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Responsabilités potentielles

Les détails à garder en tête lors de la négociation d’une offre d’emploi

Vous devez réfléchir à plusieurs points avant que vous ne signiez pour un poste professoral.

par REINHART REITHMEIER & EMMANUELLE ARNAUD | 26 MAR 24

Ce billet est inspiré d’un échange entre Emmanuelle et Reinhart à l’occasion du Symposium canadien sur les carrières du Réseau pour le perfectionnement aux études supérieures et postdoctorales, lors duquel Reinhart avait proposé des conseils sur le processus de négociation lors d’une offre de poste professoral.

Félicitations! Vous avez reçu une offre de poste professoral menant à la permanence au sein d’un département d’une université canadienne. Vous envisagez avec joie l’idée d’amorcer votre carrière comme chercheur ou chercheuse indépendant.e et d’enseigner votre discipline au premier cycle et aux cycles supérieurs. La direction du département vous a fait parvenir une lettre d’offre. Il s’agit généralement d’une lettre rédigée à partir de gabarits standards conçus par le service des ressources humaines, approuvés par l’administration de l’établissement et ses associations professorales. Cela ne vous empêche pas de négocier. N’oubliez pas que votre candidature s’est distinguée, ce qui signifie que vous êtes en bonne posture. Voici différents points auxquels vous devriez penser avant de signer ou d’accepter l’offre d’emploi.

Date de début du contrat : typiquement, les contrats débutent le 1er juillet, de façon à offrir à la nouvelle recrue du temps pour préparer les cours de l’automne. Il ne s’agit pas d’une date figée dans le béton, mais, en général, on s’attend à une arrivée sur place dans les six mois. Vous aurez une date limite pour signifier votre acceptation ou non de l’offre d’emploi; cette échéance peut parfois être légèrement repoussée si vous évaluez d’autres offres. Les offres doivent généralement être approuvées par l’administration (doyen.ne ou autre), alors les négociations peuvent s’étendre sur plusieurs semaines.

Rémunération : dans les universités, le salaire est fixé par les associations professorales et l’établissement. Une échelle salariale initiale est généralement préétablie en fonction de l’année d’obtention du doctorat. Les études postdoctorales, les charges de cours et les autres activités rémunérées sont toutes calculées dans votre expérience de travail.

Avantages sociaux : les formules d’avantages sociaux proposées sont généralement standards, mais vous devriez examiner les possibilités; un régime de retraite, une assurance-maladie complémentaire et une assurance-vie sont généralement offerts. N’oubliez pas que vous devrez cotiser à ces régimes en partenariat avec l’université.

Type de poste offert : on propose généralement aux nouvelles personnes un poste de professeur.e adjoint.e menant à la permanence, dans lequel elles auront à consacrer 80 pour cent de leur temps de travail aux activités de recherche et à l’enseignement à parts égales, et 20 pour cent de leur temps au service à l’établissement. On voit aussi de plus en plus de postes de chargé.e de cours ou qui sont axés sur l’enseignement (60 à 80 pour cent de la charge de travail). Il s’agit parfois de postes à temps partiel, un avantage pour certaines personnes qui cherchent la conciliation travail-famille. Les contrats à durée déterminée de un à cinq ans ne mènent pas à la permanence, mais offrent la chance d’accumuler de l’expérience et, généralement, de faire des demandes de financement aux trois grands organismes subventionnaires fédéraux. Même les postes menant à la permanence sont souvent eux aussi encadrés par un contrat initial renouvelable à durée déterminée de trois ans. La permanence devient généralement possible après cinq à sept ans de travail. Si vous avez déjà travaillé comme professeur.e pendant au moins cinq ans, on devrait vous offrir un poste de professeur.e agrégé.e, mais certains établissements s’en tiennent à leur propre procédure menant à la permanence. Étant donné que la retraite n’est plus obligatoire au Canada, lorsque vous obtenez la permanence, vous pourrez garder votre emploi toute votre vie!

Charge d’enseignement : dans la plupart des établissements, la charge d’enseignement des professeur.e.s est encadrée. Dans la branche des arts et des sciences, on s’attend à environ 100 heures d’enseignement par année au premier cycle et aux cycles supérieurs. En médecine, la charge est généralement moindre. On s’attend aussi à ce que vous supervisiez des étudiant.e.s aux cycles supérieurs et des chercheurs postdoctoraux et chercheuses postdoctorales dans le cadre de programmes de recherche. Vous pouvez demander une charge d’enseignement réduite la première année ou proposer votre candidature pour une bourse salariale comme celle des chaires de recherche du Canada, ce qui diminuera la charge de travail enseignante.

Financement pour les étudiant.e.s aux cycles supérieurs : le travail de recherche des étudiant.e.s aux cycles supérieurs représente la majorité des activités de recherche des établissements, qui leur versent donc une compensation monétaire. Vous pouvez négocier avec le département un budget pour cette compensation ou pour l’embauche d’auxiliaires d’enseignement, ce qui vous aidera à recruter dans votre programme de recherche.

Bureau et laboratoire : voilà un point important à considérer dans vos négociations. Votre bureau sera-t-il près de celui d’un.e collègue estimé.e? Aurez-vous l’espace requis dans votre laboratoire de recherche pour faire grandir votre équipe? Aurez-vous à faire des mises à niveau importantes? Aurez-vous accès à du matériel spécialisé? Tout cela sera-t-il financé par l’établissement?

Fonds de démarrage : vous aurez à dresser un budget pour vos fonds de démarrage, dont le montant peut être considérable si vous lancez une nouvelle unité de recherche. La Fondation canadienne pour l’innovation finance les établissements universitaires pour appuyer la recherche, notamment par l’acquisition de matériel dispendieux. Même sans unité de recherche, vous pouvez demander du financement qui servira à préparer votre bureau, à acquérir un ordinateur pour enseigner, à payer vos droits d’adhésion à une association professionnelle, à compenser financièrement votre première recrue étudiant aux cycles supérieurs ou encore un.e auxiliaire de recherche pendant l’été, à rembourser vos frais de déplacement pour assister à des conférences ou pour aller sur le terrain pour vos recherches, à acquérir de l’équipement… bref, tout ce qui soutiendra votre transition pendant la première année en attendant d’obtenir une première subvention.

Frais de déménagement et d’hébergement : l’établissement devrait financer la totalité des frais que vous encourez pour relocaliser votre famille. Certaines universités offrent des prêts-subventions pour l’achat d’une propriété, ou vous donnent accès à des logements subventionnés. N’oubliez pas de vous informer à propos du service de permanence, s’il y a lieu. Les places sont souvent restreintes et longues à obtenir.

Embauche de votre conjoint.e : plusieurs universitaires sont en couple avec une personne qui travaille elle aussi dans le milieu de l’enseignement supérieur. Les établissements tentent souvent de trouver un poste qui convient à votre conjoint.e, mais il s’agit parfois de modalités contractuelles.

Pour conclure : assurez-vous que la lettre d’offre vous donne les moyens de réussir. Après la signature, vous ne serez plus en bonne posture pour négocier et il vous sera difficile de revenir sur votre entente. Vérifiez donc également que ce dont vous avez convenu en lien avec les points plus haut a été consigné en détail par écrit. Certains aspects négociés pourraient prendre du temps à mettre en place (ex. : mise à niveau d’un laboratoire) ou porter sur une période donnée (ex. : réduction de la charge d’enseignement). En gardant une trace écrite de votre entente, vous vous assurez de sa bonne réalisation peu importe les changements de direction.

À PROPOS REINHART REITHMEIER & EMMANUELLE ARNAUD
Reinhart Reithmeier est professeur émérite au Département de biochimie de l’Université de Toronto, dont il fut le directeur et où il a été conseiller spécial en développement de carrière et de leadership pour l’École des études supérieures. Emmanuelle Arnaud est professeure à l’École des sciences environnementales de l’Université de Guelph, où elle est également doyenne adjointe du Collège d’agriculture de l’Ontario (études supérieures).
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