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Responsabilités potentielles

Explorer les possibilités de carrière bien avant la fin des études

Exposer les étudiants suffisamment tôt aux divers débouchés professionnels dans leur domaine d’études pourrait les rassurer.

par DERRICK E. RANCOURT | 03 MAI 19

Soixante-dix pour cent des diplômés universitaires occupent un emploi hors de leur champ d’études (en anglais). Trop nombreux sont ceux qui saisissent la première occasion qui se présente sans chercher à trouver un poste qui les intéresse vraiment. L’absence de plaisir au travail peut entraîner entre autres le désengagement, la baisse de productivité, l’abus d’alcool ou d’autres drogues et des troubles de santé mentale. Or, les universités devraient agir pour atténuer cet important problème sociétal en montrant aux étudiants comment mettre à profit leurs acquis en embrassant une carrière intéressante.

La concurrence étant de plus en plus forte sur le marché du travail, la génération du millénaire commence à remettre en question l’idée reçue selon laquelle l’université mène nécessairement à une carrière satisfaisante. Au Canada, le sous-emploi après les études supérieures occasionne de plus en plus d’anxiété et de dépression chez les étudiants (en anglais), qui ont l’impression d’avoir peu d’influence sur leur avenir. Or, les exposer rapidement aux possibilités de carrière dans leur champ d’études pourrait les aider à puiser dans un solide lieu de contrôle.

Les services d’orientation optionnels ne sont malheureusement pas suffisants; peu d’étudiants y ont véritablement recours. La plupart commencent à explorer les possibilités sur le tard, à leurs périls. Cet échec en matière d’orientation est renforcé par des mythes comme celui voulant que la carrière succède aux études. En réalité, la transition entre études et carrière devrait se faire dans les deux sens, dans un processus de perfectionnement continu.

Une nouvelle étude indique qu’une des stratégies les plus productives qu’un professeur puisse adopter avec ses étudiants est de discuter avec eux de leurs intérêts professionnels (en anglais). C’est effectivement une bonne façon d’entamer la conversation sur l’orientation de carrière. Toutefois, pour de nombreuses raisons, ce n’est pas suffisant. Les étudiants (et les professeurs) ne sont peut-être pas au courant de toutes les carrières qui s’offrent à eux. Ils peuvent simplement ne pas être suffisamment informés, mais l’université peut également limiter leur perspective. C’est aux étudiants de prendre en main leur propre avenir professionnel, ce qui passe par la visite de sites d’emploi, l’examen de listes de carrières et la lecture de blogues portant sur l’emploi. Ils doivent également penser à la manière dont leurs compétences pourraient être utiles dans diverses organisations, et même divers secteurs.

Si les professeurs ne sont pas des spécialistes de l’orientation, ils sont en enseignement. Or, dans l’avenir, éducation et carrière promettent d’être inextricablement liées. C’est pourquoi ils doivent être mieux renseignés sur les possibilités de carrière qui s’offrent à leurs étudiants. Ce qui signifie non seulement être au courant des emplois techniques en entreprise, mais aussi d’être au fait des nombreux postes qui existent dans les secteurs commercial, réglementaire et financier. Ce type de travail tire parti de l’expertise de leur champ d’études tout en faisant appel à des compétences professionnelles comme la communication, la pensée critique, la gestion de projet, le travail d’équipe, etc. – des aptitudes qui peuvent toutes contribuer à l’essor d’une carrière stimulante.

Les étudiants, pour leur part, devront approfondir leurs recherches. Au sein de l’économie du savoir, les entreprises et les emplois sont en constante évolution. Quatre-vingt-cinq pour cent des emplois qui existeront en 2030 (en anglais) nous sont encore inconnus. Détenteurs des connaissances les plus récentes, les étudiants devront créer leur propre cheminement de carrière ou explorer un créneau émergent. Prévoir l’avenir est primordial. Afin de trouver l’emploi rêvé, ils devront maîtriser la planification stratégique et l’analyse environnementale, des capacités de recherche qu’ils ont acquises durant leurs études. Ces créneaux ne s’organisent pas du jour au lendemain. D’où l’importance de conseiller aux étudiants de commencer leurs recherches le plus tôt possible.

L’analyse PEST (politique, économique, sociale et technologique) peut aider à évaluer le marché. Important outil stratégique, cette analyse permet de déterminer les occasions et les risques à venir. Les technologies dites « perturbatrices » (comme l’intelligence artificielle et l’automatisation) bouleversent les chaînes de valeur existantes et offrent de nouveaux débouchés. Elles créent aussi de nouveaux emplois pour les personnes bien informées. De nombreux facteurs autres que techniques peuvent aussi avoir une influence sur les intérêts professionnels. Il ne faut pas oublier que les occasions ne pourront être saisies que par ceux qui s’y seront préparés.

L’entrevue est l’une des meilleures méthodes pour explorer les possibilités de carrière. Dans les cours que je donne au premier cycle et aux cycles supérieurs, je demande aux étudiants d’interviewer un professionnel actif dans un champ qui les intéresse. Ce devoir les aide à acquérir une compréhension de l’emploi visé, de son évolution et de la manière de se préparer pour occuper un tel emploi. Il permet aux étudiants de connaître les points positifs et les points négatifs d’un milieu professionnel et de décider ensuite s’ils veulent s’engager dans cette voie. Cette technique de réseautage leur apprend aussi que la plupart des professionnels se montrent généreux de leur temps. Elle encourage le perfectionnement des étudiants en les aidant à acquérir des compétences tacites et à se projeter dans un emploi en particulier.

En montrant aux étudiants comment explorer des carrières correspondant à leur champ d’études, les universités peuvent donc les aider à échapper au sentiment d’impuissance qui les habite et à prendre en main leur formation.

Derrick Rancourt est biologiste spécialiste des cellules souches et professeur à la Cumming School of Medicine de l’Université de Calgary. Entrepreneur scientifique, il est directeur du Centre for Genome Engineering de l’Alberta. M. Rancourt donne des cours sur les affaires et le perfectionnement professionnel dans le domaine des biotechnologies, et siège à l’Alberta Council of Technologies.

À PROPOS DERRICK E. RANCOURT
Derrick Rancourt est biologiste spécialiste des cellules souches et professeur à l’École de médecine Cumming de l’Université de Calgary. Scientifique à l’esprit entrepreneurial, il est directeur du Centre de génie génomique de l’Alberta. M. Rancourt donne des cours sur les affaires et le perfectionnement professionnel dans le domaine des biotechnologies et siège au Conseil des technologies de l’Alberta.
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