pour du travail en profondeur sur un seul projet ou une seule activité (à ce sujet, consultez les excellents ouvrages et le balado de Cal Newport). Un rapport à écrire, un chapitre à réviser ou n’importe quoi qui demande une attention soutenue s’y prêtent bien. Vous me direz que c’est bien beau, mais que nous n’avons généralement pas le loisir de pouvoir travailler de façon ininterrompue en blocs d’une heure ou de 90 minutes. On nous sollicite de partout. Selon moi, nous sommes en partie responsable de cette situation. En mettant nos limites, il devient plus facile de suivre la méthode. J’utilise par exemple des affichettes (je les appelle mes fiches de statut) sur ma porte. Il s’agit de bouts de papier fluorescents avec des mentions simples telles que « Mme Wells est en rencontre; veuillez ne pas déranger svp », « De retour dans cinq minutes » ou, encore mieux, « Je prépare un cours; veuillez ne pas déranger svp ». J’indique aussi dans ma signature les heures où je consulte mes courriels. Je dis à mes étudiant.e.s que j’attribue certaines journées à la correction et de ne pas s’attendre à un retour avant que cette période soit passée. J’éteins mon téléphone. Je mets mes notifications en sourdine. J’utilise une application synchronisée à mon calendrier Outlook pour la prise de rendez-vous, mais je me réserve aussi du temps de travail. Essentiellement, je me cache.

Tout ça est à votre portée aussi; il suffit d’établir fermement vos limites et de planifier vos semaines et vos journées (tel que je le proposais dans un texte précédent). Ce ne sera pas parfait, mais ce sera probablement une amélioration par rapport à votre situation actuelle. On vous envoie un message instantané en s’attendant à une réponse immédiate? Répondez poliment que vous traitez les messages seulement pendant des plages horaires spécifiques et que vous répondrez d’ici la fin de la journée sans faute. Fermez ensuite votre application de messagerie. Le message passera sans ambiguïté (pardonnez-moi le jeu de mots). Vous pourrez alors décider ce à quoi vous voulez vous consacrer pendant vos blocs de temps. N’oubliez pas qu’ils peuvent aussi vous servir dans votre vie personnelle. Vous pourriez prévoir un « moment à deux » avec votre partenaire chaque semaine pour tempérer la folie du quotidien et compenser votre manque de disponibilité occasionnel. Je me réserve une heure chaque vendredi après-midi (une plage horaire que je vous recommande d’ailleurs, si vous n’avez pas de cours), que je consacre à cette chronique et à mon site Web. J’éteins tout et j’écris ou je fais mes tâches administratives. Ainsi, je reste à jour tout en arrêtant volontairement de penser à tout le reste. C’est la beauté de la chose. Lorsqu’une demande arrive par courriel ou autrement, je sais que je pourrai la traiter calmement, au bloc prévu. La plupart des gens réagissent bien à une réponse rapide du genre : « Merci pour votre courriel. Je vous reviens d’ici vendredi midi. »

En somme, il suffit de caser les choses dans leur bloc désigné, puis de les traiter à votre rythme, tout en acceptant que vous aurez peut-être à réagir rapidement à une urgence.

Avez-vous l’impression de constamment éteindre des feux? Dans un prochain texte, je vous donnerai mes conseils pour les prévenir.

Professeure d’histoire de la musique et de musicologie à l’Université Mount Allison, Elizabeth Wells a signé l’ouvrage The Organized Academic.

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